Trois femmes ont été verbalisées à hauteur de 38 € depuis l’arrêté municipal adopté par la mairie (LR) de Cannes interdisant le port du burkini sur les plages. D’autres ont été contrôlées parce que trop vêtues. Plusieurs villes ont décidé d’adopter les mêmes mesures.
Trois femmes ont été verbalisées le week-end dernier sur les plages de Cannes, qui a interdit le port de ces tenues de bain couvrantes, rapporte le Parisien/Aujourd'hui en France dans son édition de mercredi.
Les trois femmes, âgées de 29, 32 et 57 ans, ont dû s'acquitter d'une amende de 38 euros lors du week-end du 15 août, a indiqué le cabinet du maire LR David Lisnard au quotidien.
Des femmes qui se baignaient couvertes rappelées à l'ordre
Six autres femmes se baignant en étant couvertes ont également été rappelées à l'ordre, sans être verbalisées, et "ont quitté la plage sans faire de difficulté", a-t-on précisé de même source au journal.En pleine polémique sur le burkini, plusieurs mairies côtières de France, de Corse jusqu'au Pas-de-Calais, ont pris des arrêtés pour interdire ce type de tenue de plage couvrant le corps et la tête des femmes, parfois même sans avoir constaté son usage.
La mairie de Cannes est la première cet été à s'être opposée, le 27 juillet, à "une tenue de plage manifestant de manière ostentatoire une appartenance religieuse, alors que la France et les lieux de culte religieux sont actuellement la cible d'attaques terroristes". Mandelieu-la-Napoule, voisine de Cannes, avait pris en toute discrétion un arrêté similaire dès juillet 2013, "à partir de faits constatés", selon le service communication de la ville. Celui-ci a été copié textuellement par les autres mairies sur sa définition des tenues interdites.
D'autres communes suivent
L'accès aux plages y est "interdit à toute personne n'ayant pas une tenue correcte, respectueuse des bonnes moeurs et de la laïcité". Après avoir été débouté par le tribunal administratif de Nice, le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) attend une décision du Conseil d'Etat sur la légalité de l'arrêté de Cannes, qu'il conteste.Au Nord, le député-maire LR du Touquet (Pas-de-Calais), Daniel Fasquelle, a annoncé vouloir copier ces initiatives tout en admettant "il n'y a pas de burkini pour le moment au Touquet". Tout comme Michel Py, le maire LR de Leucate (Aude), qui
s'apprêtait mardi à signer un arrêté interdisant le "burkini" dans les stations de la commune languedocienne, soit Leucate-plage et La Franqui.
"Opportunisme politique"
A Sisco, en Haute-Corse, Ange-Pierre Vivoni (PS) a réuni en urgence son conseil municipal dimanche soir après de graves altercations sur une plage de sa commune, qui auraient éclaté, selon certains témoins, alors que des baigneuses en "burkini"étaient prises en photo par des touristes, ce que l'enquête judiciaire n'a pas permis de confirmer ni d'infirmer jusqu'ici.
Ange-Pierre Vivoni assure vouloir "protéger la population et notamment la population musulmane, car je pense qu'ils sont les premières victimes de ces provocations extrémistes". Pour lui, le "burkini" est "un effet de mode qu'on voit sur toutes
les plages en Corse".
Un autre maire socialiste, à Oye-Plage dans le Pas-de-Calais, a annoncé mardi vouloir prendre la même décision après avoir croisé dimanche une femme qui se rendait sur le bord de mer "en cape intégrale, gantée: on ne voyait ni son visage ni ses
yeux".
L'arrêté de Mandelieu-la-Napoule, le plus ancien, a été copié textuellement par les autres mairies sur sa définition des tenues interdites. L'accès aux plages y est "interdit à toute personne n'ayant pas une tenue correcte, respectueuse des
bonnes moeurs et de la laïcité". Une définition floue, qui ne vise pas seulement le "burkini" selon l'avocat du collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), Sefen Guez Guez. "Une simple maman voilée sur la plage peut se faire verbaliser", craint-il, dénonçant "une réaction d'opportunisme politique à l'approche de primaires pour 2017".