L'ONG Robin des Bois a accusé lundi une maison de ventes aux enchères cannoise de chercher à contourner les nouvelles règles françaises sur la réexportation d'ivoire brut, une présentation réfutée par la direction de Cannes Enchères.
A l'instar de trois pays européens (Allemagne, Suède et Royaume-Uni), la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal avait décidé fin janvier de suspendre la délivrance par la France de certificats de réexportation d'ivoire brut ou de morceaux d'ivoire non travaillés. Elle avait convié de nombreuses ONG à cette annonce autour d'une table ronde.
Lutte contre le braconnage et préservation des... par FranceEcologieEnergieCannes Enchères, qui se présente comme le numéro un mondial de vente d'ivoire, a programmé la vente d'une demi-tonne de défenses d'éléphants le 7 mars.
Dans un communiqué publié lundi, l'association Robin des Bois accuse la maison de vente de vouloir "contourner la décision française" en allant chercher des certificats de réexportation en Belgique.
Si besoin, les défenses de la prochaine vente cannoise seront envoyées en Belgique pour obtenir des certificats de réexportation hors UE délivrées par les autorités belges. Les acquéreurs seront ensuite livrés par une société bruxelloise spécialisée dans la logistique et les formalités douanières, décrit l'ONG, qui demande au ministère de l'Ecologie de s'opposer à un tel circuit.
Alexandre Debussy, directeur associé de Cannes Enchères, s'est déclaré "surpris" par l'accusation, en notant que les défenses vendues très légalement pouvaient librement circuler en Europe.
Rien n'empêche les acheteurs étrangers, presque exclusivement des Chinois, d'aller en Belgique ou un autre pays européen pour obtenir un certificat de réexportation, qui n'est désormais plus délivré par la France, a-t-il expliqué à l'AFP, en indiquant s'être effectivement renseigné en Belgique.
Reportage Felix Emmanuel, CASABIANCA Pierre Olivier et David Christine :
Le passé colonial sort des greniers
En raison du passé colonial de leurs pays, beaucoup de Français ou de Belges détiennent des défenses d'éléphants. "Si on vendait tout ce qu'il y a dans les greniers, il n'y aurait plus de braconnage d'éléphants. La France fait ce qu'il ne faut pas. Cela peut renforcer le marché noir", estime M. Debussy.
"Cannes Enchères participe activement à la lutte contre le braconnage et vend en stricte conformité avec la réglementation européenne", indique sur son site internet la maison de vente, qui a mis aux enchères l'an dernier 277 défenses d'éléphants pour un montant d'environ 2,5 millions d'euros.
Un moratoire sur les ventes d'ivoire à l'international a été décrété en 1989. Mais pour des objets importés avant 1976, des dérogations très encadrées au règlement de la Convention internationale sur le commerce des espèces protégées (Cites ou Convention de Washington) sont possibles, notamment au sein de l'Union européenne.
(Avec AFP)