"Il n'y a pas un jour où je n'y pense pas et ça m'a détruit": jugé depuis lundi, cette fois en révision, pour le viol de son petit-fils Gabriel, Christian Iacono s'effondre devant les assises du Rhône, sans accabler celui qui s'est rétracté après l'avoir fait condamner deux fois.
Dans son costume gris anthracite élégant, cheveux blancs coupés court, Christian Iacono s'exprime avec aisance devant la cour, habitué en tant qu'ancien maire de Vence (Alpes-Maritimes) à s'adresser au public. Mais sans forfanterie. Sa voix vacille et chevrote subitement quand le président Dominique Brejoux lui demande de parler de son petit-fils et des accusations de viols que celui-ci a maintenues 11 années durant.
"Ce n'est pas possible"
"Ma première réaction a été de dire "ils sont fous, ce n'est pas possible", relate le grand-père Iacono, aujourd'hui âgé de 80 ans. L'ancien médecin radiologue né à Constantine, en Algérie, qui a brillamment réussi en montant plusieurs cabinets de radiologie dans la région de Cagnes-sur-Mer "maintient, exactement les propos tenus depuis ce 10 juillet 2000": "je n'ai jamais eu d'acte ou de pensée, ni même l'idée de toucher un enfant", répète-t-il, la voix tremblante."Il n'y a pas une nuit ou un jour sans que j'y pense, ça m'a détruit",
ajoute celui qui a déjà passé seize mois sous les verrous en quatre séjours, avant sa libération en avril 2012.
"J'ai un respect énorme pour les enfants, j'en ai soigné qui avaient des cancers et je n'ai pas pu rester, je ne supporte pas de voir un enfant souffrir, dans cette affaire on m'a touché au plus profond de moi-même", souffle encore cet homme brisé.
Mais dans sa voix, "on" ne désigne pas directement son petit fils Gabriel, présent sur le rang des parties civiles. Le jeune homme de 24 ans, jeans bleu et t-shirt noir, garde la tête baissée.
Il a réitéré son souhait lundi que son grand-père "soit le plus proprement blanchi".
Lorsque Gabriel avait lancé ses accusations, à l'âge de 9 ans et demi, il était "très perturbé" selon son grand-père et selon des témoins, notamment à cause du divorce de ses parents.
Le grand-père reprochait alors à son fils une éducation trop dure vis-à-vis de Gabriel, ponctuée, selon ses dires, de violences et de brimades sur fond d'appartenance des parents à une branche d'église réformée évangélique nommée Les Gédéons.
Regrets
Le fils de Christian Iacono vouait quant à lui de la "haine" à son père, allant jusqu'à lui interdire de voir Gabriel. Les grands-parents avaient eu recours à la justice pour avoir un droit de visite de leur petit-fils. "Ce que je regrette aujourd'hui", confie l'accusé devant les assises.C'est lors de séjours entre 1996 et 1998 dans la villa de Christian Iacono, à Vence, alors que l'enfant avait entre cinq et huit ans, que les viols étaient censés avoir eu lieu.
"Instrumentalisé"
"Vous pensez que votre petit-fils a été instrumentalisé pour porter ces accusations?" interroge le président. "Non, je ne crois pas, je pense qu'il a été influencé", tempère Christian Iacono, qui évoque l'entourage de son petit-fils et le fait que la parole de l'enfant n'ait jamais été vraiment libre, selon lui. Il ne comprend pas d'"où vient cette haine du père à ce point", en parlant de son propre fils, Philippe, qui sera entendu comme témoin mardi soir.Appelé à la barre, André Roy, "enquêteur de personnalité", résume avoir interrogé 34 personnes à l'époque des "révélations", en 2000. "Christian Iacono est décrit comme une personne appréciée, respectée et admirée", d'une "intelligence brillante", et qui forçait l'"admiration", tant de ses administrés que des 40 employés de ses cabinets de radiologie.
"C'est donc un concert d'éloges?" demande Me Gérard Baudoux, l'un des deux avocats de Christian Iacono. "On peut le voir comme ça", répond l'expert.