Sous surveillance renforcée en France à partir de ce 1er mai, le moustique tigre est responsable de nombreuses nuisances, mais aussi de maladies graves. C'est dans les Alpes-Maritimes qu'il est arrivé en 2004.
Pattes et corps zébrés, tempérament agressif en pleine journée, vol silencieux, pas de doute, le moustique avec lequel vous êtes en train de vous battre est bien un moustique tigre.
L'insecte, qui peut transporter et transmettre le virus de la dengue, du chikungunya ou du Zika, est aujourd'hui présent dans 71 départements métropolitains selon le ministère de la Santé. Si bien qu'en 2022, en plus des cas de maladie importés, on a dénombré 65 cas autochtones de dengue, tous dans le Sud-Est de la France. Un seul foyer, localisé à Saint-Jeannet (Alpes-Maritimes) a causé 34 cas entre début août et fin septembre 2022.
L'installation en France métropolitaine de l'Aedes albopictus, originaire des forêts tropicales d'Asie du Sud-Est, paraît, avec le recul, inéluctable.
Dans une cargaison de pneus à Gênes en Italie
Si l'on invoque souvent le réchauffement climatique pour expliquer son expansion, là n'est pas la seule raison. Le moustique tigre possède également une très forte capacité d'adaptation à de nouveaux environnements, moins humides, plus tempérés que son foyer d'origine.
C'est ainsi que depuis la fin des années 1970, l'Aedes albopictus est parti à la conquête de la planète : Amérique, Afrique, Europe.
Observé pour la première fois en Italie, à Gênes, dans un lot de pneus usagés importés, il n'avait plus qu'un saut de... puce à faire pour se retrouver dans les Alpes-Maritimes où sa présence est officiellement constatée en 2004.
Pour autant, ce n'est que deux en plus tard, en mars 2006, que l'on commence à s'inquiéter des conséquences sanitaires de sa présence. On craint notamment une épidémie de chikungunya à l'image de ce qu'il se passe à la même époque sur l'île de la Réunion. Message officiel dans les Alpes-Maritimes : "ne pas céder à la psychose". En témoigne ce reportage du 10 mars 2006 sur France 3 Côte d'Azur :
En 10 ans, il s'était suffisemment adapté pour être installé dans 20 départements du Sud-Est, et son expansion n'a fait que s'accélérer depuis.
Insecte sous surveillance renforcée
Cette année à partir du 1er mai, et jusqu'au 30 novembre, soit pendant sa principale période d'activité, les autorités sanitaires placent donc le moustique tigre sous "surveillance renforcée" dans toute la France.
Concrètement, sa présence et son expansion vont être scrutées, en mettant la population à contribution. Un site dédié au signalement du moustique tigre a été mis en place. Sur la Côte d'Azur en tout cas, son observation ne constituera en rien une surprise...
Ensuite, des messages de sensibilisation vont se multiplier. Mieux connaitre le comportement du moustique, c'est mieux savoir comment mener la lutte.
Enfin, les informations récoltées sur ses zônes de présence permettront le cas échéant aux autorités de déclencher d'éventuelles opérations de démoustication.
Comment s'en protéger ?
Contre le moustique tigre, la meilleure protection est la prévention.
Coordonnée par l'Agence régionale de santé (ARS) PACA, cette lutte passe tout d'abord par une vigilance de chacun d'entre nous : il s'agit de détruire tous les gîtes des larves. Selon l'ARS, "80 des gîtes se trouvent dans nos jardins ou nos terrasses".
Il s'agit donc d'éradiquer méthodiquement toutes les eaux stagnantes dans les coupelles, bassins ou... vieux pneus, dans lesquels le moustique pond ses oeufs.
Faute d'habitat, les larves ne pourront se développer pour se transformer en adultes piqueurs. S'il est bien trop tard pour éradiquer le moustique tigre de la région, il est toujours possible de limiter sa population et ses nuisances.