Depuis le mois d'août, 21 cas de dengue autochtones ont été signalés dans les Alpes-Maritimes. La maladie ne vient pas d'un patient qui aurait voyagé, mais directement de moustiques présents sur le territoire, signe que la région se tropicalise.
Quatorze nouveaux cas de dengue ont été signalés, indique l'ARS (l'agence régionale de santé). Le premier malade de cette série a été identifié le 23 août. Il s'agissait déjà d'un cas autochtone. C'est-à-dire : "une personne qui a contracté la maladie sur le territoire national et qui n'a pas voyagé en zone contaminée dans les 15 jours précédant l'apparition de symptômes" détaille l'ARS.
Ce premier cas a été détecté à Saint-Jeannet, dans les Alpes-Maritimes.
Les 14 nouveaux cas ont été recensés au sud de cette commune, à Gattières, mais aussi à La Gaude. Au total, les Alpes-Maritimes dénombrent 21 personnes atteintes de la dengue.
La dengue qui existait en Europe au début du siècle réapparaît sur des foyers limités. Ça fait quelques années qu'on a ces foyers. L'inquiétude est seulement pour l'instant de dépister les cas et de limiter la prolifération des moustiques.
Professeur Michel Carlès, infectiologue au CHU de Nice
Dans la région, on va sûrement devoir s'habituer à vivre avec la dengue.
Contaminations autochtones
L'ARS rapporte que presque tous ces malades ont été identifiés "soit à la suite de sensibilisation des professionnels de santé des zones investiguées, soit dans le cadre des enquêtes en porte-à-porte menées par l'Agence régionale de santé Provence-Alpes-Côte d'Azur, Santé Publique France et l'Entente interdépartementale de démoustification EID".
La dengue a contaminé des locaux. Elle "se transmet de personne à personne par l'intermédiaire de la piqûre d'un moustique infecté par le virus de la dengue (moustique tigre en métropole)" précise l'ARS. Il y a donc des moustiques tigres porteurs de dingue dans les Alpes-Maritimes.
Or, cette infection sévit normalement, "majoritairement en zone tropicale", toujours d'après l'ARS. En France, elle touche principalement les Antilles, la Guyane, Mayotte ou encore l'île de le Réunion. Le climat de la Côte d'Azur est donc propice à l'évolution de cette espèce, il devient de plus en plus tropical.
Au total, désormais, la moitié de la population mondiale vit dans des zones à risque de dengue.
Démoustication : seule solution
La seule solution pour venir à bout de cette infection est la démoustification. Les interventions continuent dans les Alpes-Maritimes. Elles sont menées par l'EID (l'entente interdépartementale de démoustication). "Des actions d'information et de sensibilisation du public et des professionnels de santé sont en cours" rapporte l'ARS.
Elles visent à identifier d'éventuels nouveaux cas et à rappeler les gestes de prévention, à savoir se protéger des piqûres de moustiques donc, en éliminant tout ce qui peut contenir de l'eau.
Sur son compte Twitter, l'EID rappelle "80% des gîtes de moustiques tigres se trouvent dans les espaces privés".
Il faut donc :
- Vider, ranger ou éliminer tout récipient pouvant contenir de l'eau, propre ou sale
- Couvrir de façon hermétique ou à l'aide d'un voilage moustiquaire fin toutes réserves d'eau, petite ou grande
- Jeter tous les objets abandonnés dans son jardin ou sur sa terrasse (lieux propice à la ponte)
- Nettoyer régulièrement les siphons, les bondes d'évacuation, les gouttières, etc. pour le bon écoulement des eaux
- Ranger autant que possible à l'abri de la pluie les outils de jardinage, pneumatiques, jouets, etc.
- Éviter les dépôts sauvages de déchets
- Entretenir régulièrement son jardin pour réduire les sources d'humidité (gîte de repos des moustiques)
En cas d'apparition de symptômes, il faut consulter son médecin.
Se protéger des piqûres
Pour se protéger des piqûres de moustiques, l'ARS recommande d'utiliser :
- Du répulsif cutané, conseillé par un pharmacien, à appliquer sur les zones de peau découvertes
- Des vêtements couvrants et amples, voire imprégnés d'insecticides pour tissus
- Des grillages-moustiquaires sur les ouvertures (portes et fenêtres), si nécessaire
- Des moustiquaires à berceau pour les nouveau-nés
- Des diffuseurs électriques à l'intérieur des habitations
- Des serpentins insecticides uniquement en extérieur
- Des climatiseurs ou ventilateurs qui gênent les moustiques
En cas d'apparition de symptômes, il faut consulter son médecin.
Les symptômes
Dans la grande majorité des cas, la dengue est "très bénigne, voire asymptomatique dans plus de 50% des cas" développe le professeur Michel Carlès, infectiologue au CHU de Nice. Et d'ajouter : "s'il y a des symptômes, c'est surtout un état grippal avec des douleurs articulaires, potentiellement des douleurs rétro-orbitaires et de temps en temps une rage cutané. Tous ces symptômes doivent conduire à consulter même si on n’est pas sévèrement malade".
L'ARS liste les symptômes évocateurs :
- Forte fièvre d'apparition brutale
- Douleurs musculaires ou articulaires
- Douleurs oculaires
- Fatigue, maux de tête
La transmission du virus au moustique se produit lorsqu'un malade est piqué durant les premiers jours de la maladie et jusqu'au 7e jour après le début des signes.
Dans les Alpes-Maritimes, les tous premiers cas de dengue sont apparus en 2004.