Chaleur, eaux stagnantes et beau temps… C’est le cocktail préféré du moustique tigre. Les conditions climatiques sont favorables à sa croissance pour l'insecte qui peut transmettre à l’homme la dengue, le chikungunya et le Zika. Quels sont les actes de prévention à mener contre sa prolifération ?
L’Aedes albopictus n’est pas une locution latine, mais bien le nom savant du moustique tigre. Avec le printemps, et la hausse des températures, sa population se reproduit très rapidement à la faveur d’endroits où l’eau stagnante permet aux larves d’éclore.
Sa présence dans les Alpes-Maritimes est importante, il y a été repéré dès 2004.
L'Agence régionale de santé fait savoir qu'en PACA, "plus de 62 % des communes sont colonisées par le moustique tigre et 97 % de la population vit à son contact".
Elle a d'ailleurs appelé le public à la vigilance, via les réseaux sociaux, et à prendre des mesures de précaution pour éviter la prolifération de l'insecte.
Le ministère des Solidarités et de la santé a d'ailleurs réactivé son plan national anti-dissémination ce 1er mai, comme chaque année, pour lutter contre
- la dengue,
- le chikungunya
- le Zika ces maladies transmises par le fameux moustique.
Comment lutter ?
L'Entente interdépartementale pour la démoustication du littoral méditerranéen (EID) est spécialisée dans ces missions de lutte contre ce nuisible, et mandaté depuis 2 ans par l'ARS pour intervenir sur les foyers où les cas de dengue, par exemple, sont avérés par l'agence.
Ce sont les départements du sud de la France, sur l'arc littoral, qui sont les plus propices à la prolifération de cette espèce de moustique. Au total en France métropolitaine, plus de 60 départements ont identifié sa présence.
L'EID possède notamment un bureau dans le Var, à Roquebrune-sur-Argens.
Depuis 2020, nous sommes mandatés par l'ARS pour répondre aux actions de santé publique concernant le moustique tigre
explique Jean-Claude Mouret de l'EID.
Il complète : "cela consiste à faire des enquêtes entomologiques, à faire le cas échéant des traitements de lutte antivectorielle, et cela consiste à surveiller, sur des sites prédéfinis établis par l'ARS, la présence ou l'installation de ces moustiques."
L'EID, qui opère sur le terrain à la demande de l'ARS, lorsque des cas sont détectés, se rend également sur place pour inspecter les lieux et chercher des traces du moustique tigre, ou des gîtes larvaires.
Un traitement chimique peut être alors appliqué, et de simples manipulations peuvent permettre de contre-carrer la reproduction de ces moustiques :
- Il suffit par exemple de vider les réceptacles d'eau stagnantes, même les plus petits
- ensabler certains points humides dans les jardins
- poser des pièges à moustique
- bâcher les réserves d'eau
- éliminer les déchets verts qui servent d'abri pour les moustiques adultes
"C'est bien chez les particuliers, sur nos balcons par exemple, que le moustique tigre se développe" concède Jean-Claude Mouret.
L'ennemi de l'intérieur
Le moustique tigre, contrairement à ce que l'on pourrait penser, n'est pas un grand prédateur. Il vole difficilement et ne se déplace guerre qu'au delà d'un rayon de 150 mètres.
En revanche, c'est un insecte urbain. Il s'établit où le moindre recoin d'eau stagnante lui permet l'éclosion de ses larves, que la femelle pond à proximité. Gouttières, pot de fleurs... les endroits où il peut proliférer sont nombreux.
Jean-Claude Mouret est coordinateur opérationnel de l'EID. Il confirme que le plus petit espace peut s'avérer utile pour ces moustiques afin d'y faire éclore leurs larves : "nous en avons déjà retrouvé dans un pneu retourné, même dans un capuchon de bouteille d'eau".
Vers une flambée des cas ?
Le moustique "est vecteur de maladies, appelées arboviroses, comme la dengue, le chikungunya et l’infection à virus Zika" rappelle l'ARS.
Son arrivée s'est surtout grâce au transport aérien et à l’afflux de passagers ayant été dans des pays tropicaux, mais les cas autochtones ne sont pas exclus.
Avec les restrictions sanitaires mises en place dès 2020, la baisse du trafic international a permis de limiter l’arrivée sur le territoire azuréen de potentielles personnes infectées. Une recrudescence des cas est possible dès ce printemps.
L'ARS explique que "le risque d’émergence de ces maladies est réel dans la région, comme en témoignent les différents épisodes de cas autochtones enregistrés depuis 2010 :
onze épisodes de dengue (31 cas), deux épisodes de chikungunya (19 cas) et un épisode de Zika (3 cas)."
Il est bien sûr possible de se prémunir des piqûres de moustiques, en utilisant des répulsifs appliqués sur la peau, en utilisant ventilateurs et climatisations, ou en utilisant des diffuseurs électriques d'intérieurs ou des serpentins insecticides.
Avec la région Occitanie, notre région fait partie des deux régions métropolitaines les plus exposées aux maladies vectorielles transmises par les moustiques.
Agence régionale de santé Paca
L'ARS Paca rappelle toutefois que "la dengue, le chikungunya et le Zika se propagent par l’intermédiaire du moustique tigre. Lors d’une piqûre, le moustique prélève le virus sur une personne infectée et après une période d’incubation, celui-ci est capable de transmettre le virus, à l’occasion d’une autre piqûre, à une personne saine."
En cas d'apparition d'une fièvre brutale, de douleurs oculaires, de maux de tête ou de courbatures, les recommandations sont simples, il suffit de consulter son médecin traitant, et de suivre ses précieux conseils.