20 résidents sont décédés et 31 établissement sont touchés par l'épidémie de coronavirus Covid-19 dans la région Provence Alpes Côte d'Azur, a annoncé mercredi l’Agence régionale de santé (ARS) de la région Sud-Est.

Alors que la circulation du coronavirus s'accélère en France, avec plus de 1.000 morts depuis le début de l'épidémie et un personnel soignant plus que jamais sous tension, c'est désormais la situation dramatique des Ehpad qui inquiète.

En Provence Alpes Côte d'Azur, 20 pensionnaires sont morts depuis le début de l'épidémie de nouveau coronavirus, a confirmé mercredi après-midi l'ARS, qui a recensé 31 établissements touchés sur les 600 Ehpad que compte la région. 

Un peu plus tôt dans la journée, le directeur de l'ARS Paca avait évoqué des cas positifs dans "une trentaine d’établissements (...) , d’un seul à quelques-uns, concernant en majorité des pensionnaires".

Dans une minorité de cas, "moins d'une dizaine", des cas positifs de Covid-19 ont été détectés chez des personnels soignants.

C'est dans le département des Alpes-Maritimes que se trouve le plus grand nombre d’établissements directement concernés, a précisé le directeur de l'ARS Paca. 

310.000 masques livrés aux Ehpad de la région

L'ARS précise que 310.000 masques du stock débloqué par l'Etat ce week-end ont été attribués aux établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes de Provence-Alpes-Côte d'Azur ce début de semaine.

L’Agence régionale de santé a diffusé un message aux personnels rappelant la nécessité de faire preuve d’une très grande rigueur. "On a un problème de risque de diffusion très rapide : dans un Ehpad il y a des allers-venues des personnels, des livreurs, il faut être très rigoureux", détaille Philippe De Mester.

Un point de situation quotidien sera désormais transmis par chaque établissement.

Dans le cadre de l’évolution de l’épidémie de COVID-19 sur le territoire, en phase épidémique, un protocole récapitulant l’ensemble des conduites à tenir a été adressé à l’ensemble des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes de la région par l'ARS. 

Dès qu’il y a un cas de suspicion, et à fortiori un cas avéré, un secteur de confinement préalablement repéré est mis en place, et les autres pensionnaires doivent tous rester confinés dans leur chambre. Ce secteur dédié va permettre de limiter les risques de contagion et de renforcer la surveillance des malades.

L’ARS rappelle également l’importance de respecter les mesures de prévention et de protection grâce aux gestes barrières :

·le lavage et la désinfection des mains ;
·le fait d’éviter les contacts physiques non indispensables ;
·le confinement du malade, dans des conditions clairement définies et strictement encadrées ;
·l’aération régulière des pièces ;
·la restriction des visites dans des conditions encadrées.

 

Des consignes difficiles, parfois éprouvantes

Huit jours après la fermeture totale aux visites des familles, les établissements s’appliquent à veiller scrupuleusement au respect des mesures de confinement, pour tenter d'échapper au pire. 

Les conditions d'application de ces consignes sont difficiles, parfois éprouvantes : les personnels doivent appliquer des règles strictes, d’autant plus strictes qu'ils circulent quotidiennement entre domicile et travail.

"En début de semaine j'ai pu récupérer des masques chirurgicaux au centre hospitalier de la ville, et quelques FFP2", explique la directrice de l'Ehpad Villa Bethanie, à Avignon.

L'établissement a déjà fait l’objet de mesures et d’adaptations : prise de température des personnels, port de surblouse, gants, masque.

"On a divisé par deux le nombre d’approvisionnements hebdomadaires en nourriture, plus volumineux par conséquent, afin de limiter contacts entre extérieur et intérieur de la résidence", précise Isabelle Caravella, directrice.

A ce jour, pas de confinement des 31 résidents dans leur propre chambre, envisagée si un cas était suspecté, mais la décision d'interdire l'accès aux visites extérieures a été prise dès le 9 mars, par mesure de précaution. 

"Au début, les résidents étaient presque contents de se retouver entre eux, tous se connaissent, mais les familles et intervenants extérieurs, professeur de gymnastique, animateur, commencent à leur manquer".

Pour le lien avec l'extérieur, "on a mis en place des systèmes d'appels videos avec les familles, très utilisés" explique la directrice de l'Epad.

Même système de lien avec les familles à la résidence Les Figuiers à Solliès-Pont, dans le Var. "Ces outils de communication vers l'extérieur permettent de conserver le lien, et c'est d'autant plus nécessaire que les patients sont confinés dans leur chambre depuis le 16 mars", explique une infirmière. 

L'organisation de l'établissement, qui accueille plus de 80 résidents, a aussi été revue pour que les équipes soient attribuées chacune à un seul étage, de façon à limiter les contacts.

Même chose à la résidence Marguerite, dans le 10ème arrondissement de Marseille qui héberge 65 patients. Une réunion quotidienne de l'équipe permet de répéter encore et encore les mesures sanitaires à appliquer et à renforcer :

"Dans cette période très dure, tout le monde ici doit être très vigilant. Chaque geste, chaque prise de décision peut avoir des conséquences", explique Claude Barro, la directrice de l'Ehpad marseillais.

Vers un confinement plus strict

Depuis plusieurs jours, les annonces de décès s'accélèrent, inquiétant familles et soignants.     

Le bilan est particulièrement cruel dans les maisons de retraite avec déjà 16 décès dans un établissement de Saint-Dizier (Haute-Marne), sept dans un Ehpad en Haute-Savoie, 20 dans un autre dans les Vosges. 

"En Ile-de-France, sur les 700 Ehpad, on sait qu'il y en a 100 à 150 qui pourraient être déjà touchés par le Covid-19", a estimé Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France sur franceinfo.

"Le premier rideau, ce sont les soignants, c'est eux qui font face à cette épidémie et au désarroi des patients et de leurs proches. Car le lien est coupé, il n'y a plus de visites".

"Pour les Ehpad qui n'ont pas encore mis en place de mesures barrières, il y a des risques de propagation considérables et des taux de mortalité qui peuvent être catastrophiques", prévient Gaël Durel, président de l'Association des médecins coordonateurs en Ehpad et du secteur médico-social (Mcoor),

Selon ce médecin estimant "30% des Ehpad" n'ont pas encore de confinement strict et deux choses sont nécessaires pour "éviter une hécatombe".

"L'isolement renforcé" de toutes les personnes suspectées de Covid-19, "avec usage d'un masque, d'une sur-blouse, d'une charlotte et de gants pour les personnels" et la possibilité de tester rapidement les résidents.
 
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