Chloroquine, dépistage du coronavirus, ce qu'il faut savoir sur le professeur Raoult qui déchaîne haine et passion

Qui est donc ce professeur Raoult qui prône le recours à la chloroquine comme remède au COVID 19 et aux dépistages massifs pour enrayer l'épidémie ? L'éminent infectiologue a autant de fervents défenseurs que de virulents détracteurs.

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Il faut bien l'avouer, hormis sa blouse blanche, rien dans son allure n'évoque au premier abord un expert mondial en maladies infectieuses. 

L'homme à la stature robuste avec ses longs cheveux blonds sans aprêt et sa bague en tête de mort au petit doigt, semble tout droit sorti d'un rassemblement de Bikers ou d'un concert de ZZ Top.

Entreprenant et anticonformiste

Pourtant, il est l'une des 12 éminences grises du conseil scientifique Covid-19 qui conseille le gouvernement. Depuis 1983 Didier Raoult consacre tout son temps à expérimenter des instruments de dépistage et de diagnostic sur des virus tropicaux. Et il a choisi de le faire à Marseille, non à Paris. Il y dirige l'Institut Hospitalo-Universitaire Méditerranée Infection.

Décrit comme un explorateur imaginatif, entreprenant, audacieux, le Marseillais est reconnu dans le monde comme l'un des meilleurs experts en matière de maladies infectieuses et tropicales. La prestigieuse revue "Nature" l'a classé parmi les 10 meilleurs chercheurs au monde, par le nombre de ses publications.

Précurseur de génie ou charlatan ?

N'en déplaise à ceux qui le regardent souvent de haut depuis la Capitale et que le professeur Raoult qualifie de "petits marquis parisiens". Ces derniers ne remettent pas forcément en cause ses compétences mais le patron de l'IHU-Méditerranée est plutôt du genre "électron libre" et cela dérange. Voire ça exaspère. Il en fait trop et trop vite. Lui affirme juste ne pas vouloir perdre de temps. Quand le 26 février, après le traitement de 24 patients à la chloroquine dans son institut, il déclare dans une vidéo rapidement virale la "fin de partie" contre le Covid-19, les critiques se déchaînent sur les plateaux télé. C'est "le traitement le moins cher et le plus simple pour traiter le Covid-19" claironne-t-il. On lui reproche de promettre un "remède miracle" qui relèverait de la croyance et non de la science. De là, à le traiter de charlatan...

Les autorités scientifiques veulent des preuves et pour l'heure, il n'y en a pas. Mais le professeur Raoult persiste et signe. Le 16 mars, il prône un dépistage massif pour contenir l'épidémie. Sans attendre des essais cliniques sur les effets indésirables de ce médicament, il propose des tests à tous les patients "fébriles" qui se présentent à son institut. Rapidement une foule se presse devant ses portes. Ses détracteurs l'accusent d'entretenir de faux espoirs.

Clash au sein du conseil scientifique

Au sein du conseil scientifique Covid-19, les désaccords se sont multipliés ces dernières semaines. Didier Raoult ne participe plus aux réunions. Le mardi 24 mars, il s'explique annonce sur son compte Twitter.

"Je suis en contact avec le Ministère et avec le Président de la République pour leur dire ce que je pense. Je reste en contact avec eux directement, car le conseil ne correspond pas à ce que je pense devoir être un conseil stratégique", écrit-il.

Classico scientifique

Mais le professeur a aussi de fervents supporters. Au premier rang, des politiques que le Covid-19 a attrappé en pleine campagne des Municipales. Christian Estrosi, Martine Vassal, mais aussi la députée Valérie Boyer. Ils ont fait confiance au Pr Raoult pour les soigner. 

Dans leur sillage, sept députés LR ont interpellé le président : "Serons-nous les derniers à nous décider à lutter efficacement contre la maladie ?".

Entre pro et anti, le match a des allures de classico. Rien d'étonnant qu'Eric Cantona se mette de la partie pour défendre le professeur marseillais quand il est attaqué.

"Il a eu un baccalauréat littéraire, et est parti deux ans dans la  marine, son père était médecin et aujourd’hui c’est l’un des plus grands chercheurs au monde. Il a trouvé le remède au virus. C’est un phénomène. Mais t’as les Parisiens avec leurs costumes cravates qui le traitent de charlatan. De charlatan alors qu’il fait partie des plus grands chercheurs au monde" s'énerve Cantona.

Marseillais d'adoption

L'infectiologue doit peut-être sa vocation à ce père militaire normand, spécialiste en nutrition tropicale, en poste à Dakar à sa naissance en 1952. La médecine ne s'impose pourtant pas comme un évidence. Le jeune Didier bourlingue un temps sur un navire marchand avant de rentrer passer son bac en candidat libre à 20 ans puis d'entreprendre des études de médecine. Ce sont en fait les seules études que son père accepte de financer.

Iconoclaste, le Professeur a fait ses preuves comme chercheur qui trouve, en identifiant plus de 100 microbes, notamment un virus géant, et des dizaines de bactéries pathogènes. Son équipe s'est imposée comme l'une des plus importantes dans la lutte contre les maladies infectieuses et tropicales. Une de nos équipes l'avait suivi en 2015 à la création de son "infectiopôle".En 2010, il reçoit le prestigieux grand prix de l’Inserm. Mais il se fâche huit ans plus tard avec le patron de l'institut, Yves Lévy, et époux d’Agnès Buzyn, qui a refusé d'accorder le label Inserm à ses recherches. Le même Inserm, à qui le pilotage des essais cliniques sur la chloroquine a été confié.









 
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