Douze juridictions, dont celle de Nice, se lancent dans une expérience grandeur nature : la verbalisation de toute personne détentrice d'une arme de catégorie D non-déclarée, notamment une arme blanche. Les contrevenants s'exposent à une amende forfaitaire de 500€. Chaque jour, en France, on compte 130 agressions au couteau.
C'est un coup de gueule lancé au lendemain d'une énième attaque au couteau par Philippe Tabarot, sénateur des Alpes-Maritimes.
C'était le 3 février dernier. À la gare de Lyon (Paris), un individu blesse trois personnes, dont une grièvement. Les victimes sont attaquées pour, selon la Procureure, une circonstance aggravante à savoir leur "appartenance à la nation" française.
Sans préjuger des circonstances ni de l'enquête, Philippe Tabarot prend la parole et demande "plus de moyens par la loi pour plus de sûreté dans les transports".
Arme non-déclarée de catégorie D
Le Sénateur, à la tête d'une proposition de loi, demande alors des prérogatives étendues à la Sûreté ferroviaire SUGE/SNCF. Notamment pouvoir réaliser des palpations préventives et la saisie des armes et objets dangereux.
Il s'agit de répondre aux enjeux sécuritaires et territoriaux des années à venir.
Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur
Cela va dans le sens d'un nouveau dispositif en place depuis le 12 mai, notamment mis en place dans une partie des Alpes-Maritimes, à Nice en particulier. En l'espèce, une amende de 500€ en cas de port d'arme non-déclarée de catégorie D.
C'est la mise en place d'une loi, appelée Lopmi, souhaitée par Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, en 2023, présentée comme une loi visant à "répondre aux enjeux sécuritaires et territoriaux des années à venir".
À savoir "toute arme dont l'action perforante, tranchante ou brisante n'est due qu'à la force humaine ou à un mécanisme auquel elle a été transmise, à l'exclusion d'une explosion", peut-on lire sur le site du ministère de l'Intérieur. Donc les poignards ou encore bombes lacrymogènes en font partie.
Pour tous ces cas, un enregistrement en ligne est obligatoire. Dans le cas contraire, son détenteur est hors la loi. Il encourt une amende de 500€. Les mineurs eux, n'ont en aucun cas le droit d'en posséder, rappellent les autorités.
130 agressions au couteau par jour en France
La norme est en place aussi à Paris, Bobigny, Bordeaux et Lille. À Nice, le maire (Horizons) Christian Estrosi avait d'ailleurs interpellé le gouvernement, dans un message sur Threads sur ce sujet.
Publié par @cestrosiVoir dans Threads
Il précise "qu'en matière de sécurité il est impératif d’exploiter tous les outils à notre disposition. Je salue cette expérimentation. Il faut aller plus loin, notamment en matière de pouvoirs étendus pour les polices municipales."
Côté police, pour Laurent Martin de Frémont, le secrétaire départemental du syndicat Unité-SGP FO Police, cette mesure va dans le bon sens : "dans les exactions en augmentation, c'est un arsenal supplémentaire que l'on voit d'un bon oeil. Il y a, en France, 130 agressions au couteau chaque jour."
Malheureusement, précise l'intéressé, dans le cas d'amendes forfaitaires de ce type, en France, "seules 30% d'entre elles sont recouvrées. Leurs auteurs étant le plus souvent insolvables".
Dans les Alpes-Maritimes, ces attaques se répètent. Ainsi un adolescent a été poignardé à 10 reprises dans le quartier Saint-Roch de Nice en mars dernier, à Cannes l'an dernier, un gérant d'entreprise a été agressé au couteau par un homme qui a crié Allah Akbar ou encore ces quatre personnes blessées par arme blanche dans le quartier de la gare, à Grasse en septembre dernier.
Précisons que l'amende forfaitaire pourra être assortie de poursuites pénales, comme par exemple un placement en garde à vue. L'expérimentation doit se terminer le 17 juin prochain.