Déprogrammations, accueil de patients du Vaucluse : le point sur le Covid-19 dans les hôpitaux des Alpes-Maritimes

Pour faire face à la deuxième vague, les hôpitaux publics et privés des Alpes-Maritimes commencent les déprogrammations d'activités non urgentes : ces décisions suscitent des inquiétudes au sein du corps médical. Le département vient également d'accueillir 4 patients Covid-19 du Vaucluse.

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La région PACA commence à ressentir très fortement les effets de la deuxième vague de Covid-19. Selon les derniers chiffres de l'ARS, communiqués le 10 novembre, 20,7 % des 122 000 tests réalisés entre le 2 et le 8 novembre se sont révélés positifs dans notre région. Le nombre de réanimations a même dépassé le pic de la première vague, avec 506 patients contre 420 au printemps.

Face à l'urgence de la situation, l'ARS a activé la phase 5 du plan de lutte contre l'épidémie il y a quelques jours : elle demande notamment à l'ensemble des hôpitaux, publics et privés, de déprogrammer toutes les interventions non urgentes, pour quatre semaines maximum. Les établissements des Alpes-Maritimes sont également concernés.

220 hospitalisations et 74 patients en réanimation dans le département, selon l'ARS

Dans les Alpes-Maritimes, 21 395 tests ont été réalisés la semaine passée : le taux de positivité est de 18,2 %. Le département compte actuellement 220 patients hospitalisés, dont le quart environ au CHU de Nice, et 74 réanimations.
Dans une conférence de presse donnée ce mardi, le CHU a annoncé la fermeture de 6 blocs opératoires pour affecter les médecins anesthésistes-réanimateurs et les infirmiers au service Covid-19. Au total, les patients malades du virus mobilisent 10 à 15 % du personnel hospitalier au quotidien. 

Les déprogrammations d'activités chirurgicales et médicales jugées non urgentes ont également commencé. Au CHU, elles ne concernent pas les services cancérologie et cardiologie, ni les greffes, les IVG et les maladies chroniques.

Malgré cette situation critique, les établissements hospitaliers sont encore prêts à recevoir de nouveaux patients touchés par le virus. Mardi, deux cas graves de Covid-19 du Vaucluse ont été accueillis à l'Institut Médico-Chirurgical Arnault Tzanck de Saint-Laurent du Var. Le CHU de Nice a également reçu deux autres malades vauclusiens et pourrait prendre en charge dans les jours à venir des patients du Var. 

Déprogrammer oui, mais comment ?

Inquiets de l'évolution de la situation, 13 hôpitaux publics et privés des Alpes-Maritimes ont adressé une lettre ouverte à l'ARS sur la question de la déprogrammation des activités. L'agence de santé précise que les opérations doivent être reportées si cette décision n'altère pas les chances de survie du patient.

Or, le problème est bien plus complexe que cela, explique Pierre Alemanno, chirurgien et PDG de la Polyclinique Saint-Jean à Cagnes-sur-Mer. Contrairement à la première vague, l'établissement accueille désormais des patients Covid-19 : une vingtaine de lits est disponible. Chaque déprogrammation d'opération est un sujet de préoccupation à part entière pour le corps médical. 

Dilatation artérielle, coloscopie... Tous ces malades sont des patients en chirurgie : aujourd'hui, arrêter de les opérer, c'est une perte de chance très importante pour eux.

Pierre Alemanno, chirurgien et PDG de la Polyclinique Saint-Jean à Cagnes-sur-Mer

Un avis que partage Jérôme Barrière, oncologue et président de la commission médicale d'établissement pôle santé de la clinique Saint-Jean. "Il ne faut pas arrêter les coloscopies et les autres examens similaires, car la perte de chance d'un patient n'est pas quantifiable en amont : on ne peut pas savoir en avance si on a un cancer du côlon ou pas. Il faut donc continuer à faire ces examens, qui nous semblent essentiels."

Jérôme Barrière redoute également un trop grand nombre de déprogrammations, qui pourrait bloquer le fonctionnement normal de la Polyclinique. "On a rétrospectivement mal vécu ces services vidés par peur d'une vague encore plus gigantesque. Maintenant, on sait que la vague va être applatie et qu'elle va durer." 

L'ARS donne des éléments de réponse

Romain Alexandre, délégué de l'ARS dans les Alpes-Maritimes a répondu à quelques unes de ces interrogations au micro de France 3 Côte d'Azur.
  • Quels types d'opérations seront déprogrammées ? 
Cela peut être tout ce qui concerne la chirurgie esthétique et les opérations de chirurgie réparatrice. Si les salles de bloc sont disponibles et en fonction des critères médicaux, certaines opérations peuvent avoir lieu. 
  • Les établissements pourront-ils décider de déprogrammer au cas par cas, en toute autonomie ? 
La déprogrammation est un acte fort et crucial : il ne faut pas le faire trop tard car on risque d'être submergé, ni trop tôt car on peut compromettre certaines situations. C'est à la communauté médicale de décider.
  • En cas de refus de déprogrammer, y a-t-il un risque de réquisition du personnel par l'ARS ? 
Je ne veux pas y croire ! L'effort de solidarité a déjà été démontré dans le cadre des hospitalisations conventionnelles. La coopération, j'en suis persuadé, se poursuivra avec la mise à disposition de personnel paramédical et médical au profit des établissements ayant un service de réanimation. 

Les cliniques privées veulent-elles préserver leurs activités les plus rentables ?

Chaque année, la Polyclinique Saint-Jean réalise un chiffre d'affaires de 14 millions d'euros. Un bilan qui sera sans doute revu à la baisse pour cette année 2020, avec la déprogrammation des activités non urgentes. Est-ce un problème pour ces établissements privés ?

Sur cette question, Pierre Alemanno se veut clair : "La chirurgie esthétique par exemple représente 3% de nos activités. Et l’État s’est engagé à compenser les pertes d'activité pour les établissements. Alors, c'est certes un problème financier pour les médecins, mais pas pour les cliniques. Là, l'enjeu est avant tout de se mobiliser pour des questions de santé."
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