Envie de grands espaces : rencontrez les bisons, les biches et les chevaux sauvages à Thorenc dans les Alpes-Maritimes

La Réserve des Monts d'Azur est un ancien site de chasse devenu sanctuaire pour les grands herbivores. Un site de réintroduction et d'observation d'espèces rares, et de reconnexion avec la nature.

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A 1200 mètres d'altitude, un plateau. Une vue magnifique sur les montagnes, au-dessus de Grasse. Ici à Thorenc, toute civilisation paraît bien éloignée. Nous sommes dans la Réserve biologique des Monts d'Azur.

700 hectares dédiés à la faune sauvage. Mammifères, oiseaux, insectes, poissons, plusieurs centaines d'espèces vivent ici en liberté. Parmi elles, des espèces ancestrales, certaines arrivées tout droit de la préhistoire, en ayant miraculeusement échappé à la disparition. Tous ces animaux se partagent ce territoire en pleine nature, et c'est ce qui fait des Monts d'Azur une réserve unique en Europe.

Il ne peut pas y avoir une seule espèce dans un même endroit. Ici il y a des cerfs, des chevaux, des biches, des élans. C'est la reconstitution de la "guilde", c'est-à-dire de l'ensemble des grands herbivores européens encore présents sur Terre en 2020, dans un même milieu.

Patrice LONGOUR, fondateur de la Réserve des Monts d'Azur

Il y a 15 ans quand ce vétérinaire a fondé la réserve, son objectif était clair : recréer sur le plateau de Thorenc une certaine biodiversité, mélanger des espèces sauvages, comme il y a plusieurs milliers d'années.

Les bisons d'Europe, massifs mais fragiles

A Thorenc vivent une cinquantaine de spécimens de cette espèce cousine des bisons d'Amérique, et autrefois menacée d'extinction. Les bisons d'Europe, colosses de 800 kilos pour les mâles adultes, proviennent tous de la même lignée. C'est là la cause de leur fragilité : les mâles sont sujets à la même maladie : une infection des parties génitales, qui oblige l'équipe vétérinaire de la réserve à intervenir pour les soigner. Il faut pour cela les endormir à distance. L'équipe n'a ensuite qu'une quarantaine de minutes avant que la bête ne se réveille. Reportage :

Des cerfs et des biches, et des chevaux arrivés tout droit de la préhistoire

Le cheval de Przewalski est sans doute l'espèce la plus proche du cheval préhistorique, dessiné il y a 25 000 ans sur les parois de la Grotte de Lascaux. Sensible, mais impossible à discipliner, il avait quasiment disparu au début du XXème siècle. Dans la Réserve des Monts d'Azur il a été réintroduit, marqué, étudié.

Socialement, il y a des recompositions. Le marquage des chevaux permet de savoir, à distance, si tel étalon, ou telle femelle, a rejoint tel groupe.

Patrice LONGOUR

Ici les chevaux de Przewalski vivent en bonne intelligence avec les cerfs, les biches, populations qu'il faut réguler, notamment à travers des échanges avec d'autres réserves en Europe :

Des élans en phase de "réensauvagement"

Il y a quelques mois trois femelles élans sont arrivées à la réserve. Elles proviennent d'un parc zoologique en Suède. Leur période d'adaptation va se prolonger sur plusieurs mois, car il faut qu'elles se "réensauvagent" : qu'elles apprennent à se nourrir seules. C'est un nouveau pari pour la réserve dans l'objectif de recréer une biodiversité sur le site : 

Visites en calèche, séjours en écolodges

Pour approcher ces animaux sauvages, pas question de faire vrombir son moteur. C'est donc à pied, ou en calèche tirée par des chevaux de trait, que les familles peuvent faire connaissance avec les bisons, les biches, les chevaux. Au-delà du plaisir de s'immerger dans la nature, ces visites ont un fort intérêt pédagogique.

La faune domestique, on a conscience qu'elle nous est utile : on l'élève, on la mange. La faune sauvage, c'est plus compliqué de prouver sa nécessité dans les territoires. Alors qu'elle participe à la qualité de notre air, de notre eau, de notre écosystème.

Marie Albertelli, guide animalière

La présence de ces animaux est très préciseuse pour la forêt, et la plaine.

Ces animaux sont indispensables pour reconstituer les sols, et combattre l'érosion de la terre.

Patrice LONGOUR

Les visites publiques du site, et les séjours dans les écolodges ou la villa bioclimatique aménagés sur place, permettent de financer le projet.

Patrice Longour, lui, croit toujours en ses rêves : 

Que la législation évolue en France et qu'il devienne acceptable que ces espèces réintroduites, les bisons d'Europe par exemple, soient suffisamment légitimes pour se trouver ailleurs que dans des zones clôturées.

 

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