"On l'a laissée mourir !" Sa jumelle est morte aux urgences de Grasse dans les Alpes-Maritimes, elle va porter plainte

Les faits remontent à 2022. Thérèse qui réside à Mougins dans les Alpes-Maritimes, a perdu sa sœur jumelle, décédée à l'hôpital de Grasse. Frances serait restée 36 heures sans soin. Une plainte devrait être déposée dans les jours qui viennent. L’hôpital de Grasse se défend de tout dysfonctionnement.

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"Elle était dans un état affreux, on l’a laissée comme ça et je me dis que peut-être, on ne l’a pas soignée comme il faut !"

Ainsi s'exprime devant nous Thérèse, plus d'un an après les faits, encore emplie d'émotion. Retour en arrière. Début septembre 2022, vers midi, Frances est mordue par son chien. Le 4 septembre, elle tombe malade et son état va dégénérer, douleurs dans le corps et pouls qui s'accélère.

Contacté, un médecin de ville n'estime pas les choses graves. Il diagnostique un virus. En fin d'après-midi, ce même jour, les choses allant de mal en pis, le SAMU est contacté par la famille de la malade qui décide de l'emmener aux urgences de Cannes. Là, elle n'aurait pas été prise en charge avant deux bonnes heures d'attente : "au bout d’un certain temps, j'ai eu un médecin au téléphone, le médecin m’a dit son sang est mauvais, mais je pense que c’est viral" explique Thérèse. Elle implore le personnel, en vain, de lui donner des antibiotiques.

Sa sœur jumelle quittera l'hôpital peu après 23h.

Homicide involontaire

De retour à son domicile, son état s'aggrave plus encore. Amenée à l'hôpital de Grasse cette fois, un scénario qui ressemble au premier va se reproduire. Frances décédera dans cet hôpital. Contacté par France 3 Côte d'Azur, l'établissement de santé n'a pas souhaité faire de commentaires sous couvert du respect du secret médical.

Aujourd'hui, Thérèse souhaite porter plainte pour homicide involontaire contre les deux hôpitaux.

"Pendant un an j'étais trop en deuil, je ne pouvais rien faire, elle, elle aurait fait des pieds et des mains"

Thérèse, soeur jumelle de Frances

Toujours très affectée, elle nous confie : "elle est restée dans des hôpitaux sans avoir de soins;" Le déclic pour Thérèse a été l'affaire Lucas. "Il y a quelque temps ma fille m'a envoyé le lien vers cette histoire et je me suis dit que ça ressemblait beaucoup. Ensuite j'ai compris que beaucoup de monde est touché"

Et de conclure : "Frances était une battante, elle aurait voulu qu'on sache la vérité ! Et moi que ce genre de choses n'arrive plus et que ma sœur soit morte pour rien."

L'autre déclic pour Thérèse a été une rencontre, celle de l'avocat de la famille de Lucas précisément.

Thomas Callen explique : "Thérèse apparaît comme un nouveau témoignage de dysfonctionnement aux urgences. Cet avocat défend les intérêts de Lucas, un jeune homme également décédé aux urgences. C’est d’ailleurs cette nouvelle affaire qui a poussé Thérèse à judiciariser son cas."

Il s’agira là, explique l’avocat, d’une "plainte consistante comme celle de Lucas, qui fait 30 pages, on partira sur une culpabilité clé en mains. Cela signifie que la qualification pénale d’homicide involontaire, visant à la fois l’hôpital de Grasse et celui de Cannes, sera retenue."

"On l'a laissée mourir !"

"Car", ajoute Maitre Callen, "les deux établissements ont pris en charge Frances et ont fait tous deux preuve de négligence, laissant partir une patiente sans diagnostic. On l’a laissé mourir !"

Aujourd’hui ma cliente est entrée dans une phase de dépression, elle a eu la certitude que ça ne s’est pas passé normalement. L’affaire de Lucas a été un déclencheur pour elle. J’ai été très choqué par son témoignage et le nombre d’éléments à charge qu’elle m’a transmis.

Et l’avocat de préciser : "on ne s’en prend pas au personnel médical, le problème ce sont les négligences et que des négligences puissent être mortelles."

L'hôpital de Cannes précise dans un communiqué : "la direction tient à disposition tous les éléments nécessaires à une instruction en justice et renouvelle tout son soutien à nos soignants très affectés par ces accusations médiatiques".

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