Un homme de 43 ans, jugé pour avoir tiré à blanc le 17 mai près du plateau du "Grand Journal" de Canal+ diffusé en direct de la Croisette à Cannes, a été condamné lundi à 18 mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Grasse.
Le tribunal est allé au-delà des réquisitions du ministère public qui avait demandé 18 mois d'emprisonnement dont un an ferme, pour cet homme désocialisé, vivant dans l'arrière-pays cannois, qui, selon la procureure, "s'est servi de la terreur pour faire parler de lui".
"Nous n'avons pas affaire à un gentil illuminé, il a utilisé la terreur et la violence pour imposer ses idées politiques, ce qui est la définition même d'un acte de terrorisme", a dit la procureure Gwenaëlle Ledoigt.
En outre, "il pensait à son geste depuis plusieurs mois" et l'a minutieusement "préparé", a-t-elle souligné. "S'il n'y a pas eu de blessés, c'est seulement une question de chance".
Chemise parme, cheveux ras et barbichette, teint bronzé, Stéphane Croce s'est défendu en parlant de "cri d'alarme, de colère" qui aurait motivé son geste. Sur sa demande, le président du tribunal l'a exceptionnellement autorisé à lire quelques lignes d'un texte de quatre pages préparées en détention provisoire.
Comme lors de sa comparution immédiate le 21 mai, Stéphane Croce a indiqué avoir voulu "faire passer un message" à caractère mi-politique, mi-ésotérique, sans cette fois encore réussir à l'éclaircir vraiment.
L'homme, au physique sec, a fustigé pêle-mêle des "politiciens (qui) nous mentent", la "mafia en col blanc", les "manipulations" d'une "oligarchie" mais aussi "de Monsanto, de l'OMS, des ONG...". Il a aussi parlé de "visions" qu'il aurait eues: soucoupe volante, lumière "qui entre en lui", anges, spectres. Des "révélations" qu'il voulait "partager" avec "le public".
"Des fois, pour se faire entendre, il faut savoir taper du poing sur la table. Pour avoir le pouvoir il faut le prendre", a-t-il lancé depuis son box, joignant le geste à la parole de manière théâtrale.
Le 17 mai, peu après 20H00, cet homme, au casier judiciaire jusque-là vierge, vivant du RSA et de petits boulots dans un chalet qui lui était prêté près de Gréolières, avait surgi près du plateau de télévision en plein air, tiré deux coups à blanc avec un pistolet d'alarme et dégoupillé une grenade factice. Une expertise psychiatrique effectuée pendant sa garde à vue avait montré que l'homme était "responsable de ses actes", mais qu'il présentait une "personnalité borderline".