Le Sénat a autorisé lundi les éleveurs d'ovins à abattre des loups dans des conditions encadrées, malgré l'opposition des écologistes, une disposition contraire à la convention de Berne signée par la France qui les classe en "espèce strictement protégée".
A l'occasion de l'examen en première lecture du projet de loi sur l'avenir de l'agriculture, les sénateurs ont voté un amendement --déjà adopté en commission-- qui prévoit qu'en cas d'attaque, le préfet délivre à l'éleveur une autorisation de tuer des loups pour une durée de six mois sur le territoire de sa commune.
L'éleveur ou le loup
"La situation devient intolérable dans les régions où le loup se multiplie", a souligné le rapporteur Didier Guillaume (PS), selon lequel "on y assiste à une disparition du pastoralisme".
"C'est l'éleveur, ou le loup", a-t-il ajouté. "Je souhaite par ailleurs que le gouvernement renégocie la convention de Berne", a dit le sénateur de la Drôme.
"L'augmentation du nombre de loups en France pose des problèmes notables aux éleveurs", a reconnu l'écologiste Joël Labbé.
"Pour autant, autoriser les éleveurs détenteurs d'un permis de chasse d'opérer des tirs de prélèvement ne nous semble ni répondre au problème, ni être souhaitable", a dit le sénateur du Morbihan. "L'Etat doit s'assurer du respect de la convention de Berne, mais aussi assumer la responsabilité de la régulation des meutes et protéger les éleveurs et le pastoralisme. Il ne peut se dédouaner de ses responsabilités".
Abattage dans des zones de protections
Les sénateurs ont par ailleurs adopté un amendement RDSE (à majorité PRG) autorisant l'abattage des loups dans des zones de protection délimitées chaque année par arrêté préfectoral, indépendamment du prélèvement défini au niveau national. Ces zones seront constituées des communes dans lesquelles des dommages importants ont été constatés.De son côté, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a proposé d'autoriser, sous certaines conditions, la destruction de loups lors de chasses et de battues organisées sous la responsabilité des préfets, mais les sénateurs ne l'ont pas suivi.
Jeudi, dès le début de l'examen du texte, les sénateurs avaient voté un amendement centriste affirmant "le caractère indispensable d'espaces de pâturages d'avenir, préservés de l'enfrichement et indemne de prédateurs".
En revanche, ils avaient rejeté un amendement UMP proposant de faire du loup une "espèce protégée simple", et non plus une "espèce strictement protégée".