Ce lundi 9 janvier en fin d’après-midi, les sapeurs-pompiers ont été appelés pour un début de feu dans sur le toit d'un wagon d’un train reliant Nice à Vintimille (Italie) en gare de Menton-Garavan. Ils ont découvert le corps d’un homme sans vie. Il s'agit "très vraisemblablement d'un migrant".
Un homme d’une trentaine d’année a été retrouvé mort hier à l’arrivée des secours sur la rame d’un train régional reliant Vintimille en Italie à la France, dans la première gare, côté français, Menton-Garavan.
Dans un premier temps, les services de secours avaient été alertés par un début de feu au niveau du pantographe de la rame du train, un système qui permet de fournir l’électricité au train.
Le trafic a dû être interrompu le temps de l’intervention des secours.
Selon l'Agence France Presse, il pourrait s'agir d'un migrant "africain" expliquant que de nombreux migrants tentent par tous les moyens de passer de l'Italie vers la France, citant la préfecture des Alpes-Maritimes.
Une enquête de police a été ouverte pour déterminer les causes du drame. Elle est diligentée par la direction de la sécurité publique de Menton. En pareil cas, nous a-t-on confié, la priorité va consister à réaliser des empreintes pour tenter d’identifier la personne puis une autopsie.
"C’est le premier mort de l’année dans de telles circonstances", reconnaît attristé Christian Papini de l’association Caritas à Vintimille.
Pour moi, c’est l’énergie du désespoir, ils essaient tous les jours de passer la frontière et de façon de plus en plus dangereuse.
Christian Papini de l’association Caritas à Vintimille.
L’association qui longe la voie-ferrée à deux pas de la gare de Vintimille accueille les migrants. "Nous en avons peu en ce moment, 70", explique Christian Papini, "mais cela varie de jours en jours, on s’attend à en voir arriver beaucoup dans les prochaines semaines".
33 personnes sont mortes en cherchant à passer
Les morts sur les trains sont hélas devenus la norme. "Depuis 2015, 33 personnes sont mortes en cherchant à passer" martèle le responsable de Caritas. Alors ce matin, ici, chez les personnes migrantes de Vintimille, pas de réaction particulière.
Le paradoxe, si l’on peut dire, c’est que beaucoup de ceux qui sont ici, pour ne pas dire tous, ont pris tous les risques depuis leur pays pour voyager et pour certains mourir de façon tragique.
Voyage suicidaire
Selon nos informations, si certains tentent d’eux-mêmes ce voyage suicidaire, en montant sur le toit du train, d’autres le font après avoir payé auprès de passeurs qui leur enseignent la technique.
Le plus souvent pourtant, les passeurs organisent les "voyages" plutôt à bord de camions via l’autoroute A8, précise Mireille Damiano, avocate au barreau de Nice, qui vient en aide aux migrants. La juriste donne le décompte du nombre de morts depuis 2015 qui selon elle approche la cinquantaine. Des chiffres non-officiels.
Comment en arrive-t-on à de tels drames ?
Pour Me Mireille Damiano cela est en lien direct avec le dispositif pris en 2015 précisément. "Depuis cette date, pour des raisons justifiées par l’Etat, par la crainte du terrorisme, le contrôle systématique aux frontières a été rétabli. Je pense que c’est abusif", estime l’avocate.
De plus, cela s’accompagne de dysfonctionnements majeurs, notamment vis-à-vis des migrants mineurs qui sont refoulés sans d’évaluation légale de leur demande d’asile. Tout cela a été dénoncé auprès du Conseil de l’Europe
Maître Mireille Damiano.
La juriste qui précise que du 1er au 30 avril prochain aura lieu le Printemps de l’immigration.
De son côté, la préfecture des Alpes-Maritimes nous a précisé que, sur les 18 000 personnes interpelées sur le vecteur ferroviaire en 2022, ont été dénombrés deux blessés graves suite à électrocution, mais aucun décès pour cette période-là.