Le festival de musique de Menton aura lieu de ce 29 juillet au 13 août. C’est une édition de reprise après deux années de pandémie. A la clef une belle affiche côté programmation et aussi quelques innovations techniques. On vous ouvre les coulisses de la 73e édition.
Le plus que septuagénaire festival de musique de Menton devrait cette année encore trouver un certain écho.
Bien que le mot "classique" ne lui ait jamais été accolé depuis qu’il existe, il symbolise pourtant et consacre les plus grands artistes de la musique classique.
Dont certains, cette année, seront revisités de façon assez audacieuses pour ne pas dire culottées.
Il a l’explication et la présentation gourmandes Paul-Emmanuel Thomas, le directeur du festival quand il évoque le programme 2022. Comme ragaillardi des deux années de pandémie assez durement vécue ici car le public avait notamment, l’an passé, boudé l’événement.
Cette année il flotte un petit air d’optimisme sur le parvis Saint-Michel où se dérouleront les concerts: "ce sont nos grandes retrouvailles" fanfaronne Paul-Emmanuel Thomas.
Quand on lui demande comment est né ce rendez-vous cher aux mentonnais (et pas seulement), il répète inlassablement l’anecdote sans aucune lassitude : "nous sommes fin des années quarante, André Baroche, journaliste hongrois visite la ville de Menton, il déambule du côté du parvis Saint-Michel quand son oreille est happée par un son provenant d’une fenêtre".
Et de compléter : "C’est une pièce de violon de Bach qui est interprétée. La magie opère. L’acoustique de plein air du fait de la configuration de l’endroit, les deux façades baroques, l’ouverture sur la voûte étoilée et la vue sur l’Italie".
Ni une ni deux, un festival aurait lieu là à cet endroit comme suspendu du monde réel.
Gotha
L’histoire est belle car depuis 73 ans tous le gotha de la musique classique se retrouve ici au fil des ans.
Cette année, on souhaitait une nouvelle affiche, une nouvelle dynamique, élargir l’expérience d’écoute et user des nouvelles technologies
Pierre-Emmanuel Thomas, organisateur du festival
Le procédé est déjà utilisé sur d’autres concerts. Il consiste à travers ce qui est appelé un "concert silence" d’utiliser un piano acoustique de la plus grande marque qui soit, celui-ci n’émettant aucun son mais des informations retranscrites pour pouvoir être captées dans des casques audio mis à disposition du public lui permettant de déambuler.
Le classique en mouvement pour tout ceux qui aurait du mal à rester en place, assis, pendant les deux heures de concert.
Autre trouvaille plutôt séduisante et participative, en solidarité avec la Roya cette fois. "Le 12 août", se réjouit Paul-Emmanuel Thomas, "le concert aura lieu à Menton et à Breil-sur-Roya en même temps grâce au processus Disklavir, il sera joué en simultané place de l’Église".
Côté programmation, le festival se veut à la fois novateur, international et éclectique selon les organisateurs.
Parmi les musiciens qui font le pas de côté, le quatuor Ebène, un ensemble à cordes tout aussi capable d’interpréter Haydn et Debussy que du jazz.
Les talents lyriques, une formation instrumentale et vocale qui tient son nom d’un opéra de Rameau avec un travail de recherche musicologique plutôt intéressant.
Un pianiste, Pierre-Laurent Aimard, dont on dit que c’est l’un des plus grands pianistes contemporains, lyonnais d’origine.
Celui que l’on définit comme un 'ovni", Nobuyuki Tsujii, pianiste japonais, aveugle de naissance qui joue des études de Chopin et qui n’a appris qu’à l’oreille.
Alexandre Kantarow également pianiste sera présent, il joue depuis l’âge de 16 ans.
Le moment fort risque cependant d’être ce vendredi 29 juillet avec en guest Natalie Dessay. La célèbre Soprano bien connue pour défendre les couleurs de l’opéra français va cette fois-ci "retourner sa veste" en interprétant Broadway du célébrissime film West Side Story.
Bref, de quoi satisfaire un public pluriel qui déborde les aficionados du classique pur sucre.