Depuis l'instauration du confinement et la limitation des déplacements, les buralistes constatent une explosion de leurs ventes de tabac. Globalement, celles-ci auraient augmenté de 30%. Mais dans certaines villes proches des frontières, comme à Menton, la hausse se chiffrerait à plus de 400%.
Conséquence inattendue de l'instauration du confinement, mardi 17 mars, pour tenter d'endiguer l'épidémie de coronavirus, les buralistes ont fortement augmenté leurs ventes de tabac.
La fédération des buralistes chiffre cette hausse à 30% pour l'ensemble du territoire français, mais pour les régions transfrontalières, elle pourrait être beaucoup plus importante.
"On se rend compte du manque à gagner"
"Concernant Menton, depuis la fermeture de la frontière italienne, on a des hausses de 400 à 500% régulièrement, explique Pierre Romero, vice président des buralistes. Certains jours, on monte même à 700%. Les fumeurs achètent de nouveau sur le territoire français."Jean-Luc Trebuchon, buraliste à Antibes (Alpes-Maritimes), constate également ce changement d'habitude. "Depuis le confinement et la fermeture de la frontière, on a vraiment senti une augmentation très significative de nos volumes, aussi bien des cigarettes que du tabac à rouler. Et on va même jusqu’à revoir des clients que l’on avait totalement perdu de vue ! Donc on se rend compte qu’habituellement, on a un réel manque à gagner avec tout le tabac qui s’achète en Italie."
Mais ce bouleversement des modes de consommation ne va pas sans difficulté pour les fumeurs. "On a eu des accrochages dans les bureaux de tabac. Notamment sur des zones proches de la Belgique. Les clients se rendent compte qu’ils passent d’un paquet de 4€ à 10€, donc c’est très violent", déplore Pierre Romero.
"Il n’y a pas moins de fumeurs en raison du paquet à 10€"
Autre facteur qui pousserait les fumeurs à consommer davantage : le stress du confinement, selon Jean-Luc Trebuchon. "La hausse est difficile à quantifier, car même si elle tient avant tout aux achats transfrontalier, il faut tenir compte du fait que certains fument plus à cause du confinement", précise-t-il.Mais pour le vice-président de la fédération des buralistes, ces hausses sont surtout révélatrices d'une situation plus complexe : "Il n’y a pas moins de fumeurs en raison du paquet à 10€. Ce n’est pas vrai. Je ne m’en réjouis pas. Mais on nous avait annoncé 1 600 000 fumeurs de moins et je pense ce million est revenu sur le territoire français depuis quelques semaines. Après la crise, il faudra adapter la politique de santé."
En temps normal, selon les chiffres de la fédération des buralistes, les ventes de tabac baissent chaque année de 10% partout en France. Dans les territoires transfrontaliers, cette baisse va jusqu'à 15%.