Cette vente aux enchères était prévue depuis plus d’un an. Les objets du célèbre écrivain belge de polars Stanislas-André Steeman avait lieu ce mardi 10 octobre à l'hôtel des ventes de Vendôme dans le Loir-et-Cher. En tout 39 lots qui étaient dans sa maison du Val de Gorbio. Seul un objet n'a pas été vendu.
Stanislas-André Steeman aurait sans doute adoré le suspense entourant cette vente aux enchères. Elle a commencé à 11h précise à l'hôtel des ventes de Vendôme dans le Loir-et-Cher, un site incontournable pour ce type d’évènement.
La dernière vente publique d’une telle importance avait eu lieu en janvier avec l'ameublement provenant d'un château d'un ancien maire de Chartres.
La vente est à revoir ici :
Un écrivain vraiment pas comme les autres
L’histoire de Stanislas-André Steeman est comme ses romans, pleine de surprises. C’est à l’âge de seulement 10 ans que ses dessins sont publiés dans un journal belge. Les responsables de ce quotidien sont ahuris par l’assurance et le talent de ce jeune garçon. La première page du livre de sa vie vient alors de s’écrire.
« Il aimait casser les codes »
Le commissaire-priseur de cette vente aux enchères est un grand fan de l’œuvre de Stanislas-André Steeman. S’il n’est pourtant pas mateur de romans policiers, l’écrivain a su capter son attention. À tel point qu’aujourd’hui Aymeric Rouillac l’avoue « quand on commence à lire ses livres, on ne peut plus s’arrêter ! »
Auteur de 48 romans dont 12 ont été portés à l’écran, il aimait toujours surprendre.
Il avait un sens indéniable du suspense. Ses livres ressemblaient à une série car pour connaitre le dénouement, il fallait avoir lu le 5e ! Il n’hésitait pas à mêler histoire d’amour et intrigue policière, c’était très innovant.
Aymeric Rouillac, commissaire-priseur
Un passé de flambeur
Si Stanislas-André Steeman était un boulimique d’écriture et de dessin, il était aussi passionné par le jeu. Âgé de 38 ans, il s’installe à Menton en 1938 et y écrit de nombreux romans comme L’ennemi sans visage ou Poker d’enfer.
C’est dans sa petite maison du 28 du Val de Gorbio près de Menton dans les Alpes-Maritimes qu’il fourmille d’inspiration, mais pas seulement.
Le revers de cette médaille mentonnaise, c’est la présence d’un casino à proximité. Un établissement dans lequel il passe trop d’heures selon sa femme qui menace de le quitter s’il ne met pas fin à cette très mauvaise habitude.
« Il était gentil mais très impatient »
Le fils de l’écrivain était présent à l’hôtel des ventes de Vendôme dans le Loir-et-Cher. L’occasion pour ce monsieur âgé de 74 ans de revivre le passé parfois tumultueux qu’il a eu avec son père. Un sourire dans la voix, il nous confie qu’il avait forcément des hauts et des bas comme dans toute famille.
C’est avec beaucoup d’émotion qu’Hugo Steeman a vécu cette vente aux enchères.
Il s’attendait à ce que ces fils soient aussi rapides que lui. Avec mon demi-frère, nous n’étions pas les génies qu’il souhaitait. J’ai mis du temps à lire ses livres mais une fois que j’ai commencé, je n’ai plus jamais arrêté. Je voulais savoir qui était le coupable !
Hugo Steeman, fils de Stanislas-André Steeman et ancien danseur étoile
Hugo Steeman n’a pas fait carrière dans la littérature. Il a choisi à la place un tout autre destin : celui de la danse classique. À 18 ans cet élève boursier parvient à entrer dans l’école Béjart, l’une des écoles de danse classique les plus reconnues. « Je ne suis pas devenu écrivain, je suis devenu danseur étoile ! »
Sur 39 lots mis en vente, 38 ont été cédés
Parmi son bric-à-brac d’objets conservés soigneusement dans les entrailles de sa maison, Stanislas-André Steeman avait accumulé des ustensiles du quotidien mais aussi des éléments de valeur comme des manuscrits ou des échanges avec Henri-Georges Clouzot.
Le réalisateur avait adapté au cinéma L’Assassin habite au 21 et Quai des orfèvres. Tout un dossier qui a été vendu pour 2 100 euros. Affiches publicitaires, feuille dactylographiée, 2 appareils photos vendus chacun pour 10 euros, sans oublier sa machine à écrire.
Seul son bureau n’a pas trouvé preneur.
Une légère déception pour les commissaires-priseurs Rouillac qui estiment tout de même que le résultat de cette vente aux enchères est totalement dans la fourchette d'estimation.
La vente aux enchères a duré à peine plus d’une heure. Les acquéreurs sont venus de Belgique ou encore du Portugal. Un semi-succès à hauteur de 22 000 euros, pour un écrivain qui, malgré ses succès passés, avait fini par tomber dans l’oubli.
Voilà plus d’un an que l’héritier de Stanislas-André Steeman, également appelé S.A.S - trône au milieu, préparait cette vente aux enchères.
Enfin, aujourd’hui, une page s’est tournée.