Stanislas-André Steeman, auteur de romans policiers notamment "Quai des orfèvres" et "Légitime défense", s'était installé à Menton en 1938 jusqu'à sa mort en 1970. Son héritier prépare la vente aux enchères des objets ayant appartenu à son père.
Le bureau de Stanislas-André Steeman – aussi appelé S.A.S - trône au milieu d’une grande pièce aux murs blancs. « Depuis son décès en 1970, la dernière feuille du roman qu’il était en train d’écrire est toujours glissée dans la machine à écrire. Le temps s’est arrêté » décrit Aymeric Rouillac.
Ce commissaire-priseur a été chargé par la famille de vendre aux enchères les objets ayant appartenu à l’écrivain belge, auteur notamment de Quai des orfèvres ou L’assassin habite au 21.
Depuis la mort du romancier qui s’était installé à Menton en 1938, le bureau était resté dans son jus.
On retrouve ses lunettes de soleil, le pistolet qu’il ne quittait jamais, une photo de son fils ou encore un abat-jour incroyable sur lequel sont écrits tous les titres de ses livres
Aymeric Rouillac, commissaire-priseur
La famille Steeman voulait récupérer les meubles pour les exposer dans un musée mais la ville de Liège, dont André Steeman est originaire, n’était pas intéressée. Ils ont dû se résoudre à vendre la maison, située sur les hauteurs de Menton, ainsi que ses meubles.
« Je vis en Allemagne, je ne pouvais me rendre ici qu’une ou deux fois par an donc il fallait tourner la page », explique, non sans émotion, Hugo Steeman, fils du défunt.
La vente aux enchères aura lieu au début de l'année prochaine dans le Val-de-Loire, où est installée l’étude de M. Aymeric Rouillac.
L’idée est aussi de réhabiliter l’écrivain.
S’il était célèbre de son vivant – plusieurs de ses livres ont été adaptés au cinéma – S.A.S n’est plus très connu du grand public, admet Catherine Gourdet, commissaire d'une exposition organisée en hommage à l'écrivain, en 2018. « Il est mort en 1970, donc ses livres et ses films sont quand même assez datés », explique-t-elle.
Précurseur des séries Netflix
Stanislas-André Steeman a publié une cinquantaine de romans au cours de sa vie.
Mais il aurait pu être encore plus prolifique : « C’était un perfectionniste de la langue française, raconte son fils. Chaque fois qu’il écrivait un chapitre, il le faisait lire à ma mère puis il recommençait. Il n’était jamais content de lui donc à la fin, il fallait que mère lui arrache des mains pour qu’il arrête ! ».
Ses ouvrages étaient publiés sous forme de feuilletons.
« Chez Steeman on a toujours envie de lire le chapitre qui suit », raconte Aymeric Rouillac, commissaire-priseur.
Il a cassé les codes du roman policier. Par exemple, il a montré qu’on pouvait introduire des scènes d’amour dans les policiers, que le méchant et le héros pouvait être la même personne
Aymeric Rouillot
La valeur des biens vendus aux enchères n'a pas encore été estimée. Mais le fils du défunt, Hugo Steeman aimerait que « ça tombe entre les mains de fans de mon père, qui sauront en prendre soin ».