Le coup d’envoi a été donné pour la récolte du citron IGP à Menton et dans ses environs. L’or jaune n’en finit pas de fasciner dans le monde entier. Rencontre avec Laetitia qui a décidé de se consacrer à cette agrume. Une passion communicative.
Pas plus de six degrés relevés ce matin dans l’exploitation de Laetitia ce matin : "la cueillette n’a pas encore commencé", explique cette productrice de citron dont les terrains sont implantés à Menton, condition obligatoire pour prétendre à l’IGP, l’indication géographiquement protégée.
La crainte c’est le gel mais cela reste relativement rare ici fort heureusement : "je devrais commencer à les cueillir autour du 25 décembre, pas avant".
Au départ rien ne prédestinait la jeune femme à se lancer là-dedans. Elle travaillait, dans une autre vie en tant qu’assistante notariale, pas grand-chose à voir avec les agrumes !
"J’ai commencé le projet en 2015 explique Laetitia Sepicacchi. La révélation si l’on peut dire est venue naturellement. Il y avait des citronniers sur le terrain de mon père, des citronniers trentenaires".
Elle décide alors d’en planter quarante de plus : "les petits arbres ont bien grandi". Il faut en moyenne dix ans pour espérer avoir des citrons suffisamment qualitatifs pour le marché très marginal du citron IGP.
Marginal car la production est faible. "On espère une production avoisinant les 50 tonnes cette année" explique Stéphane Constantin, le directeur Association pour la promotion du Citron de Menton.
"Il faut se souvenir", rappelle ce spécialiste du citron mentonnais "qu’on a commencé tout petit, de l’ordre de sept tonnes annuels".
Aujourd’hui 54 opérateurs-producteurs se partagent le gâteau sur un périmètre très restreint, à moins de sept kilomètres de la mer et à moins de 390 mètres d’altitude (Menton, Roquebrune Cap-Martin, et les villages de Gorbio, Castellar et Sainte-Agnès). "On espère pouvoir faire grossir ce chiffre de 20 % dans les années qui viennent" précise Stéphane Constantin.
L'aventure citron
Beaucoup de jeunes se lancent dans l’aventure. Et Laetitia Sepicacchi est représentative de ce mouvement.
"Je travaillais sur Paris et chaque weekend je revenais à Menton et de revoir le jaune du citron ça me redonnait le sourire, la couleur mais aussi le produit. Et la chance enchaîne l’agrumicultrice d’avoir un terrain de famille !"
"Cette année ma production ne devrait pas excéder 300 kilos" explique-t-elle presque timidement sur un terrain de 2500 mètres carrés.
Avec fierté elle surenchérit : "C’est bien de se lancer dans cette aventure et faire partager les autres générations, participer à l’évolution du citron même comme une petite productrice on peut s’amuser. C’est un beau projet et la possibilité de laisser un bel héritage."
Elle ajoute : "tout le monde peut s’y mettre j’étais pas du tout dans ce milieu, ça reste ouvert". Tout le monde, "enfin pas tout à fait", tempère Stéphane Constantin, "le cahier des charges de l’IGP est très strict. Le secteur, bien sûr mais aussi les conditions de culture, des terrains faits de planches et terrasses avec une possibilité d’irrigation. Pas de traitement après récolte. Et une traçabilité complète pour le consommateur".
Car après avoir été cueilli le citron part direction des centres de conditionnement locaux. A la sortie il se négocie sept euros le kilo mais le prix est très variable, il n’y a pas cours officiel. Le prix s’entend en amont entre le producteur et le client, le plus souvent des restaurateurs, prêts à mettre le prix pour le faire figurer sur leur carte, des cartes le plus souvent prestigieuses à la hauteur de cet agrume.
Quant aux autres citrons ? Certes la concurrence est rude, au fond "le concurrent sérieux du citron IGP de Menton est l’Amalfi" explique Stéphane Constantin, côté italien. L’IGP Menton est devenu un mythe à part entière.
Mais c’est à chacun de voir le citron qu’il préfère.