Annoncé comme une petite révolution par Emmanuel Macron, la relocalisation de certains médicaments doit permettre de lutter contre les pénuries. Ainsi, une usine va être crée en Isère pour produire du paracétamol. Une bonne chose qui est loin de résoudre les problèmes selon certains professionnels du secteur.
Cyril Colombani passe beaucoup de temps au téléphone : "Au moins trois heures par jour", avoue ce pharmacien de Roquebrune-Cap-Martin qui est aussi le président de l'Union des syndicats des pharmaciens d'officine des Alpes-Maritimes.
Non pas par plaisir, mais par nécessité : "Je cherche, auprès des fournisseurs, à trouver des médicaments. Tous les jours, ce même rituel usant". Car lui, comme plus de 400 officines des Alpes-Maritimes, manquent de stock. Essentiellement sur deux classes de médicaments, reconnaît ce professionnel, à savoir corticoïdes et antibiotiques.
Effet Covid
Une situation qui dure depuis de longs mois et qui n’est pas prête de s’arranger. En effet, les besoins des consommateurs ont été calculés sur des périodes où ils étaient paradoxalement moins grands.
"Durant la pandémie", explique Cyril Colombani, "on a vu moins de pathologies. Le port du masque et l’utilisation du gel hydroalcoolique, que personne n’utilise plus, faisaient que certaines maladies ne se transmettaient pas."
Après le Covid, la demande mondiale de médicaments a été forte, forte comme jamais. Et les industries ont bien eu du mal à suivre. À commencer par le paracétamol.
Il faut dire que, comme le mentionne William Feys, de l’observatoire sur la transparence du médicament, dans une interview qu’il a accordée à France Info, "80% du principe actif du paracétamol vient de Chine et d’Inde". Avec la relocalisation, une usine basée en Isère devrait produire 15.000 tonnes de ce précieux principe actif.
La relocalisation, "pas un miracle"
Pour Cyril Colombani, "la relocalisation ne fera pas de miracle car, selon lui, le problème est avant tout structurel. Les médicaments, pour certains de ceux en pénurie, ne sont pas assez chers."
"L’Allemagne", souligne ce professionnel, "a augmenté les tarifs des médicaments dits essentiels. Ce n’est pas le cas de le France. Or, la recherche de nouveaux médicaments coûte cher et certains produits sur notre territoire sont vendus en dessous du coût de revient."
Tout cela pour dire qu’il faudra peut-être augmenter nos prix. Mais pas sûr que les Français soient favorables à cette mesure en ces temps de crise.
Reste qu'il est possible de savoir les médicaments qui rencontrent le plus de pénurie en se rendant sur le site de l'ANSM, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, qui les liste en temps réel selon des critères d'indisponibilité ou de tension.