Les propos du président français Emmanuel Macron qui avait dénoncé la "part de cynisme et d'irresponsabilité du gouvernement italien" après son refus d'accueillir le bateau humanitaire Aquarius passent mal de l'autre côté de la frontière. A Vintimille, les bénévoles ne cachent pas leur colère.
Interdit d'accoster en Italie, le bateau humanitaire Aquarius devrait arriver en Espagne ce samedi et c'est dans ce pays que la situation des 629 migrants sera examinée.
Et côté italien, les propos du président de la république français, qui faisait part selon lui, du " cynisme et de l'irresponsabilité du gouvernement italien" ne passe pas du tout.
C'est terrible ce qui est arrivé à l'Aquarius mais comment Macron ose-t-il critiquer l'Italie!
Fulvia Semeria, bénévole du Secours catholique italien, est furieuse, comme beaucoup d'habitants de Vintimille, où depuis 2015 la France renvoie des dizaines de milliers d'exilés africains.
Critique envers le nouveau gouvernement italien, elle donne des cours aux migrants, et elle n'a pas approuvé que Rome empêche l'Aquarius d'accoster avec plus de 600 personnes secourues en mer.
Je ne partage pas les positions de la Ligue mais peut-être qu'il fallait un signal fort pour réveiller l'Europe. Macron, quand je l'ai entendu, j'en suis restée abasourdie. C'est inacceptable des critiques qui viennent d'un pays qui n'a rien fait pour les migrants, et même qui les rejettent. Cela fait des années que je fais du bénévolat ici, et j'ai vu tellement d'enfants, de mineurs, même des femmes enceintes renvoyés à la frontière française
juge cette retraitée de l'enseignement.
Les paroles de Macron, reprochant à l'Italie une "part de cynisme et d'irresponsabilité" en déroutant l'Aquarius vers un autre port européen, "ont été insultantes et totalement injustes", ajoute-t-elle.
Vintimille, la ville frontière
Nourriture, vêtements, consultation médicale, le Secours catholique italien Caritas offre tous les matins une planche de salut aux migrants qui fréquentent par centaines son local du centre-ville. Mais non loin, la préfecture a fait fermer l'été dernier l'hébergement ouvert à l'appel du pape à l'église San Antonio à cause des plaintes
des riverains, préférant orienter les migrants vers le camp de la Croix-Rouge hors de la ville qui abrite actuellement environ 400 personnes.
"Ca suffit, l'Italie en a ras-le-bol! Pourquoi seulement nous?!", s'emporte Giuseppe Piccolo, 60 ans, sur le marché de Vintimille, haut lieu de la vie locale avec ses primeurs à prix imbattables attirant de nombreux clients
français qui passent la frontière en sens inverse des migrants pour faire leur courses.