Le maire écologiste sans étiquette de Mouans-Sartoux dans les Alpes-Maritimes, Pierre Aschieri s'est attiré les foudres de l'opposition municipale LR pour avoir accepté un don d'un million d'euros de l'ex-émir du Qatar, résident de la commune depuis 1995, pour financer ses cantines 100% bio.
Ce gros chèque signé du cheikh Hamad Ben Khalifa Al Thani et déjà encaissé par l'élu "a été acté par une délibération en conseil municipal lundi soir", a précisé à l'AFP M. Aschieri, confirmant une information de Nice-Matin.
Une manne "conséquente", précise-t-il, puisque sa commune d'environ 10.000 habitants a un budget de fonctionnement annuel d'environ 12 millions d'euros et une dotation de l'Etat trois fois inférieure au don de M. Al Thani.
Reportage à Mouans-Sartoux :
"Ce n'est pas ma conception de la France et de la République! Dans notre pays, on ne laisse pas un émirat du Moyen-Orient financer l'école ou ce qu'il y aura demain dans les assiettes de nos enfants à la cantine", réagit pour sa part Christophe Chalier, chef de file de l'opposition municipale et suppléant de la députée-maire du Cannet LR Michèle Tabarot.
"Moi, ça m'interpelle et je me pose la question, qu'est-ce qu'il peut y avoir comme influence après derrière tout ça ?", s'indigne M. Chalier, candidat malheureux à la mairie en 2014 face à André Aschieri, réélu haut la main pour la 8e fois et qui a cédé son fauteuil à son fils Pierre en 2015. "C'est plus qu'un coup de gueule, c'est une question de valeurs", dit M. Chalier.Rendez-vous compte… 1 M€ du Qatar à la commune de Mouans-Sartoux c'est 3X plus que la dotation globale versée par l'État français #RetroCMMS
— Christophe Chalier (@ChrisChalier) 12 décembre 2016
"On ne va pas faire des repas halal à la cantine", rétorque M. Aschieri, accusant son adversaire de faire des raccourcis. "On est sur de la production agricole avec une démarche pédagogique pour que les enfants viennent voir comment poussent les légumes, on ne fait pas une école coranique!", dit-il.
"C'est facile de suspecter des tas de trucs (...) mais là il se trouve qu'on a quelqu'un (l'ex-émir) qui s'intéresse à ce qu'on fait à Mouans-Sartoux, qui est fortuné et veut nous aider (...). c'est assez simple et il n'y a pas grand-chose de croustillant là derrière", conclut le maire.
Lauréat des Victoires des cantines rebelles 2016, un prix destiné à favoriser l'utilisation de produits bio et locaux dans les cantines, Mouans-Sartoux a aussi reçu cette année une dotation de la fondation Carasso pour l'alimentation durable (50.000 euros/an pendant trois ans).
- Avec AFP