À l'académie de Nice, le taux de réussite au brevet gonflé de 5 points

En 2023, le taux de réussite au brevet des collèges dans l'académie de Nice a été réhaussé de 83,99% à 89,11% après des correctifs académiques. Une pratique de longue date qui va disparaître cette année.

L'académie de Nice voit les choses en grand. L'année dernière, le rectorat qui administre les établissements scolaires du Var et des Alpes-Maritimes a revu à la hausse le taux de réussite des élèves au diplôme national du brevet (DNB). 

C'est ce que révèle Le Figaro, qui dévoile une note de simulation réalisée par les services du premier ministre, dans laquelle apparaissent les taux de réussite réels des élèves, avant qu'ils ne soient réétudiés par le rectorat. 

On apprend ainsi que le taux de réussite au brevet des collèges dans l'académie de Nice passe en 2023 de 83,99 % à 89,11 % après rectification rectorale.

Soit une revalorisation positive de 5,12 points de pourcentage.

Dans ce que le quotidien national désigne comme "un grand bidouillage", l'académie de Nice est celle qui gonfle le plus les résultats de ses élèves, derrière l'académie de Créteil, dont le taux de réussite mute de 82,19 % à 88,08 %.

Celui de l'académie d'Aix-Marseille, dont relèvent les départements des Alpes-de-Haute-Provence, des Hautes-Alpes, des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse, enfle de 84,56 % à 88,59 %, augmentant ainsi de 4,03 points de pourcentage. 

Les correctifs académiques, une pratique bien connue

Pour l'ensemble des académies françaises, le taux de réussite s'élève de 86,21 % à 89,12 %. Une hausse qui se justifie par les "correctifs académiques". Cette pratique, bien connue, est largement répandue au moment des grands examens nationaux, et ce, depuis de longues années. 

"Il s'agit de la possibilité pour un recteur de réviser à la hausse les notes de l'ensemble des élèves d'une académie, en ajoutant par exemple un point lorsque l'on constate une différence par rapport à l'année précédente", explique Édouard Geffray, directeur général de l'enseignement scolaire (Dgesco) dans Le Figaro. 

Ces correctifs académiques sont donc apportés par le recteur pour l'ensemble des moyennes des élèves, après une première harmonisation des notes réalisée pour lisser la différence d'appréciation entre les profs qui notent "dur" et ceux qui notent "facile". 

Comme le ministère a pu l'expliquer, les correctifs académiques qui se traduisent par un rehaussement des moyennes des candidats a été mis en place pour permettre à des élèves dont la moyenne était limite (ex : 9,7) d’obtenir le DNB (diplôme national du brevet).

se défend le rectorat de Nice dans un communiqué.

Celui-ci ajoute : "Cette pratique est manifestement ancienne et nous ignorons ce qui explique son importance dans l'académie de Nice. Informée de cette situation quelques mois après son arrivée, la rectrice de l'académie de Nice avait demandé au président du jury du DNB de réduire progressivement le niveau de ces correctifs pour éviter une diminution trop brutale du taux de réussite comparativement aux autres académies"

Une réponse surprenante puisque l'académie de la rectrice de Nice Natacha Chicot est l'une de celles à avoir le plus rehaussé son taux de réussite et que cette décision revient justement aux recteurs d'académie. Le réajustement des chiffres résulte donc de son action, ou, à défaut, a été validé par Natacha Chicot.

Cependant, impossible de savoir si le gonflement du taux de réussite au brevet en 2023 a diminué par rapport à 2022, les données des années précédentes étant inconnues. 

En parallèle de ces arrangements avec la réalité qui sont manifestement devenus une norme, les professeurs dénoncent une pression pour noter toujours plus souplement. "Les correcteurs reçoivent des consignes très claires, confie un ancien professeur de SVT et syndicaliste au SNES-FSU, si les notes sont trop faibles, ça ne va pas ! L'inspection nous disait sans arrêt "vous notez trop sévères", et ces instructions venaient directement du rectorat et donc du ministère de l'Éducation", continue celui qui déplore que "le brevet n'a plus de valeur". 

La révolution du brevet

Le premier ministre Gabriel Attal a annoncé début décembre 2023, lorsqu'il était encore ministre de l'Éducation nationale, vouloir mettre fin à la pratique des correctifs académiques. Ceci entraînera mécaniquement une chute du taux de réussite au brevet des collèges, qui devrait être observable dès cette année. "Je l'assume", avait déclaré l'hôte de Matignon. Propos qu'il a réitéré récemment :

De son côté, la rectrice de l'académie de Nice a indiqué qu'elle "se réjouit de l'annonce de la suppression de ces correctifs pour toutes les académies. Cette suppression devrait redonner tout son sens aux notes données par les professeurs, étant entendu que des commissions d'harmonisation propres à chaque épreuve continueront à se réunir pour éviter les différences de traitement entre lots de copie. Cette harmonisation des notes peut d'ailleurs se faire à la hausse comme à la baisse".

Le brevet nécessaire pour entrer au lycée

Et puisque qu'il en faut plus pour mener une petite révolution, l'obtention du brevet sera désormais nécessaire pour entrer au lycée. Si les élèves de troisième ratent cet examen, ils ne pourront plus accéder à la seconde et devront suivre une année de "prépa seconde". Cette dernière mesure de l'Education nationale vise à consolider, durant une année de cours supplémentaire, les acquis du collège.     

"C'est une fumisterie, on n'a absolument pas les moyens de mettre en place ces classes spécialisées", s'esclaffe l'ancien professeur de SVT. De plus, à partir de 2025, les épreuves compteront davantage (60%) que le contrôle continu (40%). Jusqu'ici, ce dernier comptait tout autant que l'épreuve orale et les épreuves écrites de français, mathématiques, histoire-géographie et sciences. 

Selon Le Figaro, ce changement de l'évaluation conjugué à la suppression des correctifs académiques pourrait amener le taux de réussite moyen au diplôme national du brevet à 80 %. Soit plus de 9 points en dessous du taux de réussite de 2023 (89,12%).

Reste à voir si Gabriel Attal "assume", à l'heure où le système éducatif français ne cesse d'être décrié et de dégringoler dans les classements internationaux. 

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