Pendant les fêtes de Noël, de nombreux objets connectés seront sous le sapin pour le plaisir des petits et des grands. Mais Pierre Penalba, spécialiste en cybercriminalité, met en garde contre la dangerosité de certains d'entre eux.
Au milieu de la joie des retrouvailles familiales et l'excitation que suscitent les appareils électroniques, il est important d'adopter les bons gestes pour protéger sa vie privée, sa sécurité et la sécurité numérique de sa famille.
Pendant les fêtes de fin d'année, les cybercriminels sont particulièrement actifs. Ils profitent de l'agitation pour exploiter les personnes qui ont baissé la garde. France 3 Côte d'Azur a posé trois questions à Pierre Penalba, expert en cybercriminalité et ancien commandant du service de lutte contre la cybercriminalité à la PJ de Nice.
Quelles sont les principales menaces ?
Pierre Penalba : Les objets électroniques que vous pouvez acquérir peuvent être hackés à différents niveaux. Ils peuvent être piratés à l'origine, c'est-à-dire qu'ils comportent des liens malicieux à l'intérieur qui permettent de vous espionner. Le problème, c'est lorsqu'on ne sait pas l'origine de l'objet. Souvent on voit une promotion ou une publicité alléchante d'une entreprise inconnue mais on ne sait pas si cet objet est piraté ou non. Une autre menace importante concerne les mots de passe d'origine. Tous les objets connectés que vous avez ont un mot de passe qui est connu de tous les hackers. Si ce mot de passe n'est pas modifié, vous rendez votre domicile ou votre famille vulnérable. C'est un vrai danger.
Des exemples d'objets piratés ?
Très souvent les télévisions connectées sont équipées d'un système audiovisuel de caméra qui vous permet de faire de la visioconférence. Ces objets ont un mot de passe par défaut que tous les hackers connaissent donc ça permet virtuellement à n'importe qui de se connecter sur l'objet et d'espionner les gens chez eux à leur insu.
L'autre danger, ce sont les objets connectés pour les enfants. Par exemple, vous avez des peluches ou des poupées connectées qu'on peut pirater facilement. Il est alors facile d'entrer en contact directement avec les enfants qui les utilisent. On a eu le cas d'une petite fille qui utilisait une poupée connectée qui pouvait sortir des phrases en fonction de la situation... Dans ces poupées, il y a des petits ordinateurs très simples qui ont permis une dizaine de cas de piratage de pédocriminels. Ils utilisaient ça pour dialoguer avec l'enfant.
Quels sont les conseils pour se protéger ?
Le principal conseil, c'est d'essayer systématiquement d'acheter un objet électronique sur une plateforme officielle comme la Fnac ou Amazon, avec une sécurité dans l'approvisionnement. Il faut essayer d'acheter un objet pas uniquement par rapport au prix mais aussi par rapport à la garantie. C'est important. Il faut éviter tous les objets à très bas coûts qui promettent de très grosses performances. Souvent vous avez des escroqueries derrière, au niveau de l'électronique ou de l'espionnage qui est fait contre vous d'une manière ou d'une autre.
Le deuxième conseil, c'est de changer impérativement le mot de passe d'origine de tous les objets connectés qu'on reçoit, que ce soit une caméra connectée, un téléphone, une tablette.
Enfin si vous avez des enfants qui ont des objets connectés, vérifiez qu'ils soient connectés au wifi, vérifiez qui peut avoir accès à ces objets et restez vigilants par rapport à l'usage qu'ils en font. Un enfant qui va l'utiliser tout seul dans sa chambre peut être victime d'une agression verbale, une agression de quelqu'un qui ne lui veut pas du bien. Tout ce qu'on offre de connecté, c'est une porte vers l'extérieur, vers quelqu’un de mal attentionné.