Affaire PIP: un chirurgien niçois assigné en référé pour faute professionnelle


La soeur d'Edwige Ligoneche, une porteuse de prothèses mammaires PIP défectueuses morte d'un lymphome en novembre à Marseille, a tenté de convaincre vendredi un juge des référés niçois que le chirurgien qui avait opéré sa soeur avait commis une faute professionnelle.

Le Dr Denis Boucq a opéré Edwige Ligoneche à trois reprises, en 2005, 2006 et 2009 pour lui poser des prothèses mammaires PIP. La soeur de la patiente, Katia Colombo, a assigné le plasticien pour "défaut d'obligation de conseil et manquement aux règles professionnelles".

Devant la juridiction du fond, elle lui réclame quelque 320.000 euros de dommages et intérêts, mais dans l'attente de ce procès, elle a engagé un référé pour obtenir
au plus vite une provision de 30.000 euros afin d'indemniser son préjudice. 

Vendredi, en référé, son avocate, Me Isabelle Colombani, a assuré que trois semaines avant sa mort, Edwige avait confié un mandat à sa soeur, où elle lui donnait pouvoir "de poursuivre toutes les actions engagées et celles à venir contre ces tueurs". 

"Ce mandat ne visait pas du tout le Dr Boucq avec lequel elle était en très bons termes", a rétorqué le conseil du médecin, Me Véronique Estève.

Les principaux griefs de Me Colombani remontent à octobre 2006, date à laquelle le chirurgien réopère en raison d'une complication survenue chez Edwige Ligoneche, à laquelle il a implanté des prothèses PIP un an plus tôt. 


Alors, a dénoncé son avocate, "il lui fait signer un document contractuel où la patiente confirme que tout lui a été expliqué et où il est écrit qu'il s'agit de prothèses McGhan", la Rolls des implants mammaires, "alors qu'en fait il s'agit de prothèses PIP", selon elle deux fois moins chères.

"Ce n'est pas une atteinte à son consentement éclairé", s'est agacée Me Estève, mais "une coquille", "c'est la secrétaire qui s'est trompée". En outre, la différence de prix serait bien moindre.

Le hic, selon Me Colombani, c'est que la notice des implants PIP mentionne cinq contre-indications, comme la rupture d'une prothèse PIP par le passé. Or, en octobre 2006, le compte-rendu opératoire parle, selon elle, d'une "rupture de prothèse". Le Dr Boucq n'aurait donc pas dû reposer des implants PIP.

De son côté, le médecin a assuré à l'AFP qu'en 2006, il n'y a "jamais" eu de rupture et qu'il n'a fait que reposer les anciennes prothèses après avoir retiré la "coque", c'est-à-dire l'enveloppe fibreuse, qui s'était formée.

Dans ce dossier, c'est sans cesse parole contre parole, à l'image du nombre d'opérations esthétiques qu'aurait effectuées le Dr Boucq sur Edwige Ligoneche. Selon Me Colombani,"elle était une +addict+ à la chirurgie esthétique", "opérée 17 fois en cinq ans".

L'avocate assure détenir les factures. Faux, répond le plasticien qui ne recense que six interventions. 

Le juge des référés se prononcera le 12 octobre. Seulement, sur un dossier aussi complexe, il est fort probable que le "juge de l'évidence" ne puisse trancher et qu'il faille attendre le fond pour connaître la vérité. 

Par ailleurs, au pénal, une enquête pour homicide involontaire est en cours à Marseille dans le cadre du scandale PIP.

Avec AFP

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