Aide aux migrants : réactions suite à la relaxe d'un enseignant-chercheur à Nice

"Aujourd'hui en France, on a le droit de sauver des gens qui sont dans la détresse", s'est réjoui ce vendredi Pierre-Alain Mannoni : poursuivi pour avoir convoyé des Érythréennes venues d'Italie, cet enseignant-chercheur du CNRS a été relaxé par le tribunal correctionnel de Nice.

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A l'audience fin novembre, le procureur de la République de Nice Jean-Michel Prêtre avait requis six mois de prison avec sursis à l'encontre de M. Mannoni, 45 ans: "On peut porter secours, c'est un devoir, mais pas aider au séjour et à la circulation" d'étrangers en situation irrégulière, avait mis en garde le magistrat.

Le tribunal correctionnel a jugé que le chercheur à l'université de Nice Sophia Antipolis, en convoyant trois jeunes Érythréennes, avait agi "pour préserver leur dignité", a déclaré vendredi la présidente. La loi prévoit, depuis 2012, l'immunité pour les passeurs qui ne sont pas rétribués et qui agissent si la vie des personnes recueillies est jugée en péril. 
"Aujourd'hui en France, sachez-le, on a le droit d'héberger, on a le droit de nourrir, on a le droit de sauver des gens qui sont dans la détresse, on a le droit de les transporter chez soi lorsque les conditions sont nécessaires pour préserver leur dignité et leur intégrité physique", a réagi à sa sortie du palais de justice Pierre-Alain Mannoni: "Vous pouvez aider les gens, et je vous le recommande, ça
fait beaucoup de bien!"

Le président LR de la région Paca Christian Estrosi, qui a déjà plusieurs fois critiqué publiquement l'action des militants associatifs  qui aident les migrants dans les Alpes-Maritimes, a pour sa part déploré la décision du tribunal, évoquant sur Facebook "une insulte au
travail des forces de l'ordre qui mettent leur vie en danger pour protéger la nôtre" et assurant que "certains jihadistes se sont fait passer pour des migrants pour rentrer sur le territoire national". 

En visite vendredi après-midi à la Police aux frontières à Menton, M. Estrosi a aussi regretté cette décision: "Chaque fois que quelqu'un contrevient à la loi pour faciliter le passage de clandestins, c'est un mauvais message adressé à l'extérieur de nos frontières."

Sa réaction :

Situation de danger


M. Mannoni avait été interpellé le 18 octobre à un péage d'autoroute près de Menton avec, dans sa voiture, trois Érythréennes dont une mineure, qu'il emmenait à son domicile pour les héberger. Il était poursuivi pour aide au séjour et aide au transport d'étrangers en situation irrégulière. 
"On a entériné effectivement la solidarité et la nécessité de savoir faire preuve d'humanité lorsque des personnes sont dans une situation de danger, dès lors qu'il peut être porté atteinte à leur dignité", a commenté son avocate, Maeva Binimelis. 
"Cette relaxe est un signal républicain certain mais qui ne doit pas faire oublier la recrudescence malsaine des poursuites de citoyens français, bénévoles et solidaires, qui sont inquiétés pour être venus en aide à des migrants. Ce jeu judiciaire d'intimidation est insupportable", a réagi de son côté dans un communiqué Dominique Sopo, président de SOS Racisme.
- Avec AFP -
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