Les Alpes-Maritimes, le département où il est le plus difficile de se loger en France, selon la Fondation Abbé Pierre

Alors que l'association a publié jeudi 30 janvier son rapport annuel sur l'état du mal-logement en France, le directeur de l'antenne régionale en Paca, Florent Houdmon pointe une situation critique et dénonce le manque d'action politique dans les Alpes-Maritimes.

La vie n'est pas moins pénible au soleil. C'est en substance la conclusion que l'on peut faire de l'état du mal-logement dans les Alpes-Maritimes, en 2020.

Ce jeudi 30 janvier, la Fondation Abbé Pierre a publié son 25e rapport annuel sur l'état du mal-logement en France. Pour l'occasion, Florent Houdmon, directeur régional de l'association en Paca, était invité de la matinale de France Bleu Azur, diffusée sur France 3 Côte d'Azur.
 


Et la situation dressée est critique. "Je suis désolé de le dire, mais les Alpes-Maritimes, qui sont présentées comme un département riche, ne l'est finalement pas autant que cela", a tancé Florent Houdmon.


"C'est en réalité un département très inégalitaire, où le taux de pauvreté est plus élevé que la moyenne nationale, a-t-il continué. Plus du quart des logements locataires sont sous le seuil de pauvreté et on a moins de 11% de logements sociaux dans ce département, contre 17% en moyenne nationale."

Un demandeur sur neuf obtient un logement social à la fin de l'année.


À noter que la loi SRU (solidarité et renouvellement urbain) impose aux communes de plus de 3.500 habitants, intégrées à une agglomération ou une intercommunalité de plus de 50.000 habitants, comprenant au moins une commune de plus de 15.000 habitants, de posséder 20 ou 25% de logements sociaux.

"Il est nécessaire que les maires des Alpes-Maritimes s’engagent à respecter la loi, alerte Florent Houdmon. Plus d’un sur deux est carencé sur la loi SRU, et ne fait pas d’effort, en disant 'pas de ça chez moi'." Selon le directeur de la Fondation Abbé Pierre Paca, seulement "un demandeur sur neuf obtient un logement social à la fin de l'année".


Taux d'effort le plus élevé de France


À cette carence, répond parallèlement un prix de l'immobilier très élevé, source lui aussi de difficultés. À tel point que selon Florent Houdmon, en matière de logement, les Alpes-Maritimes sont le département où "le taux d'effort (la part du revenu des ménages consacrée au logement, ndlr) est le plus élevé de France, devant Paris". 

Dans le 06, le prix des loyers, très élevé, suit la même tendance qu'à Paris, "mais les revenus sont plus faibles", expose le responsable associatif. Cette dimension du logement élargit le spectre de la Fondation Abbé Pierre, à l'origine focalisée sur la défense des sans-abris.

"Ici, ce sont les classes moyennes qui sont mises en difficulté dans leur logement", constate Florent Houdmon. Outre les conditions de sans-abrisme ou de logement indigne extême, touchant 4 millions de personnes, de plus en plus de personnes sont en souffrance pour se loger.


12 millions de personnes fragilisées en France


Ainsi, selon l'association, 12 millions de personnes sont fragilisées dans leur logement sur l'ensemble de la France, avec des difficultés à payer leur loyer, se chauffer, payer leurs factures ou encore en cohabitant avec trop de personnes par rapport à la surface habitable.

Face à cette situation, la Fondation Abbé Pierre appelle à une forte mobilisation des pouvoirs politiques, du gouvernement à l'ensemble des collectivités locales.

Les candidats aux élections municipales sont particulièrement visés, notamment sur la question des logements sociaux, où les communes sont pleinement compétentes. Des dispositifs comme l'encadrement des loyers, expérimenté dans plusieurs villes comme Lille, Paris, Nantes, pour ne citer qu'elles.
La Fondation Abbé Pierre Paca dénonce l'arrêté anti-mendicité de Christian Estrosi
En présentant les grandes lignes du rapport annuel du mal-logement de la Fondation Abbé Pierre, le directeur régional de l'association en Paca en a également profité pour dénoncer certaines politiques menées contre les plus démunis. Le premier visé a été Christian Estrosi. "J'appelle le maire de Nice à abroger son arrêté anti-mendicité dont d’ailleurs on contestera la légalité", a ainsi déclaré Florent Houdmon. Depuis 2009, la Ville de Nice prend des arrêtés contre la mendicité "agressive", pendant l'été, pour lutter contre "le trouble de la tranquillité et la sûreté des personnes" et "la gêne à la circulation" dans les secteurs touristiques et aux abords des commerces de proximité. La Ligue des droits de l'Homme avait déjà attaqué cet arrêté en justice en juillet 2019.
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