Un Britannique de 74 ans à l'appétit sexuel insatiable, sorte de "Docteur Jekyll et Mister Hyde", a été condamné jeudi à 30 ans de réclusion pour le meurtre d'une sexagénaire et le viol et la tentative de meurtre d'une jeune colocataire. Le jury de la cour d'assises a suivi les réquisitions.
Le jury de la cour d'assises des Alpes-Maritimes a suivi les réquisitions de l'avocate générale Julie Rouillard. Il a toutefois assorti la réclusion criminelle d'une interdiction définitive du territoire français en cas d'éventuelle sortie de prison.
L'ancien cuisinier Robert Dolby, qui avait bourlingué dans le monde, s'était installé sur la Côte d'Azur en 2005.
A l'énoncé du verdict, le Britannique est resté de marbre, comme durant tout son procès de quatre jours, durant lequel il n'a concédé réellement que des coups donnés à sa jeune colocataire. Les parties civiles, satisfaites, ont laissé cours à leur émotion, a souligné leur avocate Charlotte Moreau.
En 2012, la police avait fouillé le passé de Robert Dolby. Cindy, sa jeune colocataire malvoyante alors âgée de 29 ans, venait de l'accuser de viol et de tentative de meurtre pour avoir refusé ses violentes avances. Les enquêteurs découvrent alors qu'Annie-Claude Chevalier, 67 ans, est décédée deux ans plus tôt au domicile du Britannique, après un dîner arrosé à Roquebrune-Cap-Martin (06).
Reportage BRUCKER Marc, FELIX EMMANUEL et DELANNOY Claire
Je suis passée à 30 secondes de la mort
"Je suis passée à 30 secondes de la mort", avait estimé à la barre la survivante Cindy, "Je me suis battue de toutes mes forces", "il m'a rouée de coups", a-t-elle raconté.
La jeune femme avait été agressée dans son lit en pleine nuit, le 25 février 2012, et avait subi une pénétration digitale, avant de s'échapper en craignant pour sa vie. Cindy souffre après l'agression de multiples hématomes et griffures, d'un nez cassé, présente surtout des traces de strangulation au cou.
Cindy l'avait rencontré dans le bar d'un palace de Monaco et la solitude du veuf sans enfants, rassurant et paternel, l'avait touchée.
Elle ne savait pas qu'en 1991, à 51 ans, il avait été condamné au Royaume-Uni à quatre ans de prison pour agression sexuelle d'une collègue de travail qu'il avait invitée à dîner et qui s'était retrouvée nue dans la rue, en état de choc.
Le jury s'est montré convaincu que la pimpante Annie-Claude Chevalier a bien été droguée puis étouffée par son hôte deux ans plus tôt. Cette grande voyageuse, mariée deux fois à des anglo-saxons, avait fait la connaissance de M. Dolby à travers une association de Britanniques.
Un médecin légiste de 85 ans avait conclu à l'époque à une mort naturelle. Mais un urgentiste du SAMU avait émis des doutes, constatant le calme étrange de Robert Dolby, les traces de rouge à lèvres de couleur criarde sur deux coussins, ainsi que la couleur bleutée de la victime.
Le corps avait été exhumé et des examens avaient révélé des traces d'un puissant somnifère, le "Zolpidem", pouvant faciliter un décès par étouffement, en douceur sans laisser de traces. Le Britannique avait été en possession de ce médicament pour son épouse décédée d'un cancer en août 2009.
M. Dolby avait indiqué être allé à la cuisine après des préliminaires sexuels et avoir découvert sa mort à son retour. Son avocat Jacques Peyrat
a immédiatement fait appel. "Mon client affirme avec véhémence qu'il n'a pas tué Annie-Claude Chevalier. Pourquoi l'aurait-il tuée? Il y a un motif?", s'interroge-t-il.