Ils ont été les premiers sur place. Quatre policiers municipaux ont fait face au terroriste et l'ont intercepté. Ils sont depuis restés dans l'anonymat, mais ont accepté de nous écrire une lettre pour nous raconter leur ressenti, un an après l'attentat.
Nous avons été primo intervenants sur cette dramatique et tragique situation. Nos gestes techniques professionnels acquis lors de nos formations, nous ont permis de maîtriser notre action malgré un stress certain.
P.S / L.C / A.P policiers municipaux de Nice
Les mots sont choisis, mais la sincérité des policiers transparaît. Nous n'avons pas rencontré les policiers "primo-intervenants" de l'attentat de la basilique de Nice. La lettre nous a été communiquée par les services de la Ville. Ils ont souhaité garder l'anonymat mais acceptent de nous livrer leur ressenti, un an après, par écrit.
Une intervention rare
Ce 29 octobre 2020, lors de l'attentat de la basilique Notre-Dame, les forces de l'ordre sont alertées par des témoins grâce à une borne d'appel d'urgence placée devant la basilique. Ce sont les policiers municipaux qui interviennent en premier, alors que l'assaillant se trouve toujours à l'intérieur. Quinze agents se rendent sur place. Quatre d'entre eux interceptent l'assaillant en passant par la porte latérale de la basilique.
L'assaillant sortait, il aurait pu faire d'autres victimes, ils ont cette fierté d'avoir sûrement sauvé la vie d'autres personnes
Thierry Mazoyer, chef de service à la direction de la police municipale
Nous avons rencontré le chef de service, Thierry Mazoyer, qui était ce jour-là aux côtés de ses collègues : "Il faut comprendre qu'un policier municipal porte une arme mais il espère ne pas avoir à l'utiliser. Ce jour-là, ils ont commencé par un tir de taser, puis ils ont fait feu. Le suspect, armé, a reçu une dizaine d'impacts de balles."
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Une "intervention réussie"
Thierry Mazoyer salue la bravoure de ses collègues. L'intervention a été une réussite : "Ils sont entrés avec beaucoup de lucidité, un grand professionnalisme. On est fier de voir qu'ils ont appliqué leur formation à la lettre".
Un suivi psychologique essentiel
Les policiers municipaux ont été tout de suite pris en charge par des psychologues, "afin de nous orienter et de faire le point sur cette situation de crise." Un soutien ponctuel qui s'accompagne d'un suivi sur le long terme.
Un an après
Depuis, les policiers ont repris du service : "Notre vie professionnelle n’est bien évidemment plus la même depuis ce jour. Si nous avons ressenti le besoin de reprendre nos uniformes et de poursuivre notre mission de protection des Niçoises et des Niçois, ce jour du 29 octobre 2020 nous marquera à jamais et a fait de nous des policiers municipaux différents."
Le chef de service Thierry Mazoyer nous explique " Ils ont eu le contre-coup, forcément. Ils garderont en mémoire cette action." Cet événement a pourtant soudé les équipes bien au-delà du seul équipage qui a arrêté l'assaillant.
Un hommage partagé
Toute la police municipale se sent solidaire. C'est d'ailleurs à ce titre (mais aussi pour l'action de la police lors de l'attentat de la Promenade des Anglais et lors de la tempête Alex) que la police municipale a défilé à Paris sur les Champs-Elysées lors du 14 juillet 2020.
Pour l'hommage aux victimes de l'attentat de la basilique de Nice, le 29 octobre 2021, les policiers s'associent à la douleur des familles. Tout en restant anonymes pour se protéger et ne pas s'exposer, ils continuent leurs missions au sein de la police municipale niçoise.