Un an après l'attentat de la basilique Notre-Dame à Nice, le point sur l'enquête

Avant les commémorations prévues en fin de semaine, nous entamons ce lundi une série d'articles consacrés à l'attentat de la basilique Notre-Dame de l'Assomption à Nice. L'attaque au couteau a fait trois morts. Le point sur l'enquête.

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Le jeudi 29 octobre 2020 au matin, à 8h30, un homme s'introduit dans la basilique, grimé et armé.

En l'espace d'un peu moins d'une demi-heure, il attaque et blesse mortellement, au couteau, trois personnes présentes sur les lieux : Nadine Devillers, une Niçoise de 60 ans venue prier de bon matin, est la première. Puis, le sacristain Vincent Loquès, père de deux filles, âgé de 54 ans. Enfin une autre fidèle, Simone Barreto, 44 ans. Cette mère de trois enfants décèdera quelques minutes plus tard dans un café tout proche où elle s'est réfugiée.

 

Un peu avant 9 heures, un témoin prévient la police municipale en appuyant sur le bouton-alarme d'une borne d'urgence. Une équipe de quatre agents pénètre rapidement dans l'éditice par le côté gauche. Les hommes se retrouvent face à l'assaillant, armé, et font feu. L'homme, blessé, est interpellé.
L'assaut de la police municipale a été filmé par un riverain :

 

Quatorze étuis de balles seront retrouvés au sol. Le suspect, grièvement blessé, est transporté à l'hôpital Pasteur et pris en charge en réanimation. 
Sur place, les enquêteurs ont trouvé l'arme du crime, un couteau avec une lame de 17 cm, selon le procureur antiterroriste Jean-François Ricard qui ouvrira une information judiciaire pour  « assassinat et tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste ». 

Le suspect est un Tunisien de 21 ans arrivé en France quelques semaines plus tôt

L'auteur présumé de l'attaque est rapidement identifié grâce à un document de la Croix rouge italienne. Il s'agit d'un ressortissant tunisien âgé de 21 ans, arrivé en Europe par l'île italienne de Lampedusa, quelques semaines plus tôt, le 20 septembre 2020.

En Tunisie, une enquête est également ouverte. La justice indique alors que le suspect avait dans son pays des antécédents judiciaires de droit commun, de violence et de drogue.

 

Décembre 2020 : mise en examen de Brahim Aouissaoui

Gravement blessé et testé positif au coronavirus, Brahim Aouissaoui est transféré début novembre dans un hôpital de la région parisienne. C'est là que, le 7 décembre, il se voit signifier sa mise en examen pour "assassinats en relation avec une entreprise terroriste", "tentatives d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste" et "participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle". 

Avril 2020 : première audition, une amnésie réelle ou feinte ?

Le 6 avril 2021, le juge d'instruction peut réaliser son premier interrogatoire du suspect au sein de l'hôpital pénitentiaire de Fresnes, où il est à l'isolement.

 

 

Selon les informations recueillies par Franceinfo, il déclare alors au magistrat "ne pas se souvenir des événements survenus en France, ni de son passage de plus d'un mois en Italie, ni même, à quelques détails près, de son passé en Tunisie". La thèse de l'amnésie, qui sera encore la sienne lors d'une audition plus récente :

"Je me souviens avoir quitté la Tunisie en direction de la France pour chercher du travail. Tout s'arrête pour moi après être arrivé sur le sol français, je ne me souviens de rien." a-t-il expliqué au magistrat selon Franceinfo. Il ajoutera qu'il ne se rappelle pas non plus de ses parents, ni même de leurs prénoms.

Le juge d'instruction a missionné un psychiatre et un neurologue pour déterminer si cette amnésie est réelle ou simulée. 

Une pathologie pourrait être à l'origine de l'amnésie de mon client, j'attends l'expertise psychiatrique qui devrait être rendue autour du mois de novembre 2021

Tewfik Benzenoune, avocat de Brahim Aouissaoui

Une thèse qui ne convainc pas l'avocate de la famille de Vincent Loquès :

Il passe d'une stratégie à une autre mais ça ne change rien à la vérité.

Samia Maktouf, avocate de la famille d'une des victimes

 

La piste de la préméditation privilégiée par les enquêteurs

Pour les enquêteurs, la piste de l'acte prémédité est privilégiée. Brahim Aouissaoui se serait radicalisé plusieurs mois auparavant.

Les caméras de vidéosurveillance ont enregistré le suspect près de la basilique Notre-Dame de l'Assomption quelques jours avant l'attentat, lançant supposer des repérages de sa part. 

Un seul accusé pour le procès

Le procès ne pourra pas avoir lieu avant plusieurs années. Des questions demeurent sur le parcours exact du suspect et sur ses éventuels complices. Les quatre personnes suspectées d'avoir joué un rôle dans la préparation de l'attentat et placées en garde à vue juste après les faits ont toutes été remises en liberté sans poursuites.

Pour les familles des victimes, l'expression d'une vérité judiciaire est importante ainsi que la reconnaissance du statut de victimes. Après le temps du deuil, il faudra affronter l'expérience douloureuse mais nécessaire du procès. 

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