L'avenir du Negresco devait se jouer ce vendredi 13 octobre. Le palace niçois géré par une administratrice judiciaire depuis le placement sous tutelle de sa propriétaire en 2013, pourrait connaître une nouvelle gouvernance. La situation inquiète les salariés. L'affaire ne sera jugée que plus tard.
Quelques jours après une première audience qui avait tourné court, le tribunal de commerce était saisi en référé du dossier relatif à la gestion du Negresco ce vendredi 13 octobre.
Le tribunal a décidé de modifier la procédure. Mardi 17 octobre, il sera décidé de la forme que doit prendre l'action. Le procureur a en effet préféré se retirer afin qu'une autre procédure, qui elle ne se fera pas dans l'urgence d'un référé.
"Le procureur de la République s'est dessaisi de sa demande pour des points de procédure qui avaient été soulevés et il va régulariser une nouvelle requête, à la suite de quoi une autre audience sera fixée", a expliqué Me Candice Guigon-Bigazzi, l'avocate du comité d'entreprise du Negresco.
Une trentaine de salariés étaient présents au tribunal de commerce de Nice ce vendredi matin :
C'est le mode d'administration de ce fleuron de l'hôtellerie azuréenne qui est en cause. L'hôtel est géré par une administratrice judiciaire depuis le placement sous tutelle en 2013 de la propriétaire Jeanne Augier, 94 ans.
Le parquet, qui avait encouragé cette solution à l'époque, veut désormais que la gestion de l'établissement soit confiée à un professionnel du tourisme via un mandat ad-hoc.
Le tribunal de commerce devait donc se prononcer sur ce changement juridique demandé par le parquet et qui n'a rien d'une nuance puisqu'il permettrait l'arrivée un directeur général privé doté d'une latitude que n'a pas l'actuel directeur, salarié.
► Rappel de la situation :
L'administratrice judiciaire, Me Nathalie Thomas, "n'a pas démérité mais ce n'est pas une professionnelle du tourisme et de la gestion d'un établissement de ce gabarit, ce n'est pas son job! Quatre ans c'est bon mais ça suffit, il faut qu'on passe à autre chose", explique le procureur de Nice Jean-Michel Prêtre, dont la démarche a été révélée fin septembre par Nice-Matin.
"Heureusement, le Negresco n'est pas en cessation de paiement ni en péril, mais c'est une entreprise qui mérite qu'on voie à 5 ou 10 ans.
On ne peut pas se contenter d'attendre la disparition de Mme Augier", exposait-il en début de semaine à la presse.
► L'histoire du palace :
L'actuelle administratrice se défend et estime que le procureur "a ouvert la boîte de pandore". "Je n'arrête pas d'avoir des appels de gens qui veulent acheter l'hôtel, d'autres qui visitent!", ajoute Me Thomas à propos de cet établissement Belle Epoque, dernier palace familial de l'Hexagone resté français.
Une cinquantaine de membres du personnel s'étaient déplacés pour protester lors d'une première audience devant le tribunal de commerce le 29 septembre, en tee-shirts
blancs floqués d'une inscription rouge "Je suis le Negresco. J'aime ma boîte, j'aime mon job".
Les "petits de Madame"
"Les "petits de Madame" (le surnom que leur donnait la propriétaire de l'établissement, NDLR) sont et seront présents et attentifs à l'avenir de leur +Maison+", écrit dans un communiqué transmis à l'AFP le bureau du comité d'entreprise Negresco, soulignant que les salariés étaient "dans une très large majorité" en faveur du maintien de l'administration judiciaire.
En raison de sa renommée, ce fleuron original, actuellement d'une faible rentabilité, pourrait valoir "entre 300 millions et 400 millions" d'euros, estimait en 2016 Me Thomas. S'y ajoutent le mobilier et les oeuvres d'art aux styles éclectiques accumulés par Mme Augier, collectionneuse compulsive.
- Avec AFP