Pessimiste ou simplement clairvoyant, l'artiste et philosophe Joann Sfar raconte comment il a vécu depuis un an, après l'attaque du 7 octobre. Le niçois a répondu à l'invitation de la mairie pour ériger une stèle mémorielle pour les morts et en hommage aux otages toujours détenus à Gaza. Nous l'avons rencontré quelques minutes après la fin d'une cérémonie sobre et touchante.
"Vivre". Voilà le message que l'artiste Joann Sfar a voulu délivrer à travers son œuvre, une stèle dévoilée dans le parc de la Colline du Château à Nice lors de la cérémonie de commémoration de l'attaque du 7 octobre en Israël.
Lorsqu'on interroge le Niçois sur son œuvre, il prend le temps d'expliquer ce que lui ressent depuis un an, en tant qu'individu de confession juive. Et s'en prend au monde politique, il confie à France 3 Côte d'Azur : "la communication que font nos politiques est très peu entendue au Proche-Orient. Quand un homme politique prend la parole en France, on l'entend en France."
Mais ce qui le touche le plus c'est l'après 7 octobre, comme si tout avait changé du jour au lendemain : "depuis le 7 octobre, la vie des personnes de confession juive a été modifiée. Parce qu'il y a eu une explosion d'actes antijuifs. Les juifs représentent 0,6% de la société française et totalisent 60% des actions racistes", selon lui.
Survivre
Et l'artiste d'ajouter : "On essaie de survivre à ça. Aujourd'hui, on est résigné à vivre ça. Résigné mais pas prêt à renoncer. Une sorte de combat dont la stèle qu'il a dévoilée, fait écho : "le symbole que j'ai voulu mettre en avant, c'est le Raï, le symbole de la vie, ce n'est ni la victoire ni la revanche, c'est la vie et l'envie de survivre. L'envie que tout le monde puisse vivre ensemble."
Autour de la stèle, des bougies ont été déposées permettant à tout un chacun de venir se recueillir avec une grande dignité. À un autre moment, des notes de violon retentissent celles de John Lennon évoquant la paix à travers le célèbre "Imagine". Comme un appel à la paix.
Et de conclure : "Je pense qu'après le 7 octobre, la paix a reculé de 20 ans et justement si on n'arrive pas à faire la paix, c'est une catastrophe mondiale."