Coronavirus : de Bangkok à Nice, le difficile retour de deux infirmières

Elles s’appellent Lorrie et Fanny. Elles sont infirmières, l’une dans les Alpes-maritimes, l’autre dans le Var. Alors que la France en manque cruellement, elles ont eu un mal fou à rentrer en urgence de Bangkok, elles témoignent.

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Ca devait être des vacances de rêve au Cambodge. Le voyage des deux jeunes infirmières s’est terminé dans l’enfer de l’aéroport de Bangkok.

Parties le 13 mars dernier, après s’être assurées auprès des autorités françaises que leur retour serait possible, les deux amies ont décidé de rentrer en urgence après le discours d’Emmanuel Macron le 16 mars, convaincues que leur place était en France, aux côtés des malades.
 



Une fois arrivées à Bangkok, elles ont été prises dans une nasse, comme des centaines d’autres Français : bloquées dans l’aéroport pendant 48 heures, assistant à l’annulation en cascade de nombreux vols, notamment ceux passant par Singapour.

« On a contacté l’Ambassade, le Consulat, le Ministère des affaires étrangères, en précisant qu’on était infirmières et qu’on voulait rentrer pour aider nos collègues, raconte Lorrie Diaz.

On a nous a répondu qu’aucun rapatriement n’était prévu pour le moment parce que les lignes aériennes n’étaient pas coupées en Thaïlande ». Pas coupées, mais suffisamment perturbées pour laisser en rade des touristes venus de toute l’Europe, tandis que le prix de certains vols s’est envolé.

« On nous a proposé des billets retour à 4500 euros, donc c’était aberrant. Il ne restait que des places en business class. Et pourtant, dans le vol retour qu’on a réussi à avoir, il y avait beaucoup de sièges vides. On n’a pas vraiment compris » se désole Fanny Deligny.

Face aux annulations en cascade, les deux amies ont du acheter trois billets consécutifs, dépensant chacune plus de 1500 euros supplémentaires, sans compter les frais d’hôtel.
 
« On a eu la chance de rentrer aujourd’hui, parce qu’on parle anglais, résume Lorrie Diaz, parce qu’on la chance d’avoir les fonds nécessaires sur nos comptes en banque, mais faut savoir que c’est pas le cas de tout le monde là-bas. Personne ne nous aide, on est complètement livré à nous-mêmes »

Même sentiment d’abandon à leur arrivée à Nice, ce midi : « On n’a eu aucune information, aucun contrôle, aucune aide, alors qu’on revenait d’une semaine à l’étranger : pas de document à remplir. On apprend les informations au fur et à mesure sur les médias : ne pas être à côté en voiture par exemple, donc on va se séparer » dit Lorrie Diaz sur cette vidéo enregistrée sur la route du retour.

Toutes deux désormais en France, elles veulent lancer un cri d’alarme pour tous ceux restés sur place : 


Il y a beaucoup de personnes qui sont en difficulté, qui dorment dans les aéroports, qui n’ont pas forcément les ressources pour manger, pour s’acheter des billets (…) qui se retrouvent dans des zones confinées alors qu’on est en pleine pandémie, dans des aéroports, les uns sur les autres à faire la queue.


Toutes deux vont reprendre leur travail au plus vite. Fannie Deligny est infirmière dans un service de soins palliatifs à domicile, à l’institut Arnault Tsanck. Lorrie Diaz, elle, travaille en libéral, près de Toulon. Elle a déjà contacté des hôpitaux pour proposer son aide : « je ne suis pas infirmière en réanimation mais je peux sûrement aider dans d’autres services, ou même rejoindre un service de réa s’il le faut, je m’adapterai au mieux ».
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