Pourquoi certains patients sont-ils plus que les autres plus vulnérables au Covid-19 ? A Nice, on a trouvé la solution. Médecins et chercheurs ont mis en évidence l'importance des péricytes, petites membranes qui entourent les vaisseaux capillaires pulmonaires dans la prolifération du virus.
Thierry Passeron, professeur en dermatologie au CHU de Nice, et chef d'une équipe de l'INSERM est parti d'un constat.
Pour lui, la peau des malades du Covid-19, placés en soins intensifs, présentait un aspect "anormal". Il y avait forcément pour lui un évident trouble de la coagulation.
Dès la fin avril, ils ont procédé à des biopsies post mortem sur les poumons de deux patients, et sur la peau de quatre patients. Et à chaque fois, le résultat était le même : les patients infectés présentaient un trouble de la vascularisation.
La cause ? Des petites cellules mal connues et pourtant essentielles. Elles s'appellent les péricytes. Elles forment une sorte de ciment autour des petits vaisseaux des alvéoles pulmonaires, les vaisseaux capillaires. Ce ciment se désagrège sous l'attaque du coronavirus.
Les cellules se programment d'ailleurs pour "se supprimer" ( cf un article du New England of Medecine). Du coup, ces vaisseaux fins comme un cheveu épaississent et se bouchent.
Ajoutons que le virus a besoin d'une porte d'entrée pour accéder à nos cellules. Deux larges études viennent de montrer au niveau cellulaire que les péricytes expriment très fortement le récepteur ACE2 (qui est l’un des récepteurs par lequel le virus entre dans les cellules.)
Une partie de l'équipe du Centre Méditerranéen de Médecine Moléculaire. Unité Mixte de Recherche :
Le @C3M_U1065 remercie @FIPObjetsPub et son directeur Anton Hassoun pour son soutien à la recherche du Covid19@uca_research @Inserm @Insermpacacorse pic.twitter.com/xA3v0WB7Do
— C3M (@C3M_U1065) June 3, 2020
Voilà donc pourquoi les personnes immunodéprimées, hypertendues, avec du diabète, greffées ou obèses sont plus vulnérables au Covid-19, elles souffrent toutes d'un problème de coagulation.
On démontre qu'avant même les atteintes des vaisseaux, les premières cellules touchées sont les péricytes, cela confirme bien l'atteinte vasculaire et ça nous donne une piste pour expliquer pourquoi le virus atteint les micro-vaisseaux
explique le professeur Thierry Passeron.
Les conclusions de ce travail collaboratif entre les équipes de dermatologie, d'anatomie pathologique et de réanimation feront l'objet d'un article, accepté par la revue Intensive Care Medecine.