Peu de risques, d'ailleurs, qu'il se "loupe", comme il le dit : depuis 1992, lui et ses collègues artificiers n'ont que rarement raté le rendez-vous du coup de canon. Midi tapante, c'est en fait une bombe qui explose en l'air. Les touristes, cherchant vainement un canon, en sont toujours pour leurs frais.
Moi, je n'étais pas content que ça s'arrête, je trouve que ça n'a rien à voir avec le confinement. - Philippe Arnello
"Mais c'est vrai que comme les parcs étaient fermés, on ne pouvait pas vraiment me laisser me balader tout seul, sur la colline du Château, pour allumer des pétards !" Ce qui est sûr, c'est que lui ça ne l'aurait pas dérangé de poursuivre le rituel, confinement ou pas !
Pour ce premier tir, qui a failli être noyé par la pluie, c'est Kelly, la fille de Philippe Arnello qui a eu l'honneur d'allumer la mèche. Et tout s'est passé à merveille, pour ce retour de la tradition.Premier tir du canon à #nice06 pour midi : le deconfinement symbolisé par le retour de cette tradition, après 2 mois de silence https://t.co/LyO3h1R57F pic.twitter.com/AJLwuxp031
— France 3 Côte d'Azur (@F3cotedazur) May 11, 2020
Une tradition qui date, selon la légende, des années 1861 à 1866, période à laquelle un lord écossais excentrique, Sir Thomas Coventry-More, décida qu'il fallait absolument inculquer la ponctualité à son épouse. Celle-ci avait tendance à profiter un peu trop longtemps de sa promenade matinale et des bavardages du Cours Saleya. Avec le fameux coup de canon, même la plus distraite des épouses savait qu'il était temps de rentrer.
Le premier coup de canon remonterait au 21 décembre 1863. Par la suite, un arrêté municipal inscrivit définitivement cette tradition dans l'ADN niçois. C'était en 1885. Depuis il ne s'est jamais tu, à une exception près : la période de l'occupation, de 1943 à 1945. Et depuis quelques années les 14 juillet.
Ce jour-là reste désormais silencieux, par respect pour la mémoire des victimes de l'attentat de 2016 sur la Promenade des Anglais. Un silence aussi long du canon de midi avait donc quelque chose de hautement symbolique : il matérialisait la pause imposée à la ville. Deux mois de confinement et d'une vie comme arrêtée, mise sous cloche.
Avec le coup de canon de midi de ce lundi 11 mai, c'est le réveil de Nice tout entière qui sera sonné.