Une église du Vieux Nice héberge ce que d'aucuns appelleraient un lieu de perdition... Mais l'instigateur du projet croit dur comme fer en une Eglise ouverte à tous, L'occasion de dépoussiérer quelques vieilles habitudes... Et de passer un moment de détente au cœur de la capitale azuréenne.
Ambiance tamisée et calme, propre au recueillement. Normal : c'est une église. Des statues, des Christ en croix, des bancs où les croyants se recueillent et les touristes se reposent à la fraîche. Pénétrer dans une église relève pour certains du chemin de croix. Mais à y regarder d'un peu plus près, ce lieu-ci n'est pas réservé au culte et aux visiteurs étrangers amateurs d'art baroque...
On avance prudemment, intimidé. On tâtonne. Au fond de la nef à droite, une porte dérobée. Sentiment de s'avancer un territoire sacré, presque interdit. Le couloir exigu ne rend pas les choses plus aisées. On jurerait descendre. Vers des catacombes ou vers un des sept cercles de l'enfer.
Au détour d'un virage à angle droit, une vierge, un piano fatigué... Juste avant d'arriver dans la sacristie, où sont rangés les accessoires de cérémonie du curé, et des bruits festifs attirent le chaland. Une bande-son qui ne colle pas du tout avec le bâtiment provient du patio.
Une cour intérieure illuminée et colorée, aménagée en coin cosy avec tables et chaises, et même coins canapé... et bar !
Un bar caché, sur le modèle des speakeasy de la prohibition
"Bienvenue au Bethel, un endroit où tout le monde peut se retrouver, discuter, échanger, partager. C'est une manière différente d'accueillir les gens dans une église." Celui qui parle ainsi, c'est le père Frédéric Sangès, curé, entre autres, du Vieux-Nice.
D'après lui, ce n'est pas si compliqué d’attirer des jeunes dans une église. Et quand on lui demande le pourquoi du comment, et ce que ça lui apporte, la réponse est pudique : "ça me rapporte surtout beaucoup de questions. Plein de gens rôdent autour de l'Église et sont parfois en désaccord avec les propos du Saint-Siège ou ont des interrogations sur le fonctionnement de l'Église et sur qui nous sommes..."
Le Bethel accueille tout le monde sans distinctions, et donne un coup de jeune et d'ouverture à une institution qui en manque parfois cruellement. Mais pas de prosélytisme, surtout pas.
L'idée, c'est de rendre le lieu vivant, de le dépoussiérer. De brasser les populations aussi, en attirant un public plus jeune entre ces vénérables murs. S'il le faut à grands coups d'apéros !
Que je sache Jesus a participé aux noces de Cana où il a multiplié du vin, on voit régulièrement dans les Evangiles on peut voir des partages autour de la nourriture et des boissons. Il est même marqué dans Saint Jean : n'oublie pas de boire un verre de vin par jour !
Père Frédéric Sangès, curé du Vieux-Nice
Le Bethel est un bar associatif. Les tarifs des boissons sont ainsi proposés à titre indicatif : le paiement est en réalité un don volontaire en faveur des bonnes œuvres. Lancé en 2022, le concept est rapidement victime de son succès. Le père Sangès est aux manettes comme à la plonge, aidé par quelques bénévoles... Une activité chronophage qui s'ajoute aux missions habituelles de l'ecclésiastique... Mais les recettes ont déjà permis de financer des réparations de toiture.
Ouvert uniquement l'été, et à des horaires un peu aléatoires, le Bethel cherche à s'installer dans la durée. Mais il prend bien garde, également, à ne pas sombrer dans une surenchère qui pourrait lui faire perdre son âme. On vous laissera donc chercher un peu par vous-même les informations pratiques.
Si vous êtes arrivés à ce stade de la lecture, ça ne devrait pas vous poser trop de problèmes. Sinon, vous pourrez toujours compter sur l'inspiration divine !