C'est la justice qui devra départager le maire UMP de Nice Christian Estrosi et la CGT qui occupe l'Aigle d'or.
La ville de Nice veut faire expulser le syndicat de monument historique du vieux Nice car elle veut le transformer en musée. La CGT occupe depuis une semaine le fameux bâtiment "L'Aigle d'or".
A la demande de la juge des référés du tribunal de grande instance de Nice, Dominique Karsenty, l'avocat de la CGT, Me Charles Piccolini, a réexposé l'histoire de l'Aigle d'or, le bâtiment au coeur du litige: en 1944, a-t-il rappelé, "il a été réquisitionné" pour être affecté à l'Union départementale de la CGT, qui s'était illustrée dans la Résistance.
Pour clarifier la situation, "la mairie achète l'Aigle d'or et l'alloue à la CGT comme annexe" à la Bourse du travail, un monument attenant qu'occupe le syndicat depuis 1892. En 1954, un arrêté municipal officialise cette occupation gratuite, la qualifiant même "d'utilité publique".
Seulement, le bâtiment est vieux et dangereux. Des travaux sont nécessaires. En 2009, une convention entre la mairie et "le conseil d'administration de la Bourse du travail" est signée aux termes de laquelle la CGT accepte d'abandonner la Bourse du travail.
En échange, on lui offre quelque 500 m2 boulevard Jean-Jaurès. A l'issue des travaux de rénovation, elle doit en outre réintégrer l'Aigle d'Or.
Seulement, le 3 mai, Christian Estrosi annonce vouloir transformer l'Aigle d'or en musée. Une décision validée lundi en conseil municipal.
En guise de protestation, la CGT a investi le bâtiment le 18 juin. Stigmatisant une "occupation sans droits ni titres", l'avocat de la mairie, Me Jean-Marie Lestrade, a réclamé mardi son expulsion, au motif de la "dangerorité" des locaux.
En outre, a plaidé le conseil, "la CGT n'est même pas mentionnée dans les textes", "elle n'a rien à faire ici". Selon lui, "le conseil d'administration de la Bourse du travail" qui a signé la convention de 2009, "ça n'existe pas". En d'autres termes, Me Lestrade reconnaît lui-même que la mairie a contracté en 2009 avec un "ectoplasme juridique"...
"Vous ne pouvez pas m'expulser alors que j'ai un droit à la réintégration", a rétorqué Me Piccolini, dénonçant "une entourloupe". "La dangerosité n'est qu'un faux prétexte inventé par la ville pour aboutir à l'expulsion des syndicats ouvriers. La convention n'a pas été appliquée de bonne foi", s'est-il indigné, avant d'exiger que la mairie "termine les travaux, sous astreinte".
Décision le 3 juillet.
Vidéo: le proçès en référé du 26 juillet 2012
reportage de Sylvain Bouillot, Jacques Soffer, Romain Marchand
Revoir le reportage du 19 juin sur l'occupation
Reportage H.Maman, E.Felix, J.Soffer, G.Giordano