VIDEO. En cure thermale dans les Alpes-Maritimes, des patients dénoncent les conditions de travail des salariés des thermes

Aux thermes Valvital de Berthemont-les-Bains dans les Alpes-Maritimes, les salariés sont en sous-effectif constant, ce qui aurait des conséquences sur la qualité des soins. Un collectif de curistes le dénonce dans une pétition adressée à la direction.

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"On est six à travailler le matin alors qu'on devrait être une dizaine, soupire Stéphanie, responsable de cure aux thermes Valvital de Berthemont-les-Bains, dans la vallée de la Vésubie, et déléguée syndicale.

On aime notre métier et on s'attache aux curistes qu'on suit pendant trois semaines alors on se démène pour essayer de faire les soins correctement, mais on est épuisés"

Ces conditions de travail difficiles empiètent sur la qualité des soins. Dans une pétition qu'ils ont fait parvenir à la direction, 52 curistes dénoncent une dégradation des prestations reçues et alertent sur l'état d'épuisement qu'ils constatent chez les salariés de la seule station thermale des Alpes-Maritimes :

Avant il y avait deux kinés compétents qui animaient des ateliers d'aquagym. Maintenant qu'il n'y a plus assez de kinés, ce sont les agents de cure qui s'en chargent. Elles font ce qu'elles peuvent mais ce n'est pas du tout la même qualité.

Alain Tarsiguel, curiste et auteur de la pétition.

"Je vais être honnête : on regarde des cours d'aquagym sur YouTube et on reproduit ce qu'on voit, confirme la responsable de cure. On n'est pas du tout adaptés à eux".

> Voir les droits des curistes.

Constamment en sous-effectif

La déléguée syndicale considère que la situation a commencé à se dégrader il y a deux ans quand plusieurs employés ont quitté l'établissement. Ils n'ont pas été renouvelés et, depuis, les agents sont constamment en sous-effectif. 

"Le matin, je dois appliquer des cataplasmes prescrits par les médecins à une cinquantaine de patients. Normalement, il faut être deux mais on est seul. Donc on enchaîne sans prendre aucune pause, dans la chaleur et la vapeur d'eau, et au final on est obligés de bâcler le travail", regrette Stéphanie. 

Pour travailler dans un centre thermal, il faut normalement posséder un diplôme d'agent thermal. "Mais les trois quarts ne sont absolument pas diplômés, on les forme nous même, on n'a pas le choix", explique celle qui gère plusieurs agents de cure. 

Et ce, même pour certains soins qui nécessitent des compétences particulières, comme les massages.

Quand je vois une collègue qui était vendeuse en boulangerie et qui aujourd'hui est masseuse chez Valvital, ça m'horrifie quand on sait les conséquences que ça peut avoir si vous touchez mal la personne

Stéphanie, responsable de cure.

Du côté de la direction, on explique que cette situation était liée à un concours de circonstances. Neuf salariés auraient été placés en arrêt maladie en même temps, mais depuis tout serait rentré dans l'ordre.

"On a été dans l'impossibilité du jour au lendemain de pouvoir remplacer neuf salariés, confirme Bernard Riac, PDG de Valvital. Ce qui fait que nous avons dû supprimer des soins, en reporter certains qui ont été faits les jours suivants. A ce jour, je peux vous assurer que l'effectif est au complet donc la situation est revenue à la normale", assure-t-il. 

Les thermes de Berthemont-les-Bains ont toujours des difficultés à recruter, en particulier des kinés. Les offres sont d'ailleurs toujours en cours.

La direction admet aussi que l'établissement n'a pas réussi à embaucher d'infirmière cette année, alors que l'activité d'une station sans cette personne est illégale selon la Fédération française des curistes médicalisés. 

L'infirmier thermal est la personne qui assure le lien entre les curistes et le médecin du centre.

Economies à tout prix

Manon Kuppich, assistante de direction, supposait sur France bleu que la situation du centre thermal, situé dans les montagnes, au cœur de la vallée de la Vésubie, décourage les candidats. Pour Stéphanie, c'est plutôt le salaire qui fait la différence : la majorité des employés est payée au SMIC. 

On touche au cœur du problème selon Jean-Pierre Grouzard, président de la fédération française de curistes médicalisés (FFCM) : l'argent. "Les établissements thermaux estiment qu'ils ne font pas assez de bénéfices parce que la fréquentation a baissé de 46% depuis le Covid, donc ils essaient de faire des économies à droite à gauche", dénonce Jean-Pierre Grouzard. 

La FFCM envisage de déposer une saisine au sujet des thermes de Berthemont auprès de la Commission paritaire nationale du thermalisme.

Si le problème est constaté par la commission, les thermes recevront un rappel à l'ordre voire une amende si la situation persiste. 

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