Ce 24 février marque les deux années d'une guerre lancée sur le sol ukrainien par la Russie. La Côte d'Azur est devenue une terre d'accueil pérenne pour plusieurs milliers de réfugiés ukrainiens.

Deux ans de guerre, et une paix qui ne saurait s'imposer au vu de la situation entre l'Ukraine et la Russie. Du moins dans l'immédiat, tant la détermination des Ukrainiens à défendre leur terre est confrontée à la volonté russe de continuer le conflit jusqu'à sa victoire.

Dans les Alpes-Maritimes et le Var, plusieurs milliers d'adultes, d'enfants et d'adolescents ont été aidés par les services de l'Etat, des collectivités locales ou des associations. 



"Il faut que tout le monde soit réaliste"

Adviika, la ville industrielle en périphérie de Donestk, est récemment tombée aux mains des Russes, après de longs combats acharnés. C'est davantage cette récente défaite et l'évolution de la situation militaire dans le Donbass qui préoccupe Iryna Bourdelles.

La présidente de l'Association franco-ukrainienne de la Côte d'Azur (AFUCA) a organisé ce week-end à Nice la projection d'un documentaire "20 jours à Marioupol" (ce vendredi 23 février au cinéma Pathé de l'avenue Jean-Médecin) et un rassemblement sur la promenade des Anglais, ce samedi 24 février, à 11 heures. 

Les frères Zigura, deux artistes ukrainiens, ont effectué une installation artistique éphémère à cette occasion. La fratrie a expliqué sa démarche à des journalistes de France 3 Côte d'Azur, dans ce reportage dédié à l'accompagnement des réfugiés ukrainiens à Nice, diffusé lors du journal du soir de ce vendredi 23 février.

Les membres de la communauté n'affichent ni pessimisme, ni optimisme : "On est réaliste, Poutine ne s'arrêtera devant rien. Il va utiliser toutes les ressources de son pays pour gagner cette guerre, mais elle ne va pas s'arrêter à l'Ukraine, il faut que tout le monde soit réaliste". 

Le retrait de l'armée d'Adviika qui s'est passé il y a quelques jours, c'est plutôt cela qui fait réagir les Ukrainiens plutôt que la mort de Navalny. Navalny, c'est l'histoire russe, ce sont eux qui doivent manifester et réagir à cet évènement.

Iryna Bourdelles, présidente de l'AFUCA

13 000 réfugiés accueillis dans les Alpes-Maritimes

Au niveau national, environ 68 000 réfugiés ukrainiens résident en France, comme le relate Les Echos, contre 110 000 il y a un an. Cela représente 0,1% de la population. Un chiffre dérisoire si on le compare à d'autres pays de l'Union européenne tels que l'Allemagne ou la Pologne. 

Le département des Alpes-Maritimes est l'un des territoires nationaux qui accueillent le plus de réfugiés ukrainiens depuis le début de la guerre, après Paris. Quelque 10 000 adultes, mais aussi 3 000 enfants, résident désormais dans le 06.

"On n'a pas autant d'attention envers l'Ukraine qu'il y a deux ans, ce qui est tout à fait normal, il y a d'autres crises, d'autres préoccupations, mais sinon, ici, dans les Alpes-Maritimes, ça a été très très bien géré grâce à la préfecture et à l'aide des mairies sur place" explique Iryna Bourdelles. 

La préfecture du Var estime que la population d'adultes est de 1 200 à 1 500 personnes.

Et sur les bancs de l'école ?

Du côté de l'Académie de Nice, on précise que 1 380 élèves sont scolarisés dans le département maralpin, et 680 dans le Var. Ces chiffres intègrent les élèves du 1ᵉʳ et second degré, tout comme les lycées professionnels. Ces données ont été mises à jour il y a deux mois.

En cycle supérieur, ce sont 124 étudiants ukrainiens qui ont rejoint les bancs de l'Université Côte d'Azur lors de la première année, et 154 lors de la dernière rentrée. Un chiffre légèrement à la hausse, sans que l'on puisse établir s'ils détiennent le statut de réfugiés, fait savoir l'UCA.

Pour l'orientation de ces publics, "un espace de candidature spécifique pour les étudiants ukrainiens bénéficiaires de la protection temporaire a été mis en place afin de les accompagner sur les plateformes de candidatures nationales type Parcoursup ou MonMaster, tout ceci en collaboration avec la préfecture des Alpes-Maritimes et l’association AFUCA" détaille l'attachée de presse de l'UCA. 

Dans le Var, les formations proposées par l'université de Toulon ont été suivies par 25 étudiants ukrainiens lors de l'année scolaire 2022/2023. 19 d'entre eux possédaient alors le statut de réfugié. Cette année, ce sont 45 étudiants de cette nationalité qui y suivent un cursus, 40 ont le statut de réfugié.

À jamais les premiers

À Châteaudouble, la solidarité s'est rapidement mise en marche après le début de ce qui était présenté comme une opération militaire spéciale par le Kremlin, le 24 février 2022. Un peu moins de 500 habitants résidaient dans ce village provençal perché, si l'on en croit les derniers chiffres de l'INSEE.

C'est pourtant ici, au cœur de la Dracénie, une zone rurale, que la première structure d'accueil collective du Var ouvre, en mars 2022.

Deux ans après, "on accueille toujours 50 personnes sur une structure qui pourrait en accueillir jusqu'à 70", explique Amélie Garcia, cheffe de service auprès de l'établissement de Châteaudouble.

Notre mission première confiée par l'Etat est de faire accéder ses populations à un logement. 

Amélie Garcia, cheffe de service auprès de l'établissement de Châteaudouble

Ces hébergements sont mis à disposition gracieusement "pour ceux qui ne perçoivent aujourd'hui encore que l'allocation de demandeur d'asile, moyennant une participation de 10 à 15% pour ceux qui auraient une activité professionnelle ou une formation". 

"Un travailleur social à temps plein, un professeur de français à mi-temps, deux animatrices pour les enfants à mi-temps chacune, et une aide-soignante à trois quart-temps" travaillent sur place.

Depuis septembre 2023, l'État demande de leur faire payer une participation financière, comme pour tout logement en France. "Toutes les structures collectives ont dû calculer des participations financières pour des personnes qui avaient des revenus autres que l'allocation de demandeur d'asile", poursuit Amélie Garcia.

Des structures appelées à fermer en 2024

Certains centres collectifs vont cependant devoir fermer, pour retrouver leur fonction première. Ce sera par exemple le cas d'un centre de vacances de Tourves.

La structure de Châteaudouble, elle, peut se soustraire à cette contrainte, parce qu'elle dispose d'un contrat d'occupation auprès d'un bailleur social.

À Châteaudouble, "on est même en train d'ouvrir un logement supplémentaire qui peut accueillir sept personnes, et qui n'avait jamais été ouvert depuis le début de la guerre", détaille Amélie Garcia.

À terme, Châteaudouble accueillera jusqu'à 70 personnes. "On va sûrement accueillir d'ici fin mai des familles qui arrivent de Tourves et qui n'ont pas trouvé de sortie positive vers du logement" poursuit Amélie Garcia.

La moitié des personnes en emploi

Amélie Garcia constate "beaucoup de volonté" de la part des Ukrainiennes et Ukrainiens arrivés dans la région. Ils n'hésitent pas à participer à des chantiers d'insertion, avec des contrats plutôt en CDDI. Des CDI ont même été signés tout récemment avec une grande enseigne de la distribution dans le cadre d'un important partenariat.

Plus de 50% des personnes sont en emploi.

Amélie Garcia, cheffe de service auprès de l'établissement de Châteaudouble

Peu de demandes d'asile

Le statut qui leur est donné avec l'autorisation provisoire de séjour, renouvelable tous les six mois, ne leur ouvre toutefois pas tous les droits français. Les publics soumis à ce régime ne touchent que l'ADA, l'Allocation pour demandeur d'asile, s'ils restent sans emploi. 

Pas de RSA, pas de Prime d'activité pour compléter un salaire ou une allocation adulte handicapé. La seule manière d'accéder à l'ensemble des droits communs est alors d'effectuer une demande d'asile. 

"Aujourd'hui, les ménages qui ont des enfants ne souhaitent pas faire cette demande" note Amélie Garcia, "car elle les empêche de se rendre en Ukraine, même en vacances."

Si, pour une demande d'asile, on part du principe que vous êtes en danger dans votre pays, vous n'avez pas le droit d'y retourner.

Amélie Garcia

Zelensky reçu à l'Élysée

Le président Emmanuel Macron a reçu le vendredi 16 février son homologue ukrainien pour son second déplacement en France depuis le début du conflit. Le chef de l'État a réaffirmé son soutien au peuple ukrainien, la signature d'un accord de sécurité pour la décennie à venir, et jusqu'à trois milliards d'euros d'aide militaire supplémentaire pour l'année en cours. 

Pour Iryna Bourdelles, l'appel de Volodymy Zelensky pour obtenir des armes à longue portée est d'une importance vitale pour son pays : "L'Ukraine ne pourra pas gagner la guerre sans l'aide de l'Europe et des États-Unis. Si on n'a pas plus d'armes, la guerre sera chez vous dans quelques années. C'est juste une question de temps. En revanche, l'Ukraine sera détruite d'ici à quelques années".

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