"Il respirait la musique" : la tristesse des musiciens de l'Orchestre Symphonique Azuréen suite à la mort de leur chef, Roland Audibert-Chinault

Imprégné lorsqu’il jouait du violoncelle, enthousiaste dès qu’il s’agissait de musique, rigoureux dans la direction d’orchestre, Roland Audibert s’est éteint mercredi 23 octobre. Il a dirigé pendant plus de 20 ans l’Orchestre Symphonique Azuréen composé de professionnels et d’amateurs de très haut niveau. Ses deux fils, violoncellistes, comme lui, Florent et Frédéric Audibert, prolongent son œuvre depuis déjà plusieurs années.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Le rideau s'est baissé une dernière fois mercredi à midi, à la clinique Saint-Georges à Nice où il était hospitalisé depuis quelques jours. Il allait avoir 80 ans.

Pour tous les musiciens de l’Orchestre Symphonique Azuréen qu’il dirigeait depuis deux décennies c’est le choc.

"Nous sommes tous bouleversés", exprime le président de l’OSA, le violoniste Jean-François Marchesini.  "Nous nous étions connus au Conservatoire de Nice durant nos études, comme c'est le cas de nombre d'entre nous. Nous le savions malade depuis quelque temps, mais les choses allaient à leur rythme. Nous ne nous attendions pas à cette brutalité."

Marie Dumas est la secrétaire de l’OSA. Avec tristesse, elle constatait depuis quelque temps la fatigue du Chef :  "nous n’avons que huit ans d’écart avec Roland Audibert et je me souviens de son arrivée, dans la même classe que moi, au Conservatoire. Il était très chétif, presque maigre et notre professeur lui faisait faire de la gym parce que le violoncelle est un instrument très physique ! Quand en 2004, il a pris l’orchestre en main, ça a été un grand coup de baguette magique. Il nous a vraiment fait progresser alors qu’avant, on ronronnait un peu. À son arrivée, tout a été d’une autre envergure avec sa joie et son dynamisme. Il nous a tirés vers le haut avec sa force, son énergie de fauve ".

Parti diriger l'orchestre des anges

Roland Audibert-Chinault, avec ses cheveux en bataille, sa fougue, son impressionnante efficacité toujours au service de la musique, était l’ardent militant de la main droite, comme le rappelle, avec tendresse, Alain Salimpour. Lui-même violoniste, il a présidé durant 10 ans aux destinées de l’Orchestre Symphonique Azuréen et se souvient : 

Pour les musiciens d’instruments à cordes, c’est la main gauche qui est importante au regard de la justesse des notes. Roland, lui, attachait tout son intérêt à la main droite, celle qui tient l’archet, parce que, ne cessait-il de nous répéter, c’est par l’archet que viennent la sonorité et l’émotion.

Alain Salimpour.

L’OSA, c'est plus de 60 musiciens depuis sa création en 1967, de tous âges (le plus âgé a 88 ans) et de toutes professions. C’est sa grande particularité. Médecins, enseignants, cadres, employés, étudiants, de très bons niveaux, y côtoient d’anciens ou actuels musiciens professionnels. Tous sont passionnés de musique et les œuvres exécutées sont très variées afin de toucher la sensibilité d’un public le plus vaste possible.

>>> Extrait du concert de notre Orchestre Symphonique Azuréen le 4 décembre 2022 au Pôle Culturel Auguste Escoffier de Villeneuve Loubet sous la direction de Roland Audibert-Chinault.

Roland Audibert-Chinault lorsqu’il a arrêté le violoncelle à l’orchestre philharmonique de Nice y a entamé une seconde carrière.

"Normalement, les chefs d’orchestre sont rémunérés et ceux de l’OSA n’ont jamais fait exception", raconte Alain Salimpour. Excepté Roland. "Lorsqu’il a pris la direction en 2004, il a rendu son 1er chèque en disant qu’il ne travaillait pas pour l’argent. Et il a conduit l’orchestre ainsi, pendant 20 ans, sans vouloir toucher de cachet !"

Chaque lundi soir, l'OSA se réunit au Pôle Culturel Auguste Escoffier, à Villeneuve-Loubet pour les répétitions en grande formation.

Régulièrement, l’orchestre se produit au bénéfice de causes humanitaires comme le Centre de lutte contre le cancer Antoine Lacassagne, la Croix Rouge, le Téléthon, Pharmaciens sans frontière etc. Les élèves d’école de musique outre Atlantique, ou de Villeneuve-Loubet, ont même parfois pu jouer en soliste avec l’orchestre.

"Roland, c'était le sérieux, la rigueur mêlée a beaucoup d’humour et c’est ce qui faisait la différence pour diriger 60 personnes avec des caractères bien différents", explique Alain Salimpour.

Il nous répétait sans cesse : "Les notes, on s'en fout, l’important est de continuer à jouer !" car, parfois, lorsque l’un d’entre nous est trop stressé ou a peur de mal jouer, il est tenté de ne pas jouer du tout."

"Il respirait la musique"

Le président de l'OSA depuis trois ans, Jean-François Marchesini, ne dit pas autre chose : "En tant qu’Homme, il avait le cœur sur la main et était toujours tourné vers les autres. Il plaçait l’amitié au-dessus de tout. Et naturellement, tous les musiciens de l’orchestre étaient ses amis. En tant que Chef, comme il était musicien dans l’âme et qu’il respirait la musique, il était capable de faire passer à son orchestre, ce transport, ce sentiment indicible et c’était fabuleux d’être dirigé par lui."

Roland Audibert-Chinault avait su faire passer sa passion de la musique et plus particulièrement du violoncelle (dont on dit qu’il est l'instrument le plus proche de la voix humaine) à ses fils, tous deux Premier prix de violoncelle du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, solistes, à Rouen pour l'un, à Monaco pour l'autre, enseignants et à la riche discographie. 

Les obsèques  de Roland Audibert se tiendront à la cathédrale Sainte-Réparate, mardi 29 octobre à 10h. De nombreux musiciens de l'OSA, mais aussi de l’orchestre philharmonique de Nice seront présents. Jean-François Marchesini et les musiciens de l’Orchestre Symphonique Azuréen y seront associés

Ils joueront le Prélude de la Traviata de Verdi "car Roland était un passionné d’Opéra".

Le samedi 16 novembre, à 20h, un concert sera donné, au Pôle Culturel Escoffier, à Villeneuve Loubet. "En plus du programme qui était prévu,  nous ajouterons un hommage à Roland Audibert qu’on jouera, comme le veut la tradition, sans Chef, pour montrer qu’il n’est plus là."

 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information