"Ils ont déjà à peine de quoi se nourrir", une distribution solidaire de fournitures scolaires à Nice

Comme chaque année, "rentrée scolaire" rime, pour beaucoup, avec "dépenses en hausse". Alors, afin "d’assurer l’essentiel pour "une rentrée digne pour toutes et tous", sans condition, ni restriction, plusieurs associations niçoises se sont associées. Leur objectif : permettre de remplir le cartable d'un enfant avec un kit complet.

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Elles sont sept ! Sept associations niçoises à être à l’origine d’une distribution solidaire de fournitures scolaires, cette rentrée 2024 à Nice.

Il y a ADN, Cent Pour Un 06, Habitat et citoyenneté, Réseau Education Sans Frontière 06, Roya citoyenne, Tous citoyens et Vallées solidaires 06.

Lors de la rentrée 2023, ce sont 700 kits qui ont été distribués. Cette année, dès la fin de la première journée... 595 kits étaient déjà partis.

Les kits de l’égalité des chances

 Aider les plus précaires et contribuer à l'égalité des chances à l'école. Il est bien là l’objectif de ce collectif. 

En France on a comme principe républicain l’égalité où l'école publique est gratuite. Alors, si elle l’est en théorie, elle doit aussi l’être dans les faits.

David Nakache - Président de "Tous citoyens !"

Et le président de "tous citoyens !" d'ajouter : "un enfant a le droit d’avoir du beau matériel neuf, ça aide à prendre confiance et favorise forcément l’intégration. L'intégration de ces familles passe par l’école et il n’est pas rare que les enfants instruits aident ensuite leur famille dans leurs démarches”.

Une action citoyenne de longue halène

Depuis plus de 7 ans, ce collectif agit dans le département des Alpes-Maritimes. Il fonctionne de deux manières distinctes. D’une part, en faisant appel à la générosité de chacun et d’autre part en effectuant, lui-même, des achats de fournitures.

Ainsi, cet été, les associations ont lancé une campagne d’appel aux dons, qu’ils soient financiers ou matériels. Leur but, sensibiliser le public à la difficulté d’acheter des fournitures à la rentrée pour les familles dans le besoin.

“Nous avons effectué trois journées de récoltes devant le magasin Cultura et nous avons aussi pu négocier des achats groupés à un prix très compétitif avec Auchan La Trinité” explique David Nakache.

Une aide sans condition ni restriction

Cette action citoyenne s’adresse à des familles en grande précarité, et ce, sans condition, ni restriction, comme l’explique David Nakache : "En fait, on a beaucoup de familles qui ne perçoivent aucune d’allocation familiale. Dans 90% des cas, ce sont des familles demandeuses d’asile, des "primo arrivants" en situation régulière dont les enfants doivent aller à l’école et qui ne perçoivent pas encore d’allocation rentrée scolaire".

Dans le système français, pour prétendre aux allocations familiales, les personnes étrangères doivent attendre 6 mois de résidence avant de pouvoir, légalement, y avoir droit.

Et David Nakache d'ajouter : "En général, les enfants de ces familles ont connu l’exil. Pour la plupart, ils sont traumatisés par leur histoire. Aujourd’hui, ils arrivent dans un pays qu’ils ne connaissent pas et dont ils ne comprennent pas la langue. Quand vient le moment de la rentrée scolaire, ils n'ont aucune fourniture scolaire. Leurs parents n'ont absolument pas les moyens de leur en offrir. Ils ont déjà à peine de quoi se nourrir, vous imaginez bien ! Alors, bien évidemment, c’est humain, quand ces enfants se retrouvent avec les petits Niçois... ils se sentent déclassés ! À part. Ils n’ont ni crayon, ni gomme, ni cahier. Rien".

En leur offrant des fournitures scolaires, nous les aidons aussi et surtout à s’intégrer par l’école.

David Nakache

Alisa Marchitau est moldave.

Elle a entendu parler, par le bouche-à-oreille, de cette distribution de fournitures scolaires. Elle a deux enfants qui sont scolarisés, cette rentrée, à Nice.

Mais, au vu de sa situation personnelle, elle n'a pas les moyens de leur offrir tout ce que l'école demande : " Nous sommes arrivés à Nice depuis seulement un mois et je n'ai droit à rien. Avant, nous étions dans un autre département français. Si je n'avais pas eu connaissance de cette action, les enfants n'auraient pas eu grand-chose pour étudier. C'est vraiment formidable, car ici, on ne nous demande rien. Pour être éligible à ce genre de chose, il faut tout un tas de documents que je n'ai pas encore. Je suis tellement heureuse qu'ils puissent être "un peu" comme les autres. Pour nous, les grands ce n'est déjà pas facile, mais pour eux encore plus. Les enfants ne sont pas tendres les uns avec les autres".

Des kits pour chaque niveau

Accrochées au mur du local de distribution, les listes détaillées du matériel nécessaire pour chaque enfant, selon son niveau. Au pied de ces pense-bêtes, des sacs prêts entassé les uns sur les autres. Une sorte de "petit nécessaire" de première nécessité pour bien apprendre à l’école, cahiers, feuilles, stylos, classeurs ou encore trousses et ardoises…

Nous essayons de fournir ce qu’il n’y a pas ou ce qui manque à une rentrée digne.

Marica Gassin - Bénévole du collectif

Ainsi, un kit complet est constitué pour chaque niveau.

Pour les maternelles, il s’agit d’un petit sac à goûter, d’une boîte de crayon de couleur et d’un petit cahier et un crayon gris. "C’est symbolique, mais c’est important pour faire sa rentrée à l’école en maternelle" nous confie la bénévole.

Pour les plus grands, du CP au lycée : ardoise blanche, compas, kit de traçage, feutres ou crayons de couleurs, cahiers petit et grand format, classeurs, feuilles de copie simples et doubles, intercalaires, stylos, colle, gommes…

Ce sont les bénévoles eux-mêmes qui collectent et confectionnent les kits. Et ils font de leur mieux possible avec les moyens qu'ils ont comme l'explique Marica Gassin : “Ces kits ne répondent pas toujours, exactement, à la liste de fournitures qui est souvent trop grande au collège ou au lycée, mais ils permettent d’assurer l’essentiel pour une rentrée digne”.

Des demandes en nette hausse

Cette année, la rentrée scolaire s'est traduite, pour beaucoup de familles, par une augmentation sensible des dépenses.

Lors de la rentrée scolaire 2023, le collectif niçois a distribué 700 kits.

Cette année, la demande est en forte croissance : “Nous avons préparé 200 kits de rentrée supplémentaires après en avoir distribué 700 le premier jour ! Soit pratiquement deux fois plus que l’an dernier” nous fait remarquer David Nakache.

"Aujourd’hui, nous avons à faire à une vraie misère sociale, à une vraie précarité. Il y a beaucoup de personnes qui se présentent chez nous qui ne sont soutenues par aucune structure sociale. Elles ne sont dans aucun circuit d’aide et leurs enfants ont vraiment besoin d’aide".

Cette rentrée, nous avons pratiquement distribué deux fois plus de kits que l’an dernier.

David Nakache.

"J’en appelle aux pouvoirs publics. C’est leur rôle de fournir, à ces enfants, du matériel pour pouvoir bien travailler à l’école et donc de bien s’intégrer dans le pays qui les accueille. La ville de Marseille le fait. Lille aussi. À paris aussi".

Un schéma identique au niveau national

La semaine dernière, l'Unicef France et la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) alertaient sur "les conséquences désastreuses, d'une enfance sans toit. Selon elles, plus de 2000 enfants sont contraints de dormir à la rue".

"C'est inadmissible, on ne peut pas accepter qu'une société traite ses enfants de cette manière", déclare à l'AFP la représentante de l'agence onusienne dans l'Hexagone, Adeline Hazan, dénonçant une "violation flagrante des principes de la Convention internationale des droits de l'enfant" ratifiée par la France.

À noter que ce baromètre ne prend pas en compte ceux qui ont renoncé à appeler le 115, les enfants vivant dans des bidonvilles ou en squats ou encore les mineurs non accompagnés. Le chiffre de 2000 serait donc largement sous-évalué, insistent Unicef France et la FAS.

Une étude qui fait, à sa plus grande tristesse, écho aux oreilles de David Nakache.

Y a une vraie précarité de l’enfance et de la petite enfance dans les Alpes-maritimes. Pour ces enfants-là, le fait d’avoir un stylo, un cahier et une trousse un peu jolie, c’est un rayon de soleil.

David Nakache.

Pour mémoire, selon l’enquête du 18 novembre 2023 sur le mal-logement sur le territoire de la Métropole Nice Côte-d’Azur réalisée par la Fondation Abbé Pierre auprès d’un panel d’acteurs institutionnels et associatifs, "près d’une personne sur cinq vit sous le seuil de pauvreté dans la Métropole Nice Côte d’Azur".

À titre de comparaison, en France, selon les données de l'INSEE de février 2024, 9,1 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, incluant environ 3 millions de familles.

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