La Fondation Abbé Pierre vient de publier son rapport sur le mal-logement. Selon ses chiffres, à Nice, une personne sur cinq vit en dessous du seuil de pauvreté, et cette proportion est à la hausse. Avec de surcroit une situation particulièrement tendue quant à l'accès au logement.
La Fondation Abbé Pierre, dont le rapport annuel constitue un véritable baromètre du mal-logement en France, a décidé en 2023 de mener une étude approfondie sur le territoire de la Métropole Nice Côte d'Azur.
Cinquième métropole la plus peuplée de France après Paris, Marseille, Lyon et Toulouse, elle comptait en 2020 plus de 550 500 habitants dont 343 500 sur la seule ville de Nice. Avec un "taux de pauvreté deux fois plus important qu'en France", selon le directeur régional de la Fondation, Francis Vernède.
Le quartier prioritaire le plus pauvre de France est à Nice
Triste constat de la Fondation, c'est à Nice que se situe "le plus pauvre des quartiers prioritaires de France". La résidence sociale Nicéa, située boulevard du Mercantour dans le quartier Nice Ouest, présente en effet un taux de pauvreté record de 81 %.
Sans aller jusque-là, la Fondation fait remarquer qu'à Nice, 21 % de la population vit sous le seuil de pauvreté (moins de 940 euros par mois pour une personne seule).
A Nice, 78.000 personnes vivent sous le seuil de pauvreté.
Francis Vernède, directeur régional de la Fondation Abbé Pierre PACA
A l'échelle de la Métropole Nice Côte d'Azur, ce taux de pauvreté atteint 18% en 2020 et a augmenté sur un an (17,6% en 2019) alors que dans le même temps il baissait en région PACA. Il est par ailleurs largement au-dessus du taux de pauvreté national de 14,5% en 2020.
Selon le rapport de la Fondation, "la pauvreté métropolitaine se concentre au sein des quartiers prioritaires de la politique de la ville. (...) Parfois, les "poches" de précarité se diffusent, comme autour des quartiers de Nice Est, de l’Ariane, de Trachel ou de Saint-Augustin". La Fondation note aussi que "les zones plus éloignées de l’arrière-pays ne semblent pas épargnées selon les constats de certains acteurs de terrain".
"A Nice et dans la Métropole, on s'appauvrit pour se loger"
Face à ce constat sur la pauvreté, la Fondation Abbé Pierre dit nourrir beaucoup d'inquiétudes sur la question du logement.
"Nous avons un parc locatif privé qui coûte très cher, dans lequel il est difficile de se loger", constate le directeur régional Francis Vernède. Le rapport de la Fondation évoque dans la Métropole les "loyers les plus élevés en France après la Métropole du Grand Paris (15 €/m² en 2022)".
"On a aussi un parc locatif social insuffisamment doté, avec des dizaines de milliers de demandeurs en attente." Avec des loyers plus élevés que sur d'autres territoires. Dans la Métropole selon le rapport, 8% du parc locatif social propose un loyer inférieur à 5 €/m², contre 24% en PACA. La Métropole où par ailleurs en 2022 le taux de logement social, 14,2 %, était toujours bien inférieur à l'objectif de 25 % fixé par la loi SRU.
"Le prix du m² aujourd'hui sur le territoire de la métropole ne protège pas les ménages modestes, et même plus les ménages dans lesquels les deux parents sont salariés avec des revenus relativement confortables", estime Francis Vernède. "On sent qu'un point de bascule est en train d'arriver à Nice et dans la Métropole : on s'appauvrit pour se loger".
Quand on se loge et que c'est trop cher, on va décider d'arrêter d'acheter certains produits, de moins se chauffer, ou on commence à développer des dettes locatives. Beaucoup de ménages vulnérables sont en train de glisser dans la précarité.
Francis Vernède, directeur de la Fondation Abbé Pierre PACA
L'inflation de ces derniers mois sur les produits de première nécessité n'a évidemment rien arrangé.
La Fondation Abbé Pierre pour un encadrement des loyers
Face à cette situation, la Fondation plaide pour un encadrement des loyers "pour siffler la fin de la récréation dans le parc privé". "Nous voudrions également, au niveau national, que les bailleurs HLM puissent redevenir des constructeurs d'habitation et ne pas être dépendants du secteur privé de la construction", nous explique Francis Vernède.
Quant à la question des locations touristiques, à concilier avec la pénurie de logement pour actifs ?
"Il y a une réflexion de fond à avoir sur les meublés touristiques. On sait que la Ville de Nice porte une attention particulière aux locations type Airbnb". La Ville a en effet pris depuis plusieurs années une série de mesures pour encadrer et limiter les locations saisonnières sur son territoire.
"Nice est par ailleurs la ville de France où il y a le plus de résidences secondaires et ce facteur joue beaucoup", fait remarquer le directeur régional de la Fondation Abbé Pierre.