La fondation Abbé Pierre publie mercredi 18 octobre un rapport sur l'état du mal-logement en région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Voici les principaux chiffres à retenir.
Une situation sous tension. La Fondation Abbé Pierre a présenté mercredi 18 octobre son état des lieux du mal-logement pour la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Pauvreté des locataires, parc social déficitaire, suroccupation des habitations, expulsions... L'association dresse un bilan sombre de l'accès au logement pour les plus précaires. France 3 Provence-Alpes vous présente les principaux chiffres rapportés par la fondation.
850 000 personnes pauvres en Provence-Alpes-Côte d'Azur
D'après la Fondation Abbé Pierre, près de 5 départements sur 6 de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur présentent un taux de pauvreté supérieur à la moyenne nationale. Dans le Vaucluse, c'est près d'une personne sur cinq qui est considérée comme pauvre. Or le logement étant le premier poste de dépenses des ménages, se loger dans le parc privé est devenu quasiment impossible pour les plus modestes. À Nice, Cannes, Marseille ou Aubagne, un couple avec deux revenus dont un SMIC et deux enfants ne peut pas payer un loyer dans le parc privé sans s'appauvrir. Pour les plus démunis comme les allocataires du RSA, accéder à un logement privé est impossible.
Plus de 200 000 demandeurs de logement social
Les ménages modestes voient leur possibilité de trouver un logement réduite au seul parc social. Le nombre de demandeurs de logements sociaux a fortement augmenté ,de 13 à 23 % selon les départements, entre 2018 et 2022 pour atteindre le nombre record de plus de 200 000 demandeurs de logements sociaux à l'échelle de la région.
Un logement attribué pour 9 ou 10 demandes déposées dans l'arc méditerranéen
Malgré cette demande importante, le parc social de logement est déficitaire sur le territoire. À l'exception des Bouches-du-Rhône, les 5 départements de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur comptent moins de 14 % de logements locatifs sociaux (LLS) alors que la moyenne nationale s'élève à 17%. Près de 83 communes sont ainsi carencées en logement social. Conséquence de cette pénurie de logements sociaux, sur les départements de l'arc méditerranéen, pour 9 ou 10 demandes un seul logement est attribué. Alors qu'au niveau national, en moyenne, un logement social est accordé pour 6 demandes.
Une hausse de 35% des demandes au Service intégré de l’accueil et de l’orientation (SIAO)
La quasi-impossibilité de se loger dans le parc privé et les grandes difficultés d'accès au parc social font exploser dans certains départements les demandes d'hébergement auprès du Service intégré de l’accueil et de l’orientation (SIAO), chargé entre autres de l'hébergement d'urgence. La région a connu une hausse de 35 % des demandes au SIAO entre 2020 et 2022. Cette augmentation s'élève à 58 % dans le Var. Le Droit au logement opposable (DALO), qui désigne l'Etat comme garant au droit au logement et lui impose une obligation de résultat, est appliqué de manière insatisfaisante avec taux allant de 14% dans le département des Hautes-Alpes à 35% dans les Bouches-du-Rhône.
Un demandeur sur cinq est hébergé chez un tiers
Manifestation peu visible du mal logement, près d'un demandeur de logement sur 5 est hébergé chez un tiers. Ainsi près de 25 000 ménages sont logés chez leurs parents et 15 000 autres chez un particulier.
Environ 7% des logements en suroccupation
La région Provence-Alpes-Côte d'Azur se distingue du reste de la France par le nombre de ses logements suroccupés. Face à la pénurie des logements, les ménages sont enclins à accepter des logements qui ne leur conviennent pas. Dans les Alpes-Maritimes près d'un logement sur 10 est considéré comme suroccupé. En moyenne, la région comptabilise un peu moins de 7% de logements suroccupés alors que ce taux s'élève à 5 % pour le reste de la France.
Des expulsions locatives en hausse de 50%
Près de 1 788 ménages ont été expulsés avec le concours de la force publique en 2022 ce qui représente une hausse de 50% par rapport à l'année 2019. Une augmentation qui s'explique par un effet de rattrapage des expulsions non réalisées pendant la crise sanitaire, mais aussi des difficultés croissantes de bon nombre de ménages pour s'acquitter de leur loyer.