Lors d'une conférence de presse, les professionnels de l'immobilier de la Côte d'Azur n'ont pas caché leur inquiétude. Le contexte est tendu, avec des prix toujours plus hauts tant de l'ancien que dans le neuf, et la hausse des matière première, l'inflation et la hausse des taux d'intérêt ne rendent pas optimistes.
Professionnels du bâtiment, promoteurs, agents immobiliers, ils parlent d'une même voix. Lors de la conférence de rentrée de l'Observatoire Immobilier de l'Habitat de la CCI, ils ont présenté les chiffres du premier semestre 2022 dans les Alpes-Maritimes.
A priori, pas de raison de s'inquiéter : la Côte d'Azur présente une attractivité internationale, ce qui explique en partie les chiffres toujours plus haut. Le marché semble donc bien dynamique.
+ 15% dans l'ancien
Les reventes ont augmenté pendant ce premier semestre 2022. Un chiffre : 15 %. Et pendant ce temps, les prix grimpent toujours plus haut, de 15 % au total et atteignent la barre de 4 710 euros le mètre carré.
6 341 le m2 dans le neuf
Le marché du logement neuf souffre d'une absence de production à moins de 4 500 euros le mètre carré. Il y a certes une offre qui a progressé de 13 %, mais en réalité, il n'y a pas de stock. Les biens en vente partent vite, en moins de 6 mois.
Un contexte international compliqué
Premier constat : le prix de l'électricité a été multiplié par 10 depuis le début de l'année. S'ajoute à cela une hausse importante des matières premières, une reprise de l'inflation et une augmentation des taux d'intérêt.
Du coup, les constructeurs redoutent de ne pas pouvoir terminer leurs chantiers pendant que les particuliers reportent travaux, achats et investissements.
C'est une situation totalement inédite et imprévisible. Nous subissons la situation, cette hausse exponentielle sur le prix de la matière première, liée elle-même au coût d'énergie. Pour l'aluminium par exemple, la partie énergie coûtait avant 30% du prix, aujourd'hui on est à 90%. Le prix de vente fatalement, il augmente.
Lionel Dolciani, vice-président du BTP 06
Et puis, il y a toujours plus de normes à respecter sur l'aspect environnemental, les gaz à effet de serre. Enfin, l'obtention des permis de construire est devenue compliquée. Les terrains sont chers et les recours des riverains nombreux à chaque projet.
Vers un point de rupture pour les actifs ?
Alors tous s'interrogent : les actifs pourront-ils se loger sur la Côte d'Azur ? Pas sûr.
Il y a Sophia-Antipolis, mais il y a aussi beaucoup de très petites entreprises implantées sur le littoral. Elles proposent des salaires 15 à 20 % plus élevés, mais ils demeurent insuffisants au regard du prix de l'immobilier, que ce soit à la location ou à la vente. On n'est pas à Paris, où on a des salaires parisiens pour un immobilier parisien, et la Côte d'Azur se cherche, on est entre les deux, avec des TPE, des emplois saisonniers...
Cyril Messika, président de 'Observatoire immobilier d'habitat (OIH) de la CCI Nice Côte d'Azur
Sur la Côte d'Azur, l'horizon semble un peu bouché... Toutes les fédérations essaient de plancher sur le dossier complexe, en rencontrant les maires. Il y a une demande, mais il faudra construire autrement dans les centres villes et ailleurs.