JO 2030 : Les Alpes défendent ce mardi leur candidature pour des Jeux "sobres et économes"

Mardi 21 novembre, les présidents des régions PACA et Auvergne-Rhône-Alpes présentent la candidature des Alpes pour les JO 2030 au CIO. Mais cette candidature soulèvent des questions : les avis divergent sur de possibles Jeux olympiques et paralympiques en 2030 en France.

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Grand jour pour les JO aujourd'hui ! Pas ceux de 2024, qui arrivent à Paris dans quelques mois... ceux de 2030 ! Ce mardi 21 novembre, la France, avec les régions Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) et Auvergne-Rhône-Alpes (AURA), présente sa candidature pour les JO d'hiver 2030 dans les Alpes au Comité International Olympique (CIO). 

Après Chamonix en 1924, Grenoble en 1968 et Albertville en 1992, la France va-t-elle vivre un nouvel hiver olympique en 2030 ? C'est en tout cas l'espoir que portent Renaud Muselier et Laurent Wauquiez.

Les présidents des régions Paca et Aura ont annoncé une candidature commune pour obtenir les JO d'hiver en 2030. Le dépôt du dossier a été effectué le 7 novembre dernier. En vue, une échéance à moins de 7 ans pour que les Alpes françaises puissent se préparer à accueillir "le monde entier", selon la formule consacrée.

Épreuves et structures sur les terres maralpines

Dans les Alpes-Maritimes, Nice doit accueillir un village olympique, le centre des médias et les sports de glace. Une patinoire devrait voir le jour dans la plaine du Var pour accueillir les épreuves de hockey, mais aussi le curling, le short-track et le patinage artistique.

Le maire de la commune, Christian Estrosi, s'est ravi sur les réseaux sociaux de la remise de cette candidature au CIO.

La cérémonie de clôture se tiendrait au sein de l'Allianz Riviera. Plus en altitude, Isola 2000 verrait sur son territoire évoluer les athlètes du snowboard cross, et du ski cross. La maire de la station de ski du Mercantour, Mylène Agnelli, se réjouit ce 8 novembre de cette opportunité. La localité se sent prête, nous a-t-elle confirmé. Deux projets immobiliers permettant de créer un peu plus de 1000 lits, avec notamment un hôtel 4 étoiles, sont dans les cartons. Deux permis de construire ont été déjà déposés.

Un collectif opposé

En opposition complète avec les plans du CNOSF, le collectif NO JO (pour non aux Jeux olympiques) vise clairement l'échéance de 2030. En slogan, il annonce "15 jours de fête, 15 ans de dettes" et aurait souhaité proposer un référendum local pour permettre aux habitants de voter en faveur ou en défaveur d'une telle candidature.

Juliette Chesnel-Le Roux fait partie de NO JO. Et pour elle, la candidature de 2030 n'est que de l'affichage : "Notre position, c'est que ces Jeux olympiques sont des Jeux de figuration, pour avoir un adversaire à la Suisse et à la Suède, il n'y a aucun suspense. On sait très bien que c'est la Suède qui va l'emporter."

Les jeux ne sont pas encore faits, mais la conseillère municipale de Nice et présidente des élus écologistes de la Métropole a, elle, un avis déjà bien tranché.

"Cela va coûter très cher aux contribuables de nos deux régions parce que les sociétés de consultants se font payer très cher pour monter ce genre de dossier" enchérit l'ingénieure de formation qui pointe aussi l'entrée en course tardive des deux régions françaises. Un projet qui reste pour elle "navrant".

Quand Nice avait monté le dossier en 2008 pour les Jeux d'hiver de 2018, cela avait coûté 500.000 euros, plus les publicités pour les bus, le tramway, etc. Ça ne coûte pas rien.

Juliette Chesnel-Le Roux, conseillère municipale de Nice et présidente des élus écologistes de la Métropole

La proposition de la construction d'une nouvelle patinoire dans la plaine du Var, à l'ouest de Nice, ne convainc pas non plus Juliette Chesnel-Le Roux : "Ce qui est terrible, c'est que la plaine du Var est le seul terrain plat de notre métropole, et c'est un terrain de jeux. Tout le monde veut y coller tous ses rêves [alors que] c'était une terre fertile".

La montagne, elle y gagne ?

Au lendemain du dépôt de candidature pour les Jeux olympiques et paralympiques de 2030, une association spécialisée dans la protection de la montagne reste coi, mais ne décolère pas.

Mountain Wilderness est reconnue d’utilité publique. Vincent Neirinck, qui la représente auprès du Comité de Massif des Alpes, trouve cette candidature "passéiste". Un exemple du "monde d'avant".

On nous promet des JO écolos, mais j'ai envie de dire, comme à chaque fois.

Vincent Neirinck, association Mountain Wilderness

Surtout, il affirme qu'aucun travail préparatoire n'a eu lieu en amont de cette annonce : "On n'a pas été associé avec ce Comité alors que c'est pourtant l'instance créée par la Loi Montagne pour travailler sur les enjeux stratégiques et les projets structurants sur les massifs de montagne en France."

Des Jeux "durables" et "sobres" pour le président du CNOSF

Pour David Lappartient, le président du Comité national olympique et sportif français, cette candidature pour les JO d'hiver 2030 suit de près le cahier de charge du CIO, le Comité international olympique.

Notamment sur le plan écologique. Et la candidature française de suivre "une complète réforme, révolution quasiment, du modèle olympique, dans un monde qui change, avec des Jeux qui sont, selon la norme du CIO [...] des Jeux durables, des Jeux qui prennent en compte l'ensemble des enjeux de transition."

Nous serons des Jeux sobres, économes, mais des Jeux où l'on célèbrera le sport, on célèbrera la nature et nos belles montagnes.

David Lappartient, président du Comité national olympique et sportif français

La crainte d'un drame écologique au Grand-Bornand, en Haute-Savoie, a rapidement pointé. Un exemple que n'a pas manqué de rappeler Vincent Neirinck.

L'an passé, une quantité pharaonique de neige avait été acheminée par camions pour la Coupe du monde de biathlon en décembre. Résultat : une piste verte, damée, dans un décor parfaitement verdoyant. En 2030, le site devrait aussi accueillir des épreuves olympiques.

Retour aux origines, celles de 1924

Pour l'historien Yvan Gastaut, de l'Université Côte d'Azur, cette candidature produit du sens. "Il y a une vocation territoriale. Depuis quelques décennies, la Côte d'Azur et la Région veulent exister à travers de grands évènements. Y compris sur le plan sportif" rappelle celui qui est aussi membre du conseil scientifique du musée national du Sport, basé à Nice.

Ce type de démarche a "vocation à valoriser les élus" et à "donner une image de la Région qui est celle de la montagne".

"Une terre de sport" qui pourrait raviver une "idée originale" et "s'inscrire dans une logique d'émulation que les Jeux de 2024 ont engendré".

Yvan Gastaut rappelle - dans l'ère contemporaine de l'Olympisme - que "le pays qui organisait les JO l'été pouvait être apte à organiser les JO d'hiver". Ce qui a été le cas en 1924. La France avait alors organisé deux olympiades sur deux saisons, à Paris et Chamonix.

Pour Pékin, l'écart était un peu plus distendu, rappelle-t-il, avec l'obtention en 2008 et 2022 de deux JO distincts. Difficile, mais pas impossible. 

"Les Jeux financent les Jeux"

Côté financement, le président du CNOSF annonce des Jeux vertueux sur le plan pécuniaire.

"Aujourd'hui, on sait que le CIO contribue à un petit peu moins de 45% du budget des Jeux olympiques. On a aussi aux alentours de 350 millions de billetterie, et on sait qu'il faut, en termes de partenariats privés, 500 à 600 millions, avec le merchandising et tout ce qui va avec. On pense que dans un pays comme le nôtre, c'est atteignable."

Le président du CNOSF prône le minimum de recours à l'argent public et que celui-ci soit "bien utilisé". Reste à savoir si le CIO partagera l'optimisme et l'enthousiasme des officiels français. Le budget prévisionnel de ces JO 2030 est de l'ordre d'1,5 milliard d'euros.

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