Au Centre hospitalier universitaire de Nice, une centaine de malades de diabète de type 1 bénéficient de pompes dites "en boucle fermée". Reliées à un logiciel d'IA, elles adaptent en permanence l'insuline délivrée à la glycémie du patient.
C'est le cas de figure le moins fréquent. Le diabète de type 1 ne concerne que 10% des patients diabétiques, mais c'est aussi le cas le plus contraignant : l'insuline, hormone qui sert à réguler le taux de sucre dans le sang, n'est plus produite par l'organisme, il faut donc l'injecter à la bonne dose et au bon moment pour contrer un risque d'hypoglycémie ou d'hyperglycémie dont les conséquences peuvent être graves.
Dans ce combat permanent, l'Intelligence Artificielle est aujourd'hui une aide précieuse pour les patients.
Au CHU de Nice, où 700 patients équipés d'une pompe à insuline sont suivis, ils sont une centaine à bénéficier d'une pompe nouvelle génération, dite "en boucle fermée".
"Ces pompes à insuline communiquent avec des capteurs qui mesurent la glycémie des patients, et sont équipées d'un logiciel d'Intelligence Artificielle capable de calculer et d'adapter la dose d'insuline que la pompe va injecter", nous explique le docteur Stéphanie Pallé-Defille, diabétologue.
Ces nouvelles pompes sont capables d'ajuster la dose d'insuline toutes les trois minutes sans que le patient n'intervienne.
Docteur Stéphanie Pallé-Defille, diabétologue au CHU de Nice
En plus de cette adaptation en temps réel, ces pompes nouvelle génération ont des capacités d'apprentissage, de "deep-learning", qui leur permettent au fil des semaines de mieux connaitre le profil du patient, ses variations de glycémie et sa réactivité personnelle à l'insuline.
"Certains modèles sont donc capables de prédire la glycémie à venir et la dose d'insuline qui sera nécessaire", ajoute le docteur Pallé-Defille.
Meilleurs résultats médicaux, meilleure qualité de vie
Et les avantages sont considérables, estime la diabétologue en ce 14 novembre, Journée mondiale du diabète. "Nous constatons bien moins de cas d'hypoglycémie, notamment la nuit", moment où surviennent le plus d'accidents pour les patients qui doivent mesurer eux-mêmes leur glycémie.
La qualité de vie des personnes s'en trouve nettement améliorée. "Avant, on demandait aux patients d'être actifs dans leur prise en charge, avec ces pompes les contraintes sont bien moindres, la charge mentale s'en trouve considérablement réduite".
Même si le patient doit continuer à calculer et à renseigner la quantité de glucides qu'il ingère au cours de ses repas pour que le logiciel adapte le "bonus-repas". C'est la seule contrainte qui persiste.
Et les bénéfices médicaux devraient également se mesurer à long terme.
C'est un réel bénéfice pour la santé publique, car on évite les complications du diabète à long terme, telles que la perte de la vue, ou les amputations.
Dr Stéphanie Pallé-Defille, diabétologue
Une centaine de patients équipés à Nice
Au CHU de Nice, plus gros "centre-pompe" des Alpes-Maritimes, une centaine de patients sur les 700 équipés d'une pompe bénéficient de ce système amélioré par l'IA. Une centaine seulement, pourrait-on penser, alors que les premières pompes sont sur le marché et remboursées par la Sécurité Sociale depuis environ deux ans. Car en réalité les indications sont pour l'instant restreintes :
"Pour la Sécurité Sociale, il faut un diabète de type 1 de grande instabilité glycémique ou avoir eu une hypoglycémie sévère durant l'année écoulée", précise le docteur Pallé-Defille.
Chaque cas de prise en charge est soumis à entente préalable de la part de l'Assurance Maladie et chaque patient qui souhaite en bénéficier doit suivre une formation pour apprendre à compter les glucides qu'il consomme lors des repas. "Ce comptage doit être particulièrement rigoureux".
Le CHU de Nice n'est pas le seul lieu capable de proposer ce type de technologie dans la région.
Tous les "centres-pompe" ou "centre initiateur du traitement par pompe" y ont accès, comme l'hôpital de la Fontonne à Antibes ou encore le centre hospitalier Princesse Grace à Monaco.
Mais ce qui n'est pas le cas des cabinets de diabétologie libéraux qui renverront les patients candidats vers ces centres spécialisés. Il existe aussi à Nice, une Maison du diabète qui accompagne les malades.