Le 19 septembre, Christian Estrosi se félicitait des très bons chiffres de la saison touristique à Nice. En cette journée mondiale du tourisme, on fait le point sur la situation à Nice qui n'enchante pas tout le monde.
Tourisme rime rarement avec écologie et sobriété. A Nice, cette industrie est en pleine expansion et si cela est une bonne nouvelle pour la municipalité, certaines voix s'élèvent pour alerter sur le surtourisme.
Le 19 septembre, le maire Christian Estrosi saluait sur Twitter un retour de fréquentation touristique dans sa ville. Les "niveaux record" de 2019, datant donc d'avant la crise sanitaire, ont été retrouvés cet été. "Depuis 2022, le département connait une hausse de + 14,18% par rapport à la même période en 2019", écrit le maire.
Priorité au tourisme de luxe
Le taux d'occupation des hôtels niçois s'est élevé à 87% cet été et plus de 7 millions de personnes, en majorité des étrangers, ont visité la métropole niçoise.
Ces chiffres vertigineux s'accompagnent de projets qui visent à pouvoir accueillir encore plus de touristes, particulièrement des clients hauts de gamme. Par exemple, l'hôtel de luxe le Plaza est en travaux depuis quatre ans. Son objectif : devenir un palace 5 étoiles.
Cette rénovation a un coût, bien entendu, et pas n'importe lequel. Ces travaux coûtent entre 40 et 60 millions d'euros ! C'est le coût pour devenir haut de gamme.
A l’horizon 2025, 3000 chambres d’hôtel haut de gamme seront proposées en plus sur Nice. Miser sur le segment du luxe est la priorité assumée par la municipalité.
"Une trajectoire mortifère" pour les écologistes
Mais au conseil municipal, cela n'enchante pas tout le monde. Hélène Granouillac, conseillère municipale écologiste, est révoltée face à cela.
On est dans un contexte de sobriété. On entend parler d'une extension de l'aéroport, on voit un tourisme d'affaire qui a des gros appétits, on voit un maire qui est en train de développer un tourisme 12 mois sur 12...
Hélène Granouillac
L'élue écologiste s'est élevé en conseil municipal pour prévenir que ce genre de tourisme n'était pas possible pour la nature : "Les écosystèmes, les espaces naturels, ont besoin de ralentir aussi. On ne va pas pouvoir tenir. Je pense qu'on est dans une trajectoire plutôt mortifère."
Même son de cloche du côté de David Nakache, président de l'association Tous Citoyens ! qui dénonce "un surtourisme écologiquement et socialement suicidaire" dans lequel Nice serait en train de basculer.
L'extension de l'aéroport de Nice devrait permettre d'accueillir 3 millions de visiteurs en plus chaque année. Ce projet a été examiné par le tribunal administratif de Marseille le 19 septembre. Depuis plusieurs années, plusieurs associations écologistes, dont celle de David Nakache, sont vent debout contre ce projet. Elles alertent sur l'augmentation de la pollution engendrée par une telle extension.
10 milliards d'euros de chiffre d'affaires
Pour Eric Abihssira, président de la fédération de l'hôtellerie-restauration et du tourisme de Nice Côte d'Azur, "mettre l'économie et l'environnement en opposition, ce n'est pas une bonne chose". "On est en concurrence avec une clientèle internationale et des spots planétaires comme Dubaï, Mykonos, Ibiza, Barcelone..., explique-t-il. Donc on doit toujours regarder devant nous et pas derrière." Il précise qu'une "démarche de tourisme durable" a été engagée sur les palaces qui sont en rénovation à Nice, comme le Plaza. Cela se traduit notamment par une économie d'énergie avec des éclairages LED.
Nous sommes tout à fait responsables et conscients de l'enjeu climatique. Nous veillons à rester dans une logique où on protège la planète.
Eric Abihssira
A l’échelle de la métropole, la filière du tourisme génèrerait 10 milliards d’euros de chiffre d'affaires chaque année.