Depuis plusieurs semaines, la polémique enfle autour des jets privés des milliardaires, trop pollueurs et pas assez taxés. L'aéroport de Nice Côte d'Azur est la 3e destination préférée des jets privés, après Londres et New-York. Tour d'horizon de la situation sur la riviera française.
Au mois de juillet, les six jets privés des grands groupes français (Bouygues, Bolloré, Artémis, Decaux et Arnault) ont effectué 53 vols et émis 520 tonnes de CO2 soit l'équivalant des émissions d'un Français moyen pendant... 52 ans.
Ce calcul a été effectué par le compte Twitter "I Fly Bernard", qui suit les déplacements des jets privés des milliardaires français et épingle leur consommation de CO2.
Depuis quelques semaines, alors que des épisodes climatiques alarmistes ne cessent de se répéter - canicule, sécheresse, incendies - la polémique enfle.
Au point que Clément Beaume, ministre des Transports, envisage de les réguler. "Je pense qu'on doit agir et réguler les vols en jet privé. Cela devient le symbole d'un effort à deux vitesses", a-t-il déclaré dans une interview au Parisien, samedi 20 août.
Sur la Côte d'Azur
Qu'en est-il sur la Côte d'Azur alors que Nice est la 3e destination la plus prisée par les propriétaires de jet privés ? Un classement établi en 2019 part la société PrivateFly.
43% des mouvements aériens (décollage ou atterrissage) à l'aéroport Nice-Côte d'Azur en 2021 ont été effectués par des jets privés, révèle l'aéroport dans son rapport d'activité. Aux aéroports de Cannes et Saint-Tropez, c'est quasiment...100% du trafic qui est effectué par des jets privés.
"Il n'y a presque pas d'aviation commerciale dans ces aéroports", confirme le responsable de la communication des Aéroports Nice-Côte d'Azur, qui gère les aéroports de Cannes-Mandelieu et Saint-Tropez La Mole.
Un chiffre considérable par rapport aux autres aéroports puisque 8% de tous les vols effectués en Europe sont des vols privés, révèle l'entreprise PrivateFly.
Colère des écologistes
Cette situation indigne Fabrice Decoupigny, élu Europe Ecologie les Verts à la Métropole de Nice : "un jet privé va transporter deux ou trois hyper-riches pour qu'ils aillent bronzer sur une plage privée... à un moment donné, il va falloir que les pollueurs paient", martèle-t-il.
Une injustice qui peut décourager les citoyens à faire des efforts, selon lui :
Aujourd'hui, on vous demande de faire attention au tri sélectif, à l'écoemballage mais à un moment donné, quand vous voyez la quantité d'eau et de carbone utilisée pour fabriquer un produit d'hyper-luxe, vous êtes découragés
Fabrice Decoupigny, élu EELV
Le ministre des Transports n'envisage pas d'interdire les jets privés. Plusieurs options, moins radicales, sont à l'étude, selon nos confrères de Franceinfo :
- de possibles engagements pris par les entreprises détenant ces avions privés
- ou des obligations de transparence.
- L'entourage du ministre évoque également auprès de France Télévisions des mesures à l'échelle européenne, comme le système de quotas carbone par exemple.
Fabrice Decoupigny, lui, voudrait aller plus loin : "à un moment il faudrait accorder un quota de pollution, vous avez droit à un nombre maximum de passages. Il y a plein de solutions, il faut arrêter de penser qu'on ne peut pas", insiste-t-il.
Le ministre des Transports mettra le dossier sur la table à la rentrée, quand l'exécutif discutera du "plan de sobriété" et en octobre, lors de la prochaine réunion des ministres des Transports européens.