Le parquet de Nice demande la mise en examen d’une magistrate pour ses possibles liens avec le milieu corse

Une ancienne juge d’instruction du tribunal d’Ajaccio (Corse), Hélène Gerhards, est notamment suspectée d’avoir entretenu des liens avec le banditisme. Le parquet de Nice demande sa mise en examen et son placement en détention provisoire.

Une ancienne juge d’instruction se serait-elle acoquinée avec le milieu corse ? Le procureur de Nice, Damien Martinelli, a annoncé dans un communiqué, ce vendredi 5 avril, avoir demandé la mise en examen et le placement en détention provisoire d’une magistrate, Hélène Gerhards, pour des faits possiblement commis entre 2008 et 2022.

Juge d’instruction en Corse-du-Sud de 2010 à 2016, Hélène Gerhards est suspectée d’avoir entretenu "une relation de proximité" avec Johann Carta, "un individu très défavorablement connu des services de police, au sujet notamment de travaux dans une villa" située près d'Ajaccio, précise le parquet de Nice.

Ce membre présumé du banditisme insulaire, présenté comme le "financier" de la bande du Petit Bar par Le Monde, a été mis en examen et écroué dans plusieurs enquêtes, notamment en décembre 2023 dans une enquête ouverte pour "escroquerie, extorsion de fonds et blanchiment d’argent en bande organisée" par la JIRS (Juridiction interrégionale spécialisée) de Marseille.

L’enquête, débutée en 2021, repose par ailleurs sur des interceptions téléphoniques attestant des liens noués entre la magistrate Hélène Gerhards et d’autres personnes connues des services de police, "une grande proximité faite notamment de services réciproques", estime le parquet de Nice.

Les investigations, confiées à l’office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), ont mis en évidence que l’ex-juge d’instruction "aurait pu, outre des conseils juridiques, rechercher et communiquer des informations concernant des procédures en cours ou des données issues de fichiers".

De possibles faux et usages de faux

La magistrate est enfin suspectée d’avoir usé de sa qualité de juge d’instruction pour ordonner de fausses expertises, "en désignant fictivement des proches afin d’obtenir indirectement et indument le versement de sommes" versées par la justice. L’enquête a relevé la possible implication de l’ex-conjoint d’Hélène Gerhards, le gendarme Jean-Marc R., qui aurait – selon Mediapart – reconnu pour partie les faits. 

Les policiers anti-corruption ont également noté la possible utilisation de "l’identité et des comptes bancaires de jeunes filles au pair présentes au domicile […] dans le cadre du détournement de fonds publics reposant sur ces faux".

Le montant global de ces détournements est estimé par le parquet de Nice à plus de 120 000 euros, une somme qui aurait pu être utilisée pour des opérations immobilières en Corse.

Fait rarissime, la magistrate a été interpellée et placée en garde à vue, mercredi 3 avril 2024, avant d’être déférée pour 20 chefs d’accusation – notamment corruption active et passive, association de malfaiteur et complicité de détournement de fonds publics.

Hélène Gerhards est actuellement en poste à la Cour d’Appel d’Agen. Ses avocats ont dénoncé, dans un communiqué transmis à l’AFP, des méthodes "aussi légalement injustifiées qu’inutilement violentes".  Cette enquête "semble initiée" par "un ancien supérieur hiérarchique" de la magistrate, avancent-ils, évoquant un possible "conflit d’intérêts".

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